De quel côté est le crime, demande Denis Sieffert dans Politis à l’occasion du procès fait à l’ancien chercheur du CNRS François Burgat. Car du côté de ceux laissés libres de faire l’apologie de génocide, la crainte violemment exprimée sur une radio communautariste par l’acteur et réalisateur Yvan Attal, de voir la Nakba supplanter la Shoah, est révélatrice du déni actif qui agite les esprits dans l’élite française dirigeante, du fait qu’ils ont adopté le crime majeur commis par Israël comme leur propre solution finale « démocratique » contre les Palestiniens et comme une réponse hautement « civilisée » à l’attaque du 7 octobre 2023. On l’a vu à travers plusieurs tribunes collectives[1], aucune élite dirigeante – politique, intellectuelle, artistique, morale – qui instrumentalise l’antisémitisme face à la puissance démesurée du génocide en cours, n’a écarté cette solution finale revendiquée par les autorités israéliennes, comme insupportable, comme légitimant une quelconque insurrection, alors que nous approchons les 600 jours du massacre à répétition qui emporte principalement les femmes et les enfants. Leur option est d’y consentir par l’occultation absolue et sans fard[2], avec pour message implicite que ni la Palestine ni les Palestiniens n’existent; ou qu’ils existent abusivement, pour en revenir au « syndrome Yvan Attal ». Ou qu’ils existent comme des Indiens d’Amérique. Ainsi, d’un bout à l’autre du spectre de nos vies se dessine, dans un paysage consumériste indifférent, l’architecture politique française autant qu’internationale qui relègue la Shoah à un épisode central du XXè siècle passé, tandis que celui de la Nakba s’installe durablement sur les XXè et XXIè, préfigurant l’avenir de l’Inhumanité. Pour sa part, dans le sillage de l’extrême-droite, l’élite française dirigeante a éteint les Lumières.
– Le 24 avril sur France Culture, à l’issue de l’émission « Avec philosophie », Frédéric Worms interrogeait la notion de « climat politique » : « on en vient […] aujourd’hui dans certains discours politiques à parler de « terrorisme d’atmosphère », une sorte d’incrimination générale de certaines communautés qui changeraient notre rapport au monde […] mais d’un autre côté, dans le climat moral et politique, dans le climat subjectif, on ne peut pas se contenter d’un sentiment d’atmosphère. Quand on parle d’une atmosphère en général alors on risque de tout confondre et de cibler […] des boucs-émissaires qui vont porter la responsabilité d’un « changement d’atmosphère ». […] Même l’atmosphère politique doit être expliquée par des phénomènes précis […]. Le climat politique n’est pas impalpable, il n’est pas impondérable, il doit être imputé à des actes précis, aussi petits et parfois gravissimes soient-ils. » Le climat politique porté par les matamores du pouvoir, auquel la France contemporaine se soumet depuis octobre 2023, n’est pas le fait du massacre du 7 octobre si bien intériorisé par les Français, mais de l’engagement complice de la France avec Israël dans l’accomplissement du génocide qu’il faudrait maintenir, lui, hors de la sensibilité française parce que tout d’un coup le génocide serait une affaire extérieure à la France. Le 7 octobre devait concerner au plus haut point les Français tandis qu’ils devraient se tenir à l’écart de l’interprétation du génocide lancé dès le 9 octobre 2023 et qui n’a pas cessé depuis ?! Selon la juste observation de Frédéric Worms qui s’applique tout aussi bien au climat politique de la « question » israélo-palestinienne, le climat actuel de répression coloniale « proche-orientale » en France résulte d’ « actes précis » posés par le pouvoir. Il n’est nullement la conséquence fatale d’une politique d’atmosphère « impondérable » qui justifierait l’indifférence apparente de la population mais de coups de force très concrets du pouvoir contre la liberté d’expression et d’une répression à sens unique des divers soutiens aux Palestiniens en souffrance. Il serait trop long de tenir la liste de tous ces actes de police politique. Mais il est tragique pour la société française d’avoir intériorisé cette répression relayée par la censure des grands médias, au point d’avoir fait du génocide à Gaza un non-sujet de discussion et de conscience. Un non-sujet, comme précédemment pour la Shoah. Nouvel Obs, 15/04/2025 : Quand Simone Veil racontait son retour en France après les camps : « Ce qu’avaient subi les juifs, l’extermination de la plupart d’entre eux, ne suscitait aucun intérêt »
