Ces Marseillais de culture juive qui ne partiront pas

Extrait d’un article de Léo Purguette paru dans le journal « La Marseillaise » du lundi 19 janvier 2015

« S’il y a bien un pays où les juifs sont en insécurité c’est Israël »

Pierre Stambul, militant marseillais de l’Union juive française pour la Paix (UJFP), représente la frange des juifs de France la plus radicalement en désaccord avec la politique menée en Israël.

Vous vous êtes élevé contre les déclarations de Benyamin Nétanyahou et sa présence à la manifestation parisienne. Pourquoi ?

Après l’acte terroriste ignoble et antisémite commis au supermarché cacher de la Porte de Vincennes, j’ai été choqué par son appel à quitter la France pour Israël. Il ne combat pas l’antisémitisme mais s’en nourrit pour renforcer son projet colonial. Sa présence aux côtés de Naftali Bennett et Avigdor Liberman est également choquante dans une manifestation pour la défense de la liberté et pour la paix après les 2400 morts à Gaza. Tout ce qu’ils incarnent va à l’encontre de la tradition du judaïsme français et de sa longue histoire de participation des juifs aux luttes pour la liberté, l’égalité des droits et la citoyenneté depuis l’Abbé Grégoire jusqu’à la résistance au nazisme en passant par l’affaire Dreyfus.

N’est-il pas légitime de rechercher la sécurité lorsque l’on se sent menacé ?

S’il y a bien un pays où les juifs sont en insécurité, c’est Israël. Il en sera ainsi tant que cet État niera les droits fondamentaux des Palestiniens. Je refuse la propagande selon laquelle les juifs de France seraient à la veille d’une nouvelle nuit de Cristal. C’est une folie. Les actes antisémites existent et progressent. Oui il y a des monstres en France. Les actes racistes et islamophobes sont aussi à un niveau élevé. La solution ce n’est pas le repli et la peur, c’est la mobilisation de la société française dans toutes ses composantes contre la haine.

Comment combattre l’antisémitisme et les tentations d’affrontements identitaires ?

Il faut recoudre le tissu social. L’UJFP a toujours eu des liens très forts avec les centres sociaux des quartiers Nord. Ils sont aujourd’hui étranglés par le manque de financements. C’est très grave pour le vivre ensemble qui mérite moins de discours et plus d’engagement.

Propos Recueillis par L.P.

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