Ce que dit Jénine



Par Michèle Sibony, le 5 juillet 2023

La résistance n’est pas un choix, c’est en réalité la seule option pour les Palestiniens des territoires occupés et colonisés.

En Israël,

Hier soir après la déclaration du chef de la police de Tel Aviv expliquant qu’il avait été démis de ses fonctions pour ne pas avoir suffisamment rempli les urgences de l’hôpital Ichilov (proche du lieu des manifestations pour la démocratie) en d’autres termes de n’avoir pas assez réprimé les manifestations, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue, spontanément toujours pour soutenir la démocratie et toujours sans un mot sur Jénine, et la répression coloniale dans les territoires palestiniens occupés. Cette fois la police a réprimé plus durement.

Un des groupes de la manif pour la démocratie « ahim leneshek « les frères d’armes» avait attaqué deux jours plutôt jours le bloc contre l’occupation, les organisateurs de la manif se sont excusés: en démocratie il y a de la place pour tout le monde. Le strapontin anti colonial doit donc être respecté. Le déni obstiné qui s’exprime à travers le silence du camp israélien de la démocratie, dissimule mal l’angoisse qui le traverse. L’agenda demeure cependant de rétablir les prérogatives de la cour suprême et de « revenir à la démocratie» antécédente. Le consensus sioniste n’est pas près de se fissurer et la désignation permanente de l’«ennemi extérieur» reste son meilleur coagulant.

Amos Harel éditorialiste de Haaretz résume assez bien cela, de l’intérieur :

“Israël s’est peut-être acheté un répit temporaire vis-à-vis de la terreur en Cisjordanie, mais les opérations militaires ne permettront pas de parvenir à un calme à long terme”. “Sans horizon” politique et diplomatique pour les Palestiniens, “la danse macabre continuera”.

En Palestine :

La résistance n’est pas un choix, c’est en réalité la seule option pour les Palestiniens des territoires occupés et colonisés.

Qu’est ce que les Israéliens attendent vraiment des Palestiniens, qu’ils cessent de résister? Qu’ils disparaissent ou se soumettent à un régime qui veut annexer la Cisjordanie avec le moins possible de palestiniens sur les terres conquises? Que « la terreur » s’arrête pour parler en leurs termes ?

Les enfants que j’ai connu à Jénine en 2002 ont aujourd’hui 30 ans. Quelle a été leur vie, après avoir traversé la terreur de l’invasion et la destruction du camp, eux les héritiers directs de la Nakba -leurs parents et grands parents chassés de Galilée (région de Haïfa) se sont réfugiés dans le camp de Jénine -quel a été leur horizon de vie ?

Devant le Zéro programmé par Israël, enfermés dans leur enclave, colonies autour d’eux, check points et chiens policiers, incursions violentes régulières destructions.. par les colons et l’armée, quel autre choix que celui de résister ou mourir ?

L’infâme brutalité employée pour éradiquer la résistance n’a pas de sens. Cette dernière renaît toujours de ses cendres car il n’y a aucune autre voie ouverte pour les enfants de Jénine. Le théâtre de la liberté qui avait pour vocation d’élargir l’horizon de ces enfants est attaqué sans répit depuis sa création, ce qui en dit long sur la volonté éradicatrice de tout espoir par Israël. L’avenir qui leur est proposé n’excède pas le sort de Gaza, ainsi que l’indique Amjad Iraki dans son dernier article sur 972. Qu’en sera-t-il alors de celui des Israéliens confrontés en permanence à ce qu’ils appellent la « terreur » sans vouloir comprendre ce que ce mot recouvre pour la population civile des territoires ?

Ici :

Les lamentables réactions des gouvernements français et européens en général nous indiquent qu’il ne faut pas attendre d’eux une aide à la résolution du problème : soutenir la résistance palestinienne ne peut passer que par nous-même, la solidarité internationale.

  • Appeler à une protection internationale pour la population civile des territoires occupés est un impératif immédiat.
  • Le boycott de l’occupant doit se généraliser, devenir incontournable, et imposer des sanctions contre Israël . Rejoindre massivement la campagne BDS France devient une étape obligée à qui prétend soutenir le peuple palestinien.
  • Développer la solidarité active avec les habitants de Jénine. Une collecte peut être organisée pour des fonds qui seront envoyés au PCHR de Cisjordanie, afin d’être redistribués à la population.

L’Agence média Palestine prendra toute sa part dans ces trois actions urgentes, et en informera ses lecteurs.