– Le Parlement vient de sauter à pieds joints dans l’incrimination générale propre à la répression politique en adoptant une loi qui accrédite la vague idée de « l’antisémitisme d’atmosphère », aussi facile à utiliser abusivement que la vague idée de « terrorisme », à géométrie variable. Une loi « sujette à caution » écrit Le Monde, 08/05/2025 : L’Assemblée nationale adopte la proposition de loi de lutte contre l’antisémitisme à l’université
– À ne distinguer aucun niveau de gravité dans l’antisémitisme[3] et à user du terme comme d’une arme antipolitique qui met sur un pied d’égalité infamante les crimes historiques du nazisme et les clichés judéophobes d’où qu’ils viennent, les auteurs des diverses tribunes éditées pour dénoncer l’antisionisme et qui se revendiquent universalistes tout en excluant de leur universalisme le crime le plus universellement réprouvé, sont probablement victimes de la panique morale que dénonce le grand historien Ilan Pappé dans un article récent en anglais. Savage Minds, 24/04/2025 : On « Moral Panic » and the Courage to Speak
Le climat politique n’est pas une atmosphère, c’est une arithmétique :
1/ C’est additionner par exemple les mesures institutionnelles partiales et répressives contre les personnes morales et physiques qui soutiennent les Palestiniens et les Palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie. Ce que dénoncent plus de mille personnalités et organisations, parmi lesquelles Avi Mograbi, Camille Étienne, Cédric Herrou, Éric Cantona, Guillaume Meurice, Nancy Frazer, Chris Hedges. Politis, 23/04/2025 : Yanis Varoufakis, Pablo Iglesias, Angela Davis, Annie Ernaux, Ken Loach et plus d’un millier de personnalités appellent au soutien des défenseurs de la cause palestinienne menacés partout dans le monde. Pour signer cette tribune de solidarité avant le 18 juin, date du procès d’Anasse Kazib : remplir le formulaire
2/ C’est aussi
– soustraire les massacres au regard de la presse internationale de la part d’Israël. Dernières Nouvelles d’Alsace, 03/05/2025 : Israël appelé à laisser entrer les journalistes « sans restriction » à Gaza
– soustraire les massacres à la vue des Français de la part de leurs dirigeants et des grands médias audiovisuels. Acrimed, 17/04/2025 : Rassemblement en solidarité des journalistes à Gaza : la plupart des télévisions font l’impasse
– soustraire la France à son obligation de coopérer avec la Cour Pénale Internationale. La Voix du Nord, 11/04/2025 : « Une gravité extrême » : l’avion de Netanyahou, sous le coup d’un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité, a pu survoler la France
– soustraire la France à son obligation de ne pas encourager le génocide en accueillant l’industrie d’armement israélienne au Salon du Bourget. L’Humanité, 01/05/2025 : Tribune du collectif Stop Arming Israël-France
– laisser sans réponse les demandes de l’ONU. Le Monde, En direct,
29/04/2025 à 16h:59 « « Des efforts internationaux concertés doivent être déployés pour empêcher cette catastrophe humanitaire d’atteindre un nouveau niveau inégalé », a exhorté mardi le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, dans un communiqué. « Israël semble infliger aux Palestiniens à Gaza des conditions de vie de plus en plus incompatibles avec leur existence continue en tant que groupe à Gaza », a ajouté Volker Türk. « Tout recours à la famine contre la population civile en tant que méthode de guerre constitue un crime de guerre, de même que toute forme de punition collective », a encore insisté le haut-commissaire dans son communiqué. »
3/ C’est tenir pour nulle la dimension indubitablement islamophobe de l’assassinat du jeune Aboubakar Cissé dans une mosquée et dans des conditions telles que rien n’autorisait d’écarter a priori le caractère « terroriste » du crime, comme il est d’usage habituellement dans pareille situation. Mathématique encore : Bruno Retailleau se serait écorché la bouche à prononcer le nom de Aboubakar Cissé. Il a usé d’une curieuse pédagogie pour expliquer à la communauté endeuillée qu’il a délaissée, ce que veut dire être Français, au cas où ses membres ne le sauraient pas : « Je voudrais dire à la communauté de nos compatriotes français musulmans qu’être Français (…), ce n’est pas une question de couleur de peau, ce n’est pas une question de religion, ce n’est pas une question de condition sociale. » Le Monde, 27/04/2025 : Gard : l’homme suspecté d’avoir mortellement poignardé un fidèle dans une mosquée vendredi s’est rendu dans un commissariat en Italie
– La question de l’islamophobie en France est bien posée dans cette émission du 6 mai sur France Culture : L’islamophobie est-elle sous-estimée ?
