Chroniques de Gaza (2)

Mardi 24 mai

Suite de l’exposé de Mohamed al Bakri (UAWC)

Après la guerre de 2014, L’UAWC a aidé les gens à retourner à la terre afin qu’ils puissent produire et qu’il y ait le moins d’importations possibles (même si les serres qu’on a installées sont australiennes).

Pour les fraises, on arrive parfois à les exporter. vers la Cisjordanie et même la Russie.

Il y a 13 usines à Gaza. Malgré les destructions, elles ont été reconstruites après la guerre.

L’UAWC développe les liens entre les éleveurs et les transformateurs (yaourts). Il y a 4000 vaches et 65000 moutons à Gaza. Tout est fait pour améliorer la qualité du lait. Les chips de Gaza sont fabriqués à partir de pommes de terre locales. L’UAWC introduit dans l’agriculture des nouvelles technologies. Pour les éleveurs, il y a 4 cliniques vétérinaires.

Il y a 13 coopératives agricoles. La volonté est d’avoir une économie de proximité pour limiter les importations et ne pas être mendiant ou assisté. L’UAWC tisse des liens entre producteurs et consommateurs.

Elle introduit l’énergie solaire à Gaza avec déjà 50 fermes équipées de panneaux venus d’Espagne.

Les principaux projets concernent l’eau : la pomper, améliorer l’adduction, l’économiser.

Pendant la guerre, 9000 dunums (= 9 Km2) de terre ont été détruits à Beit Hanoun. On a replanté mais pas encore sur toute la superficie détruite.

Mohamed insiste sur le fait que Gaza ne demande pas la charité et ne veut pas être dépendant. « Nous avons l’espoir, nous voulons rester chez nous ».

Pour les pêcheurs, on a reconstruit en priorité les bâtiments où ils stockent le matériel. Il est symptomatique qu’Israël interdit l’importation du matériel nécessaire pour la pêche comme pour l’agriculture. Ils souhaitent que Gaza soit un territoire d’assistés.

On arrive aux attentes vis-à-vis de la solidarité internationale. Mohamed précise que l’UAWC ne s’occupe pas du niveau de politique politicienne.

Avant tout, expliquer aux Européens ce qui est arrivé aux Palestiniens. Ne pas se laisser bâillonner. Poser sans arrêt la question : « où est la loi internationale pour le blocus de Gaza ? »

Bien sûr, les Israéliens ont classé l’UAWC comme organisation terroriste et ont fait pression sur les associations qui l’aident. Sauf dans un cas (l’Australie), ça n’a pas marché.

La solidarité doit aussi s’exprimer sous forme concrète (une aide internationale). Une aide est traditionnellement distribuée aux chômeurs les plus démunis à l’occasion du Ramadan (qui commence le 6 juin).

Et puis la solidarité doit aider à nouer de nouveaux contacts pour permettre de transformer les technologies. Gaza a un très grave problème de manque de terre à cause de la pression démographique. En quelques années, la superficie cultivée est passée de 130000 dunums (un peu plus du tiers du territoire) à 73000 (un cinquième). A cette perte de terres s’ajoute les premiers effets du changement climatique.

Mohamed pense que la solidarité internationale doit s’adresser aux partis politiques pour qu’ils fassent pression. Il donne l’exemple de l’Espagne quand le gouvernement a voté à l’ONU contre la création d’un Etat palestinien.

La discussion vient sur la situation politique à Gaza. A la division s’ajoute l’absence de gouvernance : le gouvernement du Hamas a son secteur, Ramallah paie l’autre partie des fonctionnaires et une très large partie de la société reste en dehors de toute action publique et survit avec l’auto-organisation ou les ONG.

Il évoque une promesse d’aide américaine de 100 millions de dollars en précisant que dans les circonstances actuelles, cet argent n’ira pas là où il est nécessaire.

Il parle de l’UNRWA qui permet aux réfugiés de survivre.

Il explique l’échec des tentatives de gouvernement d’Union Nationale. Israël n’en voulait à aucun prix parce que l’éclatement de la Palestine est leur politique fondamentale et toutes les pressions ont eu lieu pour que cette tentative échoue.
La discussion se termine sur les accords Sykes-Picot il y a exactement un siècle qui continuent de ravager le Proche-Orient.


NDLR :
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