Le CCIE a été ciblé hier, mardi 13 mai 2025, par des perquisitions et gardes à vue impliquant notamment ses membres fondateurs. Nous dénonçons avec la plus grande fermeté ces mesures, qui relèvent d’une tentative d’intimidation manifeste. Nous rappelons à toutes fins utiles que le CCIE est une association européenne basée à Bruxelles, et n’est pas l’ex-CCIF.
Le moment choisi pour mener ces perquisitions et gardes à vue n’a rien d’anodin. Ces opérations surviennent alors que la sidération causée par le meurtre d’Aboubakar Cissé est encore vive. Deux jours seulement après les rassemblements organisés contre la haine islamophobe en France, qui ont vu des milliers de personnes exprimer leur inquiétude dans le calme et la dignité, le signal envoyé est glaçant. Alors que l’Europe est confrontée à une montée inquiétante de la violence islamophobe, les autorités françaises choisissent de cibler non pas les discours de haine, mais celles et ceux qui, depuis des années, s’efforcent de documenter cette haine et d’y résister par des moyens pacifiques et démocratiques.
Ces perquisitions ne sont justifiées par aucun fait grave et aucune menace imminente, leur fonction est clairement politique. Elles visent à délégitimer un travail de terrain et un engagement auprès des victimes, à installer un climat de peur autour des initiatives qui dénoncent l’islamophobie. Il s’agit de faire pression, de disqualifier, de faire passer le militantisme antiraciste pour une menace. L’outil policier est alors mobilisé pour entraver des formes d’expression pourtant garanties par les principes fondamentaux du droit.
Depuis sa création, notre collectif documente les discriminations et violences subies par les musulman·e·s en Europe. Nous accompagnons des victimes, produisons des analyses, alertons les institutions. Ce travail, reconnu et relayé dans de nombreux espaces, dérange parce qu’il met en lumière ce que certains tentent d’invisibiliser : l’ancrage structurel de l’islamophobie dans les politiques publiques et les discours médiatiques dominants et leurs conséquences dramatiques qu’il peut avoir pour les musulmanes et musulmans d’Europe.
Il est urgent de défendre les libertés associatives et la possibilité, pour tous, de prendre part au débat public sans craindre la stigmatisation ou la répression. Ce qui est visé aujourd’hui, c’est la légitimité même d’une parole critique. Nous appelons donc à la solidarité et au refus de toute normalisation de ces pratiques.