– De transgression verbale en transgression juridique, la dérive de Retailleau. RFI, 20/04/2025 : France: la polémique se poursuit après des accusations de fichage d’étrangers en situation régulière
– De délire en délire, c’est à la fin celui de la LICRA. Le jour de la 80è célébration de la capitulation nazie, son président d’honneur recourt à la figure de Joseph Goebbels pour porter publiquement atteinte, d’une façon inouïe, à l’image de Jean-Luc Mélenchon, face à l’animatrice Apolline de Malherbe qui commet la faute professionnelle de ne pas réagir en direct sur BFM-TV. On avait déjà Klarsfeld à l’extrême-droite, on a aussi Jakubowicz ressourçant son inspiration auprès du nazi Goebbels. Le Monde, 08/05/2025 : Jean-Luc Mélenchon annonce porter plainte contre le président d’honneur de la Licra, qui l’a comparé à Joseph Goebbels
Technique du climat politique dans une démocratie modèle :
– Interdire l’entrée de son territoire à 27 parlementaires français invités par le Consulat français à Jérusalem, telle est la récente manœuvre d’Israël à laquelle l’État français s’est soumis sans broncher. Une députée israélienne rappelle à la France sa « responsabilité internationale de défendre la paix, les droits humains et l’égalité. » Mediapart, 22/04/2025 : Députés français interdits d’accès en Israël : lettre de soutien d’Aida Touma-Sliman, députée à la Knesset
– La fameuse « démocratie » israélienne, en tuant plus de journalistes que dans aucun autre conflit au monde, agit comme toutes les dictatures : « c’est une technique classique de tous les monstres, tous les tyrans, les dictateurs, en l’occurrence Netanyahou ici et son gouvernement […] pour perpétrer les crimes puisqu’il y a de moins en moins de preuves ». Ce propos est de la cinéaste iranienne Sepideh Farsi qui rend hommage sur RFI à la journaliste Fatima Hassouna assassinée avec son beau sourire, à l’âge de 25 ans le 16 avril dernier, par Israël, à Gaza. RFI, 19/04/2025 : Israël-Gaza: la mort de la journaliste Fatima Hassouna s’inscrit «dans une technique pour perpétrer les crimes»
– Même technique que pour Fatima, même mort, celle du journaliste Ahmed Mansour, assassiné avec plusieurs de ses collègues sous la tente où ils travaillaient, par une bombe incendiaire, le 7 avril. Son collègue Rami Abou Jamous lui rend hommage avec la plus grande des tristesses face au comportement des journalistes français qui répercutent le mot « terroriste » tourné contre les Palestiniens alors qu’ils « devraient se rappeler que la France a connu l’occupation, et que les Allemands et le gouvernement collaborateur justifiaient leurs crimes en désignant leurs victimes comme des terroristes. Les résistants étaient des terroristes. Les journalistes étaient des terroristes. Aujourd’hui, ce sont des héros, car ils ont dénoncé les massacres de l’occupant et de ses complices et œuvré à la Libération.[…] Je pense souvent à Pierre Brossolette, aujourd’hui au Panthéon.[…] Lui aussi, il était appelé « terroriste ». » Orient XXI, 11/04/2025 : « Je voudrais vous parler du journaliste Ahmed Mansour »
Une technique radicale :
Émaciation, famine, mort lente collective. Courrier International, 02/05/2025 : Pénuries, malnutrition, émaciation : le spectre d’une “famine sévère” plane sur Gaza

Une technique simpliste soutenue par un budget de propagande multiplié par 20 :
C’est tellement mieux que la propagande russe et beaucoup moins irritant pour l’Europe. « Des dizaines d’influenceuses […] défendent la politique israélienne avec des messages simplistes et assez semblables. Le budget consacré à la propagande a été augmenté cette année d’environ 150 millions d’euros. C’est 20 fois plus que les hausses des dernières années. » France Info, 04/05/2025 : Guerre dans la bande de Gaza : ces influenceuses qui, depuis le 7-Octobre, se réorientent vers la propagande pro-israélienne
De quel côté est le crime et qui est terroriste?
