Le Consistoire israélite du Bas-Rhin organise le 25 avril une « soirée israélienne » à l’occasion de la célébration de « l’indépendance » d’Israël et du « Jour mémorial pour les personnes mortes pour Israël ou tuées parce qu’israéliennes ou juives depuis la proclamation de l’État d’Israël ».
Alors que l’armée israélienne et les colons ont assassiné en 2022 plus de 230 Palestinien.ne.s, que plus d’une centaine l’ont été depuis le début 2023 ; que les destructions de maisons – voire de villages entiers – se multiplient à un rythme effréné, avec leur lot de malheurs et d’expulsions ; que l’Etat d’Israël a été qualifié d’Etat d’Apartheid par toutes les grandes organisations des droits de l’Homme, y compris israéliennes ; et que, cerise sur le gâteau, le nouveau régime d’extrême droite avec sa politique raciste et fasciste affiche clairement sa volonté d’amplifier le nettoyage ethnique des Palestiniens.
Déjà en 2018, Zeev Sternhell, historien juif israélien mondialement connu et apprécié, écrivait dans le journal Le Monde : « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts ». Sur cette lancée prémonitoire, le ministre des Finances Bezalel Smotrich déclarait, après l’attaque de 400 colons israéliens contre le village de Huwara « Je pense que le village de Huwara devrait être anéanti, mais je pense que c’est à l’Etat d’Israël de le faire ».
Pourtant, de nombreux Israéliens, conscients que la lutte pour les valeurs de la démocratie, qui a jeté dans la rue des centaines de milliers de citoyens israéliens, doit être combinée avec la lutte pour la fin de l’occupation, et manifestent ces jours-ci avec le slogan « Pas de démocratie avec occupation ».
Est-ce donc bien le rôle d’une institution religieuse d’organiser une soirée politique telle que celle-ci – tout particulièrement dans les circonstances actuelles ? Alors que l’occupation qui dure depuis plus de 70 ans et les crimes contre l’humanité commis par l’Etat d’Israël suscitent la colère dans le monde entier, l’entretien de la confusion entre l’appartenance religieuse – le judaïsme – et l’Etat d’Israël ne peut que favoriser le développement de l’antisémitisme, contre lequel le Consistoire prétend pourtant lutter.
Nous nous nous élevons contre cette manifestation de soutien d’un pouvoir raciste, ethniciste et colonial.
Pas de crimes en notre nom !
Union Juive Française pour la Paix – Alsace
Strasbourg, le 24 avril 2023