Brèves de presse #5 du 28-12-2024

La première année du génocide occidental en Palestine se termine sur l’établissement international de son évidence par la CPI le 21 novembre, et cela de la façon la plus précautionneuse face aux menaces exprimées. Mais ce génocide-là est nié par les diplomaties française, européenne et états-unienne, et occulté par les médias grand public. Pour elles c’est essentiel car tant qu’elles sont dans le déni1, pour ne pas dire le négationnisme avec ses effets délétères sur le chaos mondial, elles assoient leur colonialisme réaffirmé dans la violence et l’impunité. Sur le plan intérieur, elles choisissent de réprimer le soutien aux victimes palestiniennes plutôt que de poursuivre les actes identifiés de génocide ou de complicité génocidaire. Une inversion absolument cynique de tout ce qu’on appelle « valeurs » et qui n’est que du vent. Il n’en reste pas moins que si la scène audiovisuelle grand public s’est vidée de toute référence à Gaza, à la Cisjordanie et à leurs populations martyrisées pour ne pas déranger les nôtres, les traces du génocide dans la presse écrite n’étaient pas rares cette semaine. Et d’une façon parfois paradoxale.

À commencer par Marianne qui, par la voix de son directeur adjoint de rédaction Jack Dion, usant de l’anaphore, met fermement en garde qu’ « un jour, on saura tout du massacre des innocents perpétré à Gaza avec la caution des principaux dirigeants occidentaux ». Marianne, 22/12/2024 : Jack Dion : « En ne respectant pas le mandat d’arrêt contre Netanyahou, l’Occident s’enferme dans son propre piège »

– Pas moins étonnant, dans Marianne encore, on trouve un article de Quentin Müller sur le livre de Didier Fassin, « Une étrange défaite ». Marianne, 23/12/2024 : « Notre débâcle morale a conduit le monde à laisser Israël écraser Gaza » : on a lu « Une Étrange défaite » de Didier Fassin

– À comparer le travail de Marianne (hebdo réactionnaire à divers égards) avec celui du Nouvel Obs « progressiste » qui a joué récemment la carte sioniste diffamatoire contre des antisionistes, on voit que le second, sous couvert de l’AFP, euphémise le massacre des Palestiniens en parlant d’une poursuite de la violence à Gaza, donnant le dernier mot à la journée du 7 octobre pour mieux justifier le génocide. Nouvel Obs, 22/12/2024 : Guerre à Gaza : malgré l’espoir d’un cessez-le-feu, la violence se poursuit

Libération, comme Marianne, met en garde les Occidentaux. Libération, 21/12/2024 : Israël accusé de génocide à Gaza : «En assumant leur passivité voire leur complicité, les Occidentaux sapent leur propre crédibilité»

– Christiane Hessel, à qui l’UJFP vient de rendre hommage pour son engagement similaire au nôtre et sa droiture, a écrit comme un testament une lettre ouverte à Emmanuel Macron publiée par Le Monde. Sur le sujet qui nous occupe dans cette rubrique, elle a été on ne peut plus claire : « Beaucoup, y compris dans vos rangs, sèment la confusion dans les médias, jettent l’opprobre sur quiconque exprime de la compassion à l’égard du peuple palestinien et dénonce les agissements du gouvernement Netanyahou. Laisser perdurer l’idée que soutenir les droits des Palestiniens est équivalent à une prise de position hostile vis-à-vis de la communauté juive revient à détourner l’attention du problème majeur : la disparition voulue, organisée, en cours, du peuple palestinien. » Le Monde, 19/12/2024 : Monsieur le Président, soyez le bâtisseur d’un avenir pour les Palestiniens: osez l’utopie!

– Des « élites » françaises nullement à la hauteur. À rebours de la dignité à laquelle appelle le propos de Christiane Hessel, Sciences-Po Strasbourg se distingue en collaborant avec un institut privé de Tel Aviv : Mediapart, 19/12/2024 : Sciences Po Strasbourg renoue avec une université israélienne et divise son conseil d’administration

– L’émission radiophonique Cultures Monde du 20 décembre, avec la juriste Julia Grignon, faisait la démonstration que pour justifier ses crimes sur la population de Gaza, Israël ne faisait qu’invoquer ses propres turpitudes. Bien vu. En toute logique, nous devons en déduire que les raisons avancées par Israël sont toutes irrecevables parce qu’elles s’appuient sur l’immoralité de son propre comportement. Un seul exemple : pour démontrer que Gaza n’est pas capable de gérer l’acheminement de l’aide humanitaire, Israël crée une situation déshumanisante et pratique la stratégie du chaos. Or, en matière humanitaire, le seul raisonnement qui vaille est le raisonnement par les conséquences produites. Et quand Israël invoque l’exemple de Mossoul soumis aux frappes de la coalition internationale en 2016-2017, la comparaison ne tient pas davantage puisqu’à Mossoul il y avait eu des corridors pour évacuer les civils avant les bombardements. France-Culture, 20/12/2024 : Gaza : l’aide humanitaire au compte-gouttes

– En 2025, la bataille pour les droits des Palestiniens continue, de même que celle pour le droit à leur exprimer le soutien dont ils et elles ont besoin à Gaza et en Cisjordanie. Plusieurs maisons d’édition en France ont rejoint le collectif Publishers for Palestine et viennent de publier le premier numéro d’un 4 pages gratuit grand format, La Pastèque, tiré à 10.000 exemplaires. Il contient un « petit guide de résistance en bibliothèque ». Il a également organisé, du 29 novembre au 5 décembre, une semaine de lectures de textes palestiniens : Lire la Palestine

– Ils et elles sont 300 personnalités à rejoindre « la position de nombreux juives et juifs de notre pays », dans Libération le 22/12/2024 : Gaza : personne ne pourra dire qu’il ignorait les massacres en cours

La suite en 2025


Note-s
  1. On se rappelle les propos négationnistes proférés le 12 novembre par le ministre français des affaires étrangères.[]