– Prenons l’exemple anglais de l’État policier. Le journaliste britannique Jonathan Cook, Prix Martha Gellhorn en 2011, évoque en détail les circonstances d’une requête préparée par un cabinet d’avocats londonien, en vue d’abolir l’interdiction de qualifier les actions même légitimes du Hamas autrement qu’en termes « terroristes ». Pour démontrer l’inévitable perspective d’échec de l’option prise indistinctement par la loi britannique sur le « terrorisme » en 2019, il établit le parallèle entre le Hamas et l’IRA en Irlande, avec laquelle la Grande-Bretagne a pourtant signé l’accord du Vendredi Saint en 1998, via sa branche politique, le Sinn Féin. Substack, 01/05/2025 : Why I wrote an expert report against the UK classing Hamas as a terror group
– La logique contraire au Droit international adoptée par la plupart des pays occidentaux dont la France, de qualifier de « terroriste » la totalité du mouvement Hamas, conduit non seulement à retirer toute protection humanitaire à quelque Gazoui que ce soit, mais fournit à Israël un blanc-seing pour massacrer, outre les journalistes, le personnel humanitaire et le personnel de santé. Une monstruosité pure. Courrier International, 08/04/2025 : Secouristes tués à Gaza : “Sauver une vie est une façon de signer votre propre arrêt de mort”
– Terroriste ? Ce mercredi 7 mai, Israël refait l’attaque du Bataclan et des cafés alentour à Gaza. « La terrasse de ce snack est jonchée de corps renversés de leur chaise. » Le Monde, 08/05/2025 : Quatre-vingt-douze morts en vingt-quatre heures : une journée d’horreur ordinaire dans la bande de Gaza
Cisjordanie :
– La technique des soldats cachés dans les champs d’oliviers : Il s’agit de soldats de l’armée la plus morale du monde. Le Monde, 27/04/2025 : En Cisjordanie, dans la campagne de Naplouse, la mort devenue banale d’un adolescent tué par l’armée israélienne
– La technique de la « gazification » : L’ancien représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrel, dénonce la « gazification » de la Cisjordanie et appelle l’Europe à se bouger. El País, 20/04/2025 : La UE no puede seguir asistiendo pasivamente al horror de la Franja y a la ‘gazificación’ de Cisjordania
. Autrement dit, en français. Politis, 23/04/2025 : En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »
– La technique de l’enlèvement qualifiée d’« arrestation », appliquée là encore à un journaliste. « À ce stade, nous ne savons rien de ce qu’il est devenu et nous faisons porter la responsabilité de ce qui pourrait arriver à sa vie et sa santé aux forces d’occupation » dit le fils de Ali Samoudi. RFI, 01/05/2025 : L’inquiétude de la famille du journaliste palestinien Ali Samoudi, arrêté par l’armée israélienne
– L’habituelle technique de la destruction des maisons et des villages, même les plus emblématiques comme à Masafer Yatta, objet du film oscarisé « No other land ». L’autorité judiciaire suprême israélienne est complice. RFI, 06/05/2025 : «Ils ont vidé les maisons»: en Cisjordanie, l’armée israélienne détruit le village du film «No Other Land»
Bientôt l’insurrection des consciences ?
– « Toute précaution de langage relève désormais de la cécité volontaire. […] Si les responsables politiques européens continuent à attendre – et à attendre quoi ? –, s’ils ne se lèvent pas en responsabilité et en dignité pour appliquer des sanctions contre Israël et rompre leurs relations avec ce régime incendiaire, ils figureront au nombre des accusés devant l’histoire. Plus grave : ils invalideront le principe même de l’Europe, ils cosigneront la fin de la démocratie, le triomphe du fascisme.» Signé Sophie Bessis, Dominique