Depuis une semaine, les lycéens se mobilisent par milliers contre la réforme du bac, la sélection à l’entrée de l’université et en soutien au mouvement des « gilets jaunes » contre la vie chère. Depuis une semaine, l’État y répond par une répression particulièrement violente.
Dans les lycées des quartiers populaires, nombreux à se mobiliser, la répression prend un tour plus violent et humiliant qu’ailleurs. Les images de ce qu’il faut bien appeler la rafle de Mantes-la-Jolie ont fait le tour du monde et ont provoqué, à juste titre, une large indignation. Près de 150 lycéens et collégiens (le plus jeune est âgé de 12 ans) agenouillés plusieurs heures dans la boue, certains, mains sur la tête, d’autres mains attachées dans le dos, entourés de policiers en armes dont certains filment et humilient. Voilà une photographie d’un État raciste qui entend gérer ses populations les plus reléguées, les plus discriminées, les plus indésirables, comme il gérait autrefois les populations colonisées de son empire. Or, l’école dans nos sociétés est censée former des jeunes en les préservant des violences extérieures, mais là la répression policière a voulu aussi « éduquer » les enseignants en utilisant des méthodes d’humiliation qui sont celles des pays les plus autoritaires… La répression policière n’a pas sa place dans l’enseignement ni à l’extérieur ni dans les établissements scolaires.
De nombreuses autres violences ont été rapportées : tir tendu de « flashball », gazage massif, arrestations, comparutions immédiates. À cela, il faut rajouter les insultes racistes et les coups qui pleuvent, du camion de police jusqu’au sein des commissariat, sur les jeunes arrêtés. Dans le 93, à Vénissieux, à Orléans ou encore à Rouen, les lycéens ont fait face aux escadrons de la BAC et des CRS, accusant les premiers coups du changement de dispositif de répression annoncé en prévision du samedi 8 décembre. Au total, on compte plus de 700 interpellations pour la seule journée du jeudi 6 décembre.
Alors qu’une manifestation lycéenne et étudiante est prévue aujourd’hui, mardi 11 décembre, à l’appel notamment du syndicat UNL, des lycéens de Saint-Denis ont déjà été interpellés et emmenés en commissariat.
L’UJFP condamne fermement la répression contre le mouvement lycéen, dont les revendications sont justes et légitimes. L’UJFP dénonce le traitement colonial des lycéens des quartiers populaires, qui ont fait l’objet d’une violence déchaînée et d’une humiliation raciste de la part des policiers. L’UJFP se solidarise avec les lycéens et collégiens, les parents d’élèves et le personnel enseignant, qui se mobilisent contre ces violences et appellent à une marche de protestation à Mantes-la-Jolie, mercredi 12 décembre à 14h30, en soutien aux 150 lycéens et collégiens raflés jeudi 6 décembre.
Le Bureau national de l’UJFP, le 11 décembre 2018