« Le sionisme de gauche, un oxymore politique »1 en Israël, si bien qu’il n’a presque plus de représentants à la Knesset, écrit Yacov Rabkin. Le sionisme a suivi naturellement sa pente ethnique, conduisant au résultat dévastateur que l’on sait à l’égard des Palestiniens. On ne peut donc pas s’étonner que le Rassemblement National soit l’un des meilleurs soutiens français des crimes israéliens, d’autant que Marine Le Pen vient de refaire allégeance à son père post mortem. Quant au sionisme français, il ne semble pas avoir pris conscience du paquet raciste qu’il renferme et, pour partie, se croit encore « de gauche ». Au-delà de cette dimension qui désigne « l’autre » comme un ennemi, il en est une interne à la société israélienne que Yakov Rabkin pointe dans son ouvrage : « Le système d’éducation glorifie le service militaire le transformant en une aspiration et un rite de passage à l’âge adulte. Les politologues israéliens ont souligné que la religion civique ne fournit pas de réponses aux questions de sens ultime, tout en obligeant ses pratiquants à accepter le sacrifice ultime. L’espace civique en Israël est associé avant tout à la « mort pour la patrie »». S’agissant d’une « économie de la mort » attribuée à la Russie, les articles de presse n’ont pas manqué en France. Rien de semblable quant à Israël, dont on peut douter cependant que quiconque ici-bas prend soin de ses enfants, ose l’associer à une « économie de la vie ». À considérer en effet le niveau auquel ce pays porte la terreur et la mort dans le génocide de Gaza assiégé, et a tétanisé le monde, on en vient à se demander si la glorification de la « mort pour la patrie » n’est pas déjà une glorification de la « mort pour la mort ».

– Le 14 janvier, le réalisateur israélien Guy Davidi présentait son film Innocence au cinéma Le 3 Luxembourg à Paris. Dans l’échange avec le public ému par la projection, il a confié avoir lui-même tenté de se faire réformer, avançant la tentation du suicide auprès du « psychologue » recruteur qui lui a rétorqué : « L’armée c’est pour tuer, c’est pour mourir aussi ».

– L’actualité le confirme, l’armée c’est pour mourir aussi. RFI, 03/01/2025 : Guerre Israël-Gaza: nombre record de suicides au sein de l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023

« La guerre dans la bande de Gaza a déjà produit 14 fois plus de débris que tous les conflits combinés des seize dernières années », rapporte le Nouvels Obs. À défaut d’avoir une conscience pour la paix, on peut toujours s’élever contre le génocide (et comment!) au nom de l’écologie. Nouvel Obs, 13/01/2025 : Guerre à Gaza : débris polluants, décharges à ciel ouvert, eau douce inaccessible… Après la catastrophe humanitaire, le désastre environnemental

– À Gaza comme au Liban, la signature d’un cessez-le-feu s’accompagne de toujours plus de bombardements. Quand Israël vise des « terroristes » avec précision ce sont surtout les femmes et les enfants qui meurent. Il y a pléthore d’informations sur le sujet, contentons-nous des plus récentes. « L’accord était à peine acté, mercredi 15 janvier, que les avions de chasse israéliens décollaient pour aller bombarder Gaza. » L’Humanité, Pierre Barbencey, 16/01/2025 : Guerre à Gaza : pour Trump, la priorité est la normalisation avec Ryad

En quelques lignes significatives le correspondant de Libération à Tel Aviv confronte le refrain israélien des « « précautions » habituelles pour épargner les civils » au visage tragique d’une enfant palestinienne tuée ici et maintenant dans la perspective du cessez-le-feu. Libération, 16/01/2025 : Avant la trêve à Gaza, tapis de bombes et derniers doutes

– Vous avez dit « terroristes » ? Non, c’est l’historien Jean-Pierre Filiu qui l’écrit noir sur blanc dans Le Monde, ce 12 /01/2025 : En Israël, les extrémistes juifs de l’Irgoun et du Lehi progressivement réhabilités après les attentats de 1944-1948

La pensée grégaire en Israël est conforme à la volonté génocidaire, la société s’y plie. Libération, 11/01/2025 : Crimes de guerre de l’armée israélienne à Gaza : «Chez nous, il n’y a pas de volonté d’humaniser l’autre»

– Et en France ? Un cas qui en dit long. Libération, 13/01/2025 : A Paris, un policier suspecté d’avoir tué à coups de poing un Palestinien menotté

« Ne parlons pas de manque de chance, parlons d’infamie ! » dit en 1935 la Femme Juive dans « Grand’peur et misère du IIIè Reich » de Bertolt Brecht (à voir à l’Odéon jusqu’au 7 février). Ne parlons pas de manque d’info, parlons d’infamie ! faut-il ajouter en 2025.

– Infamie et naufrage. L’Humanité, 09/01/2025 : « On a affaire à un naufrage persistant de la plupart des médias dominants » : comment les journaux français couvrent la guerre à Gaza

– Si en Israël le recrutement d’universitaires sionistes visait « une continuation de l’épuration ethnique par d’autres moyens » selon l’historien Ilan Pappé, en France une forme actuelle de censure vient aussi renforcer l’hégémonie du récit colonial dans le domaine de la recherche et du savoir. L’article de Leïla Seurat rédigé pour un numéro spécial de la revue Questions Internationales et retiré par la Documentation Française la veille d’être imprimé, est publié par Orient XXI, 14/01/2025 : Palestine. La recherche au défi du discours colonial

Lundimatin a publié une bibliographie non exhaustive pour la Palestine :
1/ Une bibliographie non-exhaustive pour (re)penser la Palestine

2/ Ne pas oublier la Palestine

Ne parlons pas de manque d’info, parlons d’infamie !


Note-s
  1. « Israël et la Palestine: Rejets de la colonisation sioniste au nom du judaïsme », editions-i, 2024 []