Cérémonie des JO :  un washing polychrome géant pour mettre en scène Macron comme rempart à l’extrême droite

L’essentiel avec la cérémonie d’ouverture des JO, c’est que Macron en ressort en donnant l’impression qu’il y a une énorme distance entre lui et l’extrême droite à peu de frais, uniquement par de la représentation, sans aucune politique concrète qui y réponde.

Les “larmes de fachos”, dont on se réjouit à gauche, c’est la mise en scène de Macron comme rempart à l’extrême droite et de l’extrême droite comme alternative à Macron. C’est le jeu des deux de grossir cette opposition, pour s’exposer comme (la seule) alternative à l’autre. Que toute une partie de l’extrême droite européenne et étatsunienne voit dans ce show une cérémonie sataniste, qui serait le produit de la domination juive mondiale, ne fait que confirmer l’ampleur de la propagation du complotisme antisémite. Que l’extrême droite et la droite extrême voient dans la mise en scène de non Blanch-es, de queers, de figures de gauche, une attaque contre “la civilisation” confirme que la défense ouverte de l’ordre racial, patriarcal et capitaliste est leur priorité. 

Les minorités politiques, cantonnées au rôle de bouffon·nes du roi, sont jetées en pâture d’un débat politique polarisé par l’extrême droite sans réelle défense derrière par le pouvoir, sans politique concrète pour leur droit à l’existence et à l’égalité. Tout washing est une instrumentalisation des minorités qui les met en danger. Là, on a eu un washing polychrome géant : Aya Nakamura associée à la Garde Républicaine pour exonérer les forces de l’ordre de leur racisme institutionnel ; des shows animés par des personnes LGBTQI+ alors que Macron les jetait sous le bus quelques semaines plus tôt ; des figures révolutionnaires comme Louise Michel iconisées en même temps qu’elles sont rendues inoffensives pour l’ordre dominant, etc.

Ne vous fâchez donc pas entre vous, que vous ayez apprécié le spectacle ou non, en raison du contexte politique ou pour d’autres raisons. On peut avoir aimé le show sans être dupe de rien, on peut condamner politiquement cette opération entière sans dénigrer les personnes qui ont passé un bon moment. Surtout, ce qu’on en pense à gauche n’a aucune importance. Cela ne s’adresse pas à nous, sinon à cette « gauche » qui déjà est prête à sacrifier l’antiracisme, les LGBTQI+ et l’opposition aux politiques néolibérales pour faire un gouvernement avec la droite. La manœuvre vise et réussit à provoquer des réactions outrées de l’extrême droite, et elle cherche à donner un vernis progressiste à Macron aux yeux de la bourgeoisie, qui peut l’accepter en toute quiétude car elle sait que cela n’aura aucun effet sur les politiques mises en œuvre.

En attendant, l’Etat d’Israël poursuit sa guerre génocidaire en Palestine occupée, avec la bénédiction de Macron qui reçoit très chaleureusement à l’occasion des JO le président Herzog, qui a déclaré qu’il n’y a pas de civil innocent à Gaza et qu’il faut leur briser la colonne vertébrale, ce que la Cour Internationale de Justice a retenu comme preuve d’un risque de génocide.
En attendant, les politiques qui empruntent chaque jour un peu plus à l’extrême droite se déploient. Ainsi, à la faveur de la situation confuse issue des dernières législatives, le gouvernement en a profité pour “publier au cœur de l’été une dizaine de décrets d’application de la loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » qui vise à rendre impossible la vie des personnes étrangères.” Et la gauche ne construit toujours pas l’affrontement.