Citoyens israéliens, nous appelons à une pression internationale pour qu’Israël cesse le massacre

Rescue workers use a bulldozer to remove rubble of destroyed buildings hit by Israeli airstrikes in Qana village, south Lebanon, Wednesday, Oct. 16, 2024. (AP Photo/Mohammed Zaatari)

Photo : dans le village de Qana, au sud Liban, après les frappes aériennes israéliennes, le 16 octobre 2024. (Mohammad Zaatari/AP)

Plus de 1 000 Israéliens ou Franco-Israéliens, dont des universitaires et des artistes, appellent la communauté internationale à appliquer contre l’Etat hébreu toute sanction possible afin d’obtenir un cessez-le-feu immédiat.

Tribune publiée sur le site du journal Libération le 18 octobre 2024

Nous, citoyennes et citoyens israéliens, résidant en Israël et ailleurs, appelons la communauté internationale – l’Organisation des Nations unies et ses institutions, les Etats-Unis, l’Union européenne, la Ligue arabe, ainsi que tous les pays du monde – à intervenir immédiatement en appliquant contre Israël toute sanction possible afin d’obtenir un cessez-le-feu immédiat entre Israël et ses voisins. Et cela, pour l’avenir des peuples vivant en Israël Palestine et dans la région, et afin de garantir leur droit à la sécurité et à la vie. Mercredi, le chef du Hamas, Yahya Sinwar, a été tué par l’armée israélienne. Or, on craint que cette mort, qui a été annoncée comme la fin de l’offensive israélienne, ne soit qu’une étape de ce chemin meurtrier vers l’abîme.

Bon nombre d’entre nous sont des militants de longue date œuvrant contre l’occupation et pour la paix et une existence commune. Animés par l’amour de notre pays et de ses habitants, nous sommes extrêmement inquiets aujourd’hui. Nous avons été horrifiés des crimes de guerre perpétrés par le Hamas et ses complices le 7 octobre, et nous sommes épouvantés des innombrables crimes de guerre commis par Israël. Hélas, la majorité des Israéliens soutient la poursuite de la guerre. Ainsi, un changement venant de l’intérieur semble, à l’heure actuelle, impossible. L’Etat d’Israël se trouve engagé dans une trajectoire suicidaire et dans une entreprise de destruction d’autrui qui ne cesse de s’intensifier avec chaque jour qui passe.

Le gouvernement israélien a abandonné ses citoyens tenus en otages (et les a parfois tués) ; il a délaissé les habitants du sud et du nord d’Israël, et, par ses actions, il sacrifie l’avenir de ses propres citoyens. Les Palestiniens citoyens d’Israël sont persécutés et réduits au silence tant par le pouvoir que par l’opinion publique majoritaire. L’oppression, l’intimidation et la persécution politique empêchent de nombreux citoyens qui partagent notre avis à s’engager publiquement en signant cet appel.

L’horizon d’un règlement de conflit – de réconciliation, d’un avenir où des Juifs-Israéliens pourront vivre en sécurité dans cet espace – s’éloigne à mesure que la guerre continue. Cependant, la destruction et le massacre doivent s’arrêter immédiatement !

L’absence de pression internationale effective, la poursuite de l’approvisionnement d’Israël en armes, le maintien des accords de coopérations économiques, sécuritaires, scientifiques et culturelles réconfortent beaucoup d’Israéliens dans l’idée que la politique menée par leur gouvernement bénéficie d’un soutien international. De nombreux chefs d’Etats s’indignent et condamnent Israël, mais ces déclarations ne sont pas suivies d’effet. Nous en avons assez des mots creux.

Pour notre avenir et pour l’avenir de tous les habitants d’Israël et de Palestine et des pays de la région, nous vous implorons : sauvez-nous de nous-mêmes ! Exercez une vraie pression internationale sur Israël pour un cessez-le-feu immédiat et durable.

Premiers signataires :

Yael Lerer Franco-Israélienne, éditrice et traductrice, ex-candidate NFP 8e circonscription de Français hors de France 
Anat Matar Philosophe, Université de Tel-AvivRon Naiweld Franco-Israélien, historien du judaïsme, CNRS 
Yoav Shemer-Kunz Franco-Israélien, politologue, université de Strasbourg 
Yael Berda Sociologue, professeure à l’université hébraïque de Jérusalem 
Smadar Ben-Natan Juriste et chercheuse spécialisée en droits humains, université de l’Oregon 
Oded Goldreich Lauréat du Prix d’Israël, chercheur en informatique théorique, professeur à l’Institut Weizmann 
Aliza Shenhar Professeure émérite, ancienne ambassadrice d’Israël en Russie, ancienne présidente de Yezreel Valley College
Amos Goldberg Spécialiste de l’Holocauste, professeur d’histoire juive et du monde juif contemporain, université hébraïque de Jérusalem 
Menachem Klein Professeur de sciences politiques à l’université de Bar-Ilan 
Yagil Levy Sociologue, spécialiste des questions militaires, professeur à l’Open University d’Israël 
Shmuel Lederman Spécialiste des études du génocide et de la théorie politique, enseignant à l’Université de Haïfa 
Neve Gordon Juriste et politologue, professeur à l’université Queen- Mary à Londres 
Idan Landau Professeur de linguistique à l’université Ben-Gourion du Néguev 
Michal Ben-Naftali Auteur de «Ne vois-tu pas que je brûle?» (2024), Actes Sud 
Miriam Eliav-Feldon Historienne, professeure émérite, université de Tel-Aviv 
Achinoam Nini (Noa), chanteuse 
Rabbi Dubi Avigur Rakefet, Rabbis for Human Rights 
Michael Ben-Yair Ancien procureur général d’Israël 
Ayala Metzger L’une des principales figures des protestations des familles des otages.

La liste complète des signataires.


NDLR : voir aussi sur ce sujet cette vidéo de TV5 Monde

Tous les dossiers