Nous approchons de l’anniversaire de la Rafle du Vél’ d’hiv ‘, les 16 et 17 juillet 1942. A l’UJFP (Union juive française pour la paix), si nous nous souvenons de l’horreur de la déportation des nôtres, nous n’oublions pas que cette conscience doit s’appliquer à la lutte contre le racisme du temps présent.
Le 2 juillet 1942, le SS Carl Oberg et le flic français René Bousquet se rencontraient et mettaient au point la participation active, primordiale, de la police française à la rafle qui se préparait.
Seule exception demandée par le Maréchal, c’est que seuls les Juifs étrangers seraient concernés, directive qui ne s’appliqua pas en réalité aux enfants juifs nés en France que le droit du sol aurait dû épargner mais qui furent eux aussi livrés aux Allemands. Ce fut le cas, en septembre, de ma petite tante de 13 ans, Miryam (Mireille), assassinée à Auschwitz quelques jours après son arrestation par les flics des RG, dans une rafle des Juifs roumains.
Il a été assez dit que le fascisme d’un Zemmour avait gagné une partie de la bataille culturelle dans notre pays. Le « grand remplacement » de Renaud Camus est passé du statut d’élucubration d’un dingue à celui de concept à peine sulfureux, utilisé quotidiennement dans les médias. Les guillemets qui accompagnaient l’expression dans les débuts commencent à disparaître.
Ce que révèle la cagnotte en faveur du flic qui a assassiné Nahel comme le communiqué à tendance putschiste de l’UNSA police et du syndicat Alliance, c’est que les policiers devenus fous furieux – « les petits bourgeois devenus fous furieux » est une définition classique du fascisme – contre la jeunesse racisée des quartiers populaires, sont prêts à passer à l’étape supérieur : ils sont « en guerre » selon leurs propres termes.
Ce n’est plus contre les « judéo-bolchéviques » que la police se mobilise : « Face à ces hordes sauvages, demander le calme ne suffit plus, il faut l’imposer » écrivent ces syndicats qui menacent même le pouvoir. Ce n’est pas contre la « juiverie internationale » que ces syndicats sont « en guerre » comme ils le proclament.
Les cadres de l’État républicain des années 1930, passés sans difficulté à la collaboration avec les nazis, ont accompli les basses besognes de la persécution sous l’Occupation.
Les flics français d’alors ont « fait leur boulot ». Ceux d’aujourd’hui n’auront pas d’états d’âme.
Les interdictions de manifestations, les dissolutions d’organisations, les tabassages en règle de manifestants préparent clairement la voie et offre sur un plateau les outils de la répression à venir.
Certes, le « fichier musulman » n’existe pas encore comme il y avait un « fichier juif ». Mais la permissivité du pouvoir macronien face à l’extension des pouvoirs répressifs – commencée sous Hollande –, allant jusqu’à introduire la reconnaissance faciale dans les rues de nos villes au prétexte de la sécurité des JO, a de quoi inquiéter.
Le fascisme qui monte n’aura pas les caractéristiques de celui des années noires du nazisme. Il lui manque encore des partis de masses, avec des milices armées. Mais les bandes d’extrême droite multiplient d’ores et déjà des ratonnades, encore vaguement réprimées. Le fascisme qui vient peut cependant s’appuyer sur la collaboration d’une partie des « petits Blancs » et sur l’apathie d’une classe ouvrière qui s’est fièrement battue contre la réforme des retraites, mais vient, une fois de plus, de connaître une défaite.
Est-ce à dire qu’on ne peut plus rien faire ?
Non, bien sûr, on a vu dans les luttes récentes à propos des retraites comment de formidables solidarités, des prises de conscience extraordinaires, une unité active pouvaient émerger de cet océan de boue.
Mais il faut être conscients que c’est l’union des racisé.e.s, des sans papiers, des exploité.e.s, des féministes, des LGBTQIA+ , des syndicalistes, des internationalistes, des anticolonialistes… qui permettra de résister.
RÉSISTER !