Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur vient baptiser l’école de Saint-Beauzély du nom d’un policier tué dans l’attentat de Charlie Hebdo.
En attribuant à une école le nom d’un policier, fut-il méritant, c’est instiller dans la tête des enfants que la police est là uniquement pour nous protéger.
Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur en profite pour venir inaugurer une nouvelle plaque à la mémoire des familles juives de Millau qui ont été déportées (adultes et enfants) durant l’Occupation.
Bel exemple dans l’art du grand écart. Nous dénonçons cette attitude de détournement de mémoire à d’autres fins que celle de ne pas oublier.
Y aura-t-il une parole pour rappeler la responsabilité des forces de répression qui ont
prêtées main forte à l’occupant parfois avec zèle pour arrêter ces familles, enfants compris.
Police de Vichy, certes, mais dont on retrouvera les effectifs et notamment la haute
hiérarchie jusqu’au sein de la Ve République.
Dans ces institutions, à Millau, combien étaient-ils parmi les combattants de la liberté
qui s’opposaient à l’ordre établi. À notre connaissance il n’y eut ici que le gendarme Egron qui ait rejoint la Résistance. Aussi nous en profitons pour saluer son geste et sa mémoire.
L’ existence de cette plaque est importante afin que les victimes ne tombent pas dans l’oubli. Mais de cérémonies en commémorations, de sanctuaires en monuments aux morts, quelle leçon en est tirée à chaque fois. Cela a-t-il fait régresser les guerres et leur cortège d’horreurs ?
Si l’histoire est importante pour éclairer le présent, elle ne doit pas le masquer ou
le dévoyer. De même qu’on ne peut se servir de cette histoire pour couvrir la politique d’apartheid de l’État israélien et criminaliser ceux qui s’y opposent.
Certains juifs en Israël-même combattent ce régime et son gouvernement d’extrême droite qui chaque jour, tire sur des enfants ou les enlève à domicile et les torture.
En ce mois de mai 2016, 438 enfants palestiniens sont emprisonnés.
Ces juifs qui résistent, ces véritables “justes” d’aujourd’hui dont l’Histoire se souviendra disent : « Pas de crimes en notre nom ».
Quant à la politique actuelle de la France vis-à-vis des étrangers, comment le gouvernement auquel vous appartenez et le ministère que vous dirigez, Monsieur Cazeneuve, peuvent-ils renvoyer les migrants à leur misère ou dans leur pays en guerre sachant que c’est les livrer à des situations cruelles et pour certains à une issue mortelle.
C’est pour ces raisons que nous, militants associatifs, politiques, syndicalistes ou simples citoyens animés par un esprit d’humanisme, avons tenu à être présents ici-même pour affirmer que la mémoire de ces familles n’a pas à être récupérée à des fins partisanes ou de propagande.
Cette mémoire n’appartient pas en particulier plus à vous qu’à nous.
Cette mémoire appartient à l’Histoire commune.
Et pour terminer, pourquoi ne pas reprendre les termes de la grande résistante que fut Lucie Aubrac :« Résister se conjugue au présent ».