Chronique lyonnaise : petits riens où il est question de rats

Il n’y a pas de semaine où la bonne ville de Lyon, dont on nous dit par ailleurs combien il fait bon vivre, est le théâtre de dérives racistes dont nous nous sommes déjà fait l’écho.

La dernière en date concerne ce qu’il est maintenant convenu de considérer comme banal: l’expulsion de Roms d’un terrain situé sur la commune de Vaulx en Velin, ses conséquences.

Je ne veux pas parler de celles subies par ces malheureux.
Ce serait de mauvais goût que de s’inquiéter de leur sort une fois chassés des bidonvilles qu’ils occupent.

Depuis la seconde guerre mondiale nous savons que ces populations européennes et les Juifs, tout autant européens, avaient été classées comme étant des « races » inférieures, nuisibles, nous savons le sort qui leur a été réservé par les nazis. Par Vichy dans une moindre mesure.

Les Juifs, comme les Tsiganes, ont payé le prix fort. Depuis, nous avons récupéré notre humanité. Mieux, nous sommes devenus partie constitutive de l’Occident « judéo-chrétien », une nouveauté dont nous pourrions aisément nous passer, destinée à nous intégrer au prétendu « choc des civilisations », nous rendre complices de la nouvelle croisade de l’Occident contre l’Islam.

Les Roms et les Tsiganes eux, restent aujourd’hui encore au banc de la Société. Un peuple en trop très exactement, dont le sénateur maire de la ville disait ce matin sur une radio d’ Etat qu’il serait composé 10 millions de personnes. Un véritable problème pour les édiles en charge de notre sécurité si ces dix millions de personnes déferlaient sur l’Europe civilisée, dans nos villes: à Guérande, à Cholet, à Lyon dont le sénateur-maire – président du Grand Lyon – est membre du parti socialiste.

Vendredi 6 septembre dernier, le Progrès faisait sa une avec un titre racoleur intitulé :

Vaulx en Velin : les rats de l’ancien camp de Roms prolifèrent

En page intérieure [<*>[Lire aussi l’article sur le site web du journal]] la journaliste écrivait : le camp de Roms a été évacué fin août, les rats sont restés et se comptent par milliers. Elle en comptabilise 15,000 très exactement qui, maintenant privés des détritus produits par les occupants aujourd’hui chassés – et jamais enlevés par les services de la voirie locale – suscitent la peur des riverains qui craignent qu’ils s’attaquent à leurs toutous. Craintes légitimes que s’empresse de nous décrire avec maints détails et beaucoup d’attention la journaliste auteure de ce torchon.
Nous ne savons pas combien d’hommes, de femmes et d’enfants occupaient ce bidonville, mais leurs détritus ( terme également employé ce matin par le sénateur maire à la radio nationale toujours à propos de ces malheureux, pas leurs ordures ménagères, des sous hommes ne produisent pas d’ordures ménagères ), leurs détritus donc attirent 15,000 rats.

Les nazis avaient la hantise des poux, nous connaissons la radicalité des méthodes employées pour lutter contre ces parasites.
Aujourd’hui, notre société s’est à nouveau civilisée, reste tout autant raciste, toujours prête à diaboliser l’Autre. Un jour ce sont les arabes, un autre jour les Roms.

Associer l’image du Roms à celle du rat est un pas en avant dans la déshumanisation de l’Homme, avoir de l’empathie pour la race canine plus que pour la race humaine relève d’une dérive que nous pensions à jamais révolue.

Le Progrès le fait, il se place résolument dans l’air du temps, dans cet air fétide qui se développe à Lyon comme dans de multiples villes en France.

« le ventre est fécond…. ».

Georges Gumpel

le 11 septembre 2013.