Nous dédions ce Brèves de Presse à Brigitte Stora, autrice d’une tribune délatrice dans Le Nouvel Obs, lequel prend soin de préciser qu’elle est « rédigée par un auteur extérieur au journal et dont le point de vue n’engage pas la rédaction ». Tout en la publiant ce 9 décembre, Le Nouvel Obs aura probablement perçu la dérive à laquelle se livre celle qui se dit « essayiste » sans en avoir la rigueur. Elle voit dans notre association des «« Juifs exceptionnels »» et «« adorables »» engagés dans « une démarche christique », en deux mots : trop juifs pour être vrais1. C’est trop d’honneur. Elle nous désigne à la vindicte publique, pratiquant contre l’UJFP sa « nouvelle inquisition antisémite » tout droit sortie de son chapeau. Elle abuse, dans son délire, de l’habituel amalgame entre « juif » et « israélien », tout en concédant qu’« il faut sans doute réaffirmer la légitimité d’une critique, fut-elle radicale, de la politique israélienne ». « Sans doute » cela veut dire accessoirement ; car aucun génocide actuel à Gaza (ni crime de guerre, ni annexion, conquête ou nettoyage ethnique pourtant dénoncés tout récemment par l’ancien ministre de la défense israélien Moshe Yaalon) ne mériterait selon elle qu’on en parle au principal. Elle n’en prononce pas le mot ! Nous lui fournissons quelques informations toutes fraîches, issues de sources extérieures à l’UJFP et à Tsedek (Justice!) également mis en cause. Si Israël est hors normes internationales, ce n’est pas nous seulement qui nous en alarmons. C’est un constat très partagé, même par une presse jusque-là réticente.
– Israël est en situation d’ouvrir la porte au « chaos mondial ». Très occupés cette semaine par la chute de Bachar El Assad et de son régime que personne ne regrette, les journaux auront cependant rendu compte d’une violation constante du Droit international par Israël, confirmée par ses derniers bombardements en Syrie : « Il n’y a absolument aucun fondement au regard du droit international pour désarmer de manière préventive ou anticipée un pays que l’on n’aime pas », a affirmé le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et la lutte antiterroriste, Ben Saul, lors d’une conférence de presse à Genève. « […] Si c’était le cas, ce serait la porte ouverte au chaos mondial […] » (Le Monde, 11/12/2024, live de 19h03). L’Orient-Le Jour dit la même chose : Les frappes israéliennes en Syrie sont contraires au droit international, selon des experts de l’ONU
– Du point de vue du Droit c’est certain, il est de plus en plus intenable de nier l’existence du génocide en Palestine. Le Monde, 05/12/2024 : Guerre au Proche-Orient : « L’analyse de la situation en Palestine exige que la question du génocide soit posée »
– Et c’est bien « en tant que juif » (un « féroce procureur contre les autres juifs » lui aussi ?) qu’un avocat franco-israélien, par ailleurs professeur à Sciences Po, a déposé le 6 décembre un volumineux dossier à la CPI, incriminant huit responsables israéliens « d’incitation au génocide à Gaza ». Cela va du Président de l’État hébreu à un journaliste de télévision, en passant par Netanyahou bien sûr, Smotrich, Ben Gvir, etc… S’ils sont ainsi poursuivis devant la CPI, c’est parce que leurs déclarations sont restées impunies en Israël, d’autant que l’infraction d’incitation au génocide peut être poursuivie « sans avoir à prouver le génocide ». Stéphanie Maupas, Le Monde, 08-09/12/2024 : Un avocat accuse Israël d’incitation au génocide et soumet l’affaire à la CPI
– Dans le premier des quatre épisodes de la série « La Cour pénale internationale passe à l’offensive » sur France-Culture, consacré au mandat d’arrêt contre Netanyahou, on apprend d’une part, que rarement autant de preuves avaient été réunies ; d’autre part, que le Droit international est devenu « une variable d’ajustement » pour la France qui met à mal, par son comportement, des décennies de construction de cette discipline. France-Culture, 09/12/2024 : Mandat contre Nétanyahou : un moment de vérité pour la Cour
– Qui procède au dérèglement international ? Le 11 décembre, 158 des pays membres de l’ONU ont voté en assemblée générale une résolution réclamant un cessez-le-feu inconditionnel à Gaza. 9 ont voté contre, comme d’habitude. Une deuxième résolution visant à permettre la poursuite des opérations de l’UNRWA a recueilli le soutien d’un pays supplémentaire, soit 159 voix pour et toujours 9 contre : L’Humanité, 12/12/2024 : L’ONU réclame un cessez-le-feu « immédiat » et « inconditionnel » à Gaza, les États-Unis et Israël votent contre
– Enfin, quoi qu’on en dise, depuis le 21 novembre en Europe (date des mandats d’arrêts lancés par la CPI) il devient beaucoup moins soutenable pour les zélés défenseurs des crimes israéliens de poursuivre sans risque dans cette voie. Ainsi, l’Université Libre de Bruxelles qui en novembre avait fait réprimer violemment par la police le mouvement étudiant pour la Palestine, est obligée en décembre de lâcher du lest en rompant ses liens avec les universités israéliennes. Infolibertaire, 10/12/2024 : Victoire du mouvement étudiant : l’ULB suspend ses liens avec les universités israéliennes ! Mais … une conférence étudiante pour la Palestine censurée
- cf. « Où les oiseaux ont-ils appris l’hébreu ? », in Contes des sages juifs », Patrick Fischmann, Ed. Du Seuil, 2013.[↩]