Compte rendu d’activité hebdomadaire de l’équipe d’Abu Amir – semaine du 17 au 23 octobre 2024, en dépit de toutes les difficultés auxquelles elle est confrontée

Programme d’éducation

La destruction des installations et infrastructures éducatives due à la guerre a privé des milliers d’enfants de possibilités d’éducation sûres et stables et leur développement scolaire et psychologique en est profondément affecté. Dans ces circonstances difficiles, l’éducation est un élément essentiel pour réaliser des progrès scolaires, mais aussi pour façonner l’identité palestinienne, renforcer la résilience et participer à la construction d’un avenir meilleur.

La reprise du processus éducatif dans ces circonstances est un défi majeur, car il nécessite des efforts intenses pour compenser la perte éducative et fournir un soutien psychosocial aux enfants. Le soutien psychologique n’est pas seulement un ajout, mais plutôt une nécessité fondamentale pour aider les enfants à se rétablir et à se réintégrer dans le milieu scolaire, réduire les pertes éducatives et renforcer la résilience des enfants face aux défis quotidiens imposés par la guerre.

Parmi les principaux défis qui entravent l’éducation à Gaza pendant la période de guerre, la destruction des écoles est l’un des plus grands obstacles, en plus du sentiment constant de peur et d’insécurité des enfants. En plus de cela, il y a une grave pénurie de manuels et de matériel éducatif, ce qui rend le processus éducatif extrêmement difficile. À la lumière de ces défis, il est urgent d’utiliser des méthodes d’éducation alternatives, telles que des classes temporaires qui peuvent être mises en place dans des centres communautaires, et même dans des tentes installées par des organisations humanitaires

Les centres éducatifs établis par l’UJFP à Mawasi, Khan Yunis et Deir al-Balah ont joué un rôle central dans l’éducation des enfants, dans les conditions difficiles imposées par la guerre. Ces centres sont considérés comme un refuge pour les enfants, leur permettant de poursuivre leur éducation et de développer leurs propres capacités. Ces centres se caractérisent par l’offre de programmes éducatifs flexibles et adaptés qui répondent aux besoins des enfants et les aident à retrouver progressivement leur quotidien éducatif.

Les activités proposées par ces centres varient pour inclure des aspects éducatifs, récréatifs, sociaux et psychologiques. Les activités éducatives couvrent des matières de base telles que l’arabe, les mathématiques, en plus des cours d’anglais. Les activités récréatives se concentrent sur le développement des compétences créatives des enfants par le biais de l’art et de l’artisanat, des jeux de groupe et des compétitions, qui contribuent à améliorer l’interaction sociale et à développer un esprit de coopération entre eux. Il existe également des activités récréatives telles que des chansons et des jeux corporels, qui aident à créer un environnement amusant et encourageant, à renforcer le désir des enfants de participer et à augmenter leur enthousiasme pour l’apprentissage.

Le soutien psychologique fait partie intégrante du programme éducatif. Ces ateliers contribuent à réduire les niveaux d’anxiété et de peur chez les enfants, et à renforcer leur sentiment de sécurité et de stabilité au sein des centres éducatifs. Ils contribuent également à améliorer la communication entre eux et leurs pairs et enseignants, ce qui contribue à établir des relations sociales saines et renforce leur confiance en soi.

Malgré les grands défis, les enfants ont montré un enthousiasme croissant à participer à ces programmes, surtout après avoir perdu une année scolaire entière à cause de la guerre. Les chansons et les chants préférés des enfants sont utilisés comme moyen de divertissement et de stimulation, les aidant à s’engager dans le processus éducatif avec un esprit positif. Au cours de ces activités, les enfants chantent les chants avec vivacité et bonheur, dans une atmosphère pleine de plaisir et de joie.

En plus des aspects académiques, les ateliers d’éducation temporaire contribuent à maintenir le quotidien éducatif des enfants, à assurer la continuité des apprentissages et des progrès scolaires même dans des circonstances instables. Ces ateliers améliorent également la santé mentale des enfants, en leur offrant un environnement favorable qui réduit leur niveau de stress et les aide à faire face aux événements difficiles qu’ils traversent.

L’éducation en temps de guerre exige des solutions innovantes et des efforts de collaboration de la part de la communauté et des organisations humanitaires pour assurer sa continuité et atténuer l’impact de la guerre sur les enfants. L’éducation est un droit fondamental pour les enfants, un moyen de développement personnel et social, et la clé pour construire une génération consciente et capable de faire face aux défis futurs. Continuer à fournir une éducation, même dans les circonstances les plus difficiles, renforce l’espoir d’un avenir meilleur pour les enfants de Gaza et constitue un pas important vers la stabilité et le développement durable de la société palestinienne.

Ateliers de soutien psychologique pour les femmes

Les ateliers de soutien psychologique visent à fournir un environnement sûr aux femmes, afin qu’elles puissent exprimer leurs sentiments et leurs expériences sans craindre le jugement ou la critique. Grâce à ces ateliers, les femmes ont l’occasion de faire face aux pressions psychologiques résultant de la guerre et du déplacement, et cela les aide à améliorer leur santé mentale et à surmonter les traumatismes auxquels elles ont été exposées. Fournir un soutien psychologique est crucial pour aider les femmes à développer leur résilience et à s’adapter aux situations difficiles.

Le programme de soutien psychologique pour les femmes mis en œuvre par l’UJFP est entré dans la troisième semaine du sixième mois, où 4 séances de soutien psychologique ont été organisées dans les camps des Amis et d’Al-Baraka. Les séances ont été suivies par 49 femmes, venues échapper aux pressions et à la répression dont elles souffrent, dans l’espoir de trouver des moments de réconfort dans un environnement sûr plein de plaisir et de bonheur, même pour quelques minutes. Des activités de sensibilisation ont été menées sur des sujets d’intérêt pour les femmes, tels que la gestion des crises et la prise de décisions décisives pour améliorer la situation de la famille.

Au cours des sessions, l’accent a été mis sur le rôle des femmes dans le soutien à l’éducation de leurs enfants dans les camps d’hébergement, à la lumière de l’impact négatif du déplacement sur la continuité de l’éducation. Le déplacement pousse les enfants à abandonner l’école en raison de leur destruction ou de leur éloignement, ce qui rend le rôle des mères plus important pour assurer la continuité de l’éducation à la maison. L’animatrice a expliqué aux femmes que l’éducation est un facteur crucial pour soutenir la stabilité psychologique et sociale des enfants, et que les mères peuvent créer un environnement éducatif positif même dans des circonstances difficiles.

Parmi les activités proposées aux femmes au cours des sessions, il y avait des exercices stimulants, qui visaient à renforcer l’enthousiasme et l’activité des participantes, pour réduire les tensions collectivement. L’animatrice a ensuite commencé à expliquer comment les mères peuvent soutenir l’éducation de leurs enfants à l’intérieur des camps, et a présenté des stratégies pratiques, telles que l’éducation par la vie quotidienne, l’interaction et la participation avec les enfants, et la communication avec les enseignants ou les centres éducatifs, qui contribuent au suivi des progrès éducatifs de l’enfant.

L’histoire d’Um Ahmed, une mère de cinq enfants qui a perdu sa maison à cause des bombardements et a été forcée de déménager dans un refuge, est un exemple des difficultés rencontrées par les mères. Malgré les circonstances difficiles, elle a consacré chaque jour du temps à ses enfants pour réviser les leçons et utiliser le matériel pédagogique disponible, et elle a également communiqué avec les enseignants par téléphone pour recevoir des conseils.

Un autre exemple est celui d’une femme nommée Salma, qui a formé un groupe de mères dans le camp pour enseigner collectivement aux enfants, pour aider les enfants à continuer à apprendre de façon plus informelle.

Le programme s’est ensuite déplacé vers un autre axe important, la violence fondée sur le sexe. Cela a coïncidé avec la campagne de lutte contre la violence à l’égard des femmes, où l’accent a été mis sur la sensibilisation des femmes au concept de violence, à ses formes et à la manière d’y faire face. Des informations ont été fournies sur la manière dont les femmes peuvent se protéger contre la violence, et elles ont reçu les connaissances nécessaires pour accéder à un soutien psychologique et juridique en cas de violence. L’animateur a également discuté des raisons qui augmentent le risque de violence à l’égard des femmes pendant les déplacements et les crises, notamment la détérioration des conditions de sécurité, l’isolement et l’instabilité, qui rendent les femmes plus vulnérables.

Les femmes ont raconté des histoires douloureuses sur leurs expériences de violence. Par exemple, Umm Sarah, mère de trois enfants, a été soumise à des violences physiques répétées de la part de son mari après son déplacement en raison des pressions psychologiques subies par la famille. Quant à Laïla, une jeune femme déplacée, elle a été victime de harcèlement verbal et de violences psychologiques pendant son séjour dans le camp, sans connaître ses droits ni comment se protéger. Ces histoires reflètent l’ampleur des défis auxquels les femmes déplacées sont confrontées dans leur vie quotidienne.

À la fin de la session, les femmes ont exprimé leurs remerciements à l’animatrice et au médecin pour les précieuses informations fournies, soulignant l’importance de ces ateliers pour améliorer leur état psychologique et les sensibiliser à leurs droits et à la manière de se protéger et de protéger leurs enfants dans des conditions difficiles. Les participantes ont souligné la nécessité de poursuivre ces efforts pour soutenir les femmes et d’offrir davantage d’ateliers d’éducation et de sensibilisation qui contribuent à renforcer leur capacité d’adaptation et de persévérance.

Les ateliers de soutien psychosocial de l’UJFP se distinguent comme un élément essentiel pour les femmes de Gaza, en leur fournissant le soutien nécessaire pour surmonter les défis psychologiques et sociaux et en renforçant leur sentiment de sécurité et d’appartenance. Ces initiatives aident les femmes à renforcer leurs capacités de leadership et à renforcer leur rôle dans la famille et la communauté, contribuant ainsi à l’autonomisation personnelle et sociale des femmes déplacées et leur ouvrant des horizons plus larges pour surmonter les crises et avancer vers un avenir plus sûr et plus stable. »

(Voir aussi les chroniques postées par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s sur les sites d’AlterMidi et ISM France)

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