Abdel Fattah Abu Srour : « Je me condamne moi-même »

April 24, 2012 Dr. Abdelfattah Abusrour at Trinity Episcopal Church From Press Release: Beautiful Resistance: Al-Rowwad Cultural and Theatre Training Center, Bethlehem, founder to speak in Santa Barbara Dr. Abdelfattah Abusrour, founder and general manager of Al-Rowwad Cultural and Theatre Training Center in Bethlehem, Palestine will speak about the work he does with children and women in the Aida refugee camp. Focusing on drama, dance, song, photography and video, Al-Rowwad develops self-expression, openness and a sense of belonging in participants whose lives are heavily impacted by occupation. Dr. Abusrour, trained in the field of biology, has taught at Bethlehem University and worked in the pharmaceutical industry. He changed his focus from science to theatre and art, and has written and adapted plays for the stage. For his work, which he calls « Beautiful Resistance », he was the first Palestinian, in 2006, to be awarded an Ashoka Fellowship. He was also awarded a Synergos social Innovation fellowship in 2011. In addition to its work in Palestine, Al-Rowwad has toured internationally, providing an alternative to stereotypical views of Palestinian life. Sponsored by Unitarian Universalists for Justice in the Middle East (UUJME), and Jewish Voice for Peace – Santa Barbara (JVP-SB)

Un message d’Abdel Fattah Abu Srour, directeur du centre Al Rowwad dans le camp de réfugiés d’Aida (près de Bethléem)

Des journalistes des médias, des intervieweurs de télévision viennent nous voir en nous pointant du doigt et en posant cette question sans fin : condamnez-vous le terrorisme palestinien ? Condamnez-vous le Hamas ?

Occupons-nous donc de cela.

Je me condamne moi-même. Je condamne toute mon existence

Je condamne ma propre naissance dans un camp de réfugiés dans mon propre pays

Je condamne ma propre naissance d’être né Palestinien, alors que selon beaucoup, la Palestine n’existe pas

Je condamne mes parents, qui ont été déracinés de leurs villages détruits et m’ont fait naitre dans un camp de réfugiés

Je condamne ma propre vie : j’avais l’espoir et le rêve d’être un grand biologiste et chercheur qui sauverait des vies, un peintre étonnant et un merveilleux photographe, un acteur fantastique et un écrivain talentueux qui inspirerait le monde entier

Je ne suis pas vraiment devenu célèbre dans tout ce que j’avais fait. Je m’en veux de croire que les droits de l’homme nous incluent. Comment oserais-je penser que nous faisons partie de ces valeurs ?

Je m’accuse de croire au droit international et aux résolutions de l’ONU et que les peuples sous occupation ont le droit légitime de résister par TOUS LES MOYENS. Comment oserais-je considérer que nous sommes sous occupation ?

Je vous demande pardon. Je croyais qu’il était naturel de se tenir aux côtés des opprimés

Que puis-je dire… Je suis si ignorant

Ainsi

Monde !

Je suis vraiment désolé. Je ne me suis pas rendu compte que j’avais été induit en erreur et mal informé

Dois-je m’excuser ? Je m’excuse donc profondément

Monde !

Je m’excuse auprès de vous tous. Mes plus sincères excuses. Je me condamne parce que je suis qui je suis

Je m’excuse de ne pas avoir les cheveux blonds et les yeux bleus. Même si certains de mes cousins ont des cheveux blonds et des yeux verts ou bleus

Je m’excuse de ne pas pouvoir oublier que je suis toujours réfugié dans mon propre pays. Je condamne ma revendication obstinée de mon droit de retourner dans les villages détruits de mes parents. Comment oserais-je faire ça ? Comment tous ces réfugiés palestiniens obstinés osent-ils revendiquer ce droit au retour ?

Je condamne mes parents qui m’ont élevé en disant : « Si tu es consumé par la haine, tu perds ton humanité » Comment osent-ils ne pas m’apprendre à haïr ?

Je m’excuse de ne pas avoir trouvé comment coexister avec l’occupation, l’oppression, la déshumanisation et s’en réjouir ?

Avez-vous une formation particulière ? 

Je suis heureux, pour apprendre, de me joindre à vous…. Ou devrais-je tout simplement vous dire, non merci… Je passe

Nous n’oublierons pas… Nous nous souviendrons

Nous n’oublierons pas le silence, l’hypocrisie, le chantage

Nous n’oublierons pas ceux qui ont élevé la voix et défendu ce qui est juste et ce qui droit

Nous n’oublierons rien. Vous pouvez continuer à pousser au désespoir et nous continuerons à prospérer avec espoir

Vous pouvez continuer à promouvoir la mort tandis que nous continuerons à promouvoir la vie

Vous continuerez à faire de votre pire. 

Nous continuerons à faire de notre mieux

Abdelfattah  Abusrour, 

14 octobre 2023

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