Le cessez-le-feu intervenu à Gaza et l’investiture de Donald Trump semblent n’avoir constitué qu’un seul et même instant ; d’espoir, et de menace à grande échelle. Côté israélien, l’armée évalue en nombre de morts son efficacité (« 20000 agents du Hamas » selon le chef d’état-major démissionnaire). Mais Gaza n’étant plus bombardée, il a fallu calmer l’angoisse de la paix en lançant l’opération « Mur de fer » contre la Cisjordanie qualifiée de « Judée-Samarie ». Côté gazaoui, « jusqu’à présent, au cours des deux premiers jours, il n’y a eu aucun signalement de pillage ou d’attaque contre les travailleurs humanitaires » déclare Jens Laerke, un porte-parole de l’ONU. Mais les États-Unis se sont empressés de quitter l’OMS, mettant en danger la sécurité sanitaire mondiale ; dans la lignée des actions menées contre l’UNRWA. Les sionistes, tel Philippe Karsenty invité de Radio Shalom, exultent devant la « dream-team » de Trump. Et le correspondant de Radio Shalom à Jérusalem est en phase avec le salut nazi d’Elon Musk, de même que Netanyahou1, montrant que l’antisémitisme des sionistes sied à Israël et peut bénéficier de la considération de nos gouvernants. Par contre, preuve que ces mêmes gouvernants ont assimilé la terminologie répressive israélienne contraire au Droit international, ils osent qualifier de « terrorisme » l’expression publique du soutien à la Palestine et lui appliquer l’article L. 562-2 du code monétaire et financier !
– Passé les euphémismes pseudo-fatalistes – « logique de guerre », « opération », « démonstration de force » – visant à édulcorer les dernières attaques israéliennes contre la ville de Jenine auprès des auditeurs, Pierre Haski n’en a pas moins qualifié de « peu vraisemblable » la justification avancée par Netanyahou qu’il y combattrait des groupes soutenus par l’Iran. Et le journaliste dit bien « qu’il ne faut pas s’attendre à ce que le cessez-le-feu à Gaza produise un effet de détente ou même une amorce de solution politique […] tant que la communauté internationale ne réagira pas » pour mettre fin à « l’impunité ». France Inter, 22/01/2025 : Pierre Haski, géopolitique, chronique du 22/01/2025 à 8h17
– Euphémisation encore, et pourtant y’a pas photo. Élon Musk fait un salut nazi plein de conviction et l’on discute du sexe de sa « maladresse ». Oublié l’enseignement de Victor Klemperer sur le IIIè Reich, Philosophie Magazine tourne autour du pot du « salut romain ». Mais Le Monde s’inquiète de l’entrée de la culture 4chan à la Maison Blanche. Et dans Politis Albin Wagener démonte « le confusionnisme général dont sont comptables nombre de médias, de personnalités politiques et d’intellectuels. » Politis, 22/01/2025 : Cachez ce salut nazi que je ne saurais voir
– Côté sioniste, le 21 janvier, en négationniste assumé Philippe Karsenty donne ses arguments pour le génocide au micro de Bernard Abouaf: « Le mythe de l’État palestinien c’est fini, le mythe du peuple palestinien c’est fini […] Tant que les arabes n’auront pas capitulé, il ne pourra pas y avoir de paix au Proche-Orient […] Tout le monde a compris que le peuple palestinien n’existe pas, tout le monde a compris que l’État palestinien n’existera pas. » Puis c’est au tour du correspondant de Radio Shalom à Jérusalem, à propos du salut nazi d’Elon Musk, de se lâcher:
– Bernard Abouaf: « Ça fait peur quand même. »
Michaël, le correspondant, commence par dire que « l’homme politique qui a défendu le plus ardemment Israël » est Marine Le Pen. Puis il en vient à Elon Musk et au salut nazi : « Non […] c’est une donne qui a changé […] et évidemment la vieille garde va trouver toutes sortes de prétextes, va essayer de couper les cheveux en quatre […] va essayer de lui trouver des relents d’antisémitisme […] »
– Bernard Abouaf : « Non mais là c’est super impressionnant, je sais pas ce qui lui a pris, je pense que c’est une gaffe quand même. »
– Michaël : « Mais non il a rien fait […] En fait il a lancé son bras, il a pas fait un salut nazi »…
Bernard Abouaf conclut l’entretien : « C’est intéressant ce que vous nous disiez. »
Radio Shalom, 21/01/2025 : podcast Radio Shalom du 21 janvier 2025
Notons, sans y renvoyer par un lien, que le 23 janvier le journal de 20h de France 2 a pour une fois produit un reportage explicite sur l’action criminelle des colons soutenus par l’armée israélienne en Cisjordanie. Pas de quoi émouvoir le gouvernement français, mais peut-être un peu les téléspectateurs, tout de même ?
– Outranciers, Retailleau et Lombard imposent l’ordre anti-terroriste à l’expression publique d’un militant pro-palestinien. Léo Soamé, Révolution Permanente, 17/01/2025 : Gel des avoirs d’Elias d’Imzalène : Retailleau surenchérit dans la répression d’un soutien de la Palestine
– Ubuesque, Israël digne des Talibans, interdit les manifestations d’émotion palestinienne. L’Orient-Le-Jour, 17/01/2025 : Libération de Palestiniens en Israël : les autorités veulent « prévenir toute manifestation de joie »
– Après le cessez-le-feu, à Jabalya, au nord de Gaza, « un paysage dystopique », « un crâne sur un bloc de béton » au milieu « des ruines et débris parmi lesquels on retrouve des munitions dangereuses qui n’ont pas encore explosé et des restes humains […], ce ne sont pas les seules images insoutenables » montrées par la Deutsche Welle ou décrites par la BBC et Aljazeera, rapporte Catherine Duthu dans sa revue de presse internationale. France Culture, 21/01/2025 : « Un territoire invivable » : le choc des Gazaouis, de retour chez eux après 15 mois de bombardements
Et pour sortir de la fournaise disruptive :
– En kiosque : Le Monde Diplomatique vient de publier le numéro #199 de février/mars 2025 de Manière de Voir consacré à L’antisémitisme et ses instrumentalisations
– En librairie, un ouvrage pour saisir entre autres clarifications que « la pensée libérale établit une distinction et une coexistence entre différents ordres juridiques, en fonction des territoires et des populations concernées » ou que les Droits de l’homme vus par Hanna Arendt sont « avant tout ceux du citoyen, excluant toute une partie de l’humanité. » De là, que le libéralisme en état d’exception n’est plus qu’un autoritarisme, loin du conte de fées initial. Un essai d’Eugénie Mérieau, Géopolitique de l’état d’exception, Ed. Le Cavalier Bleu, 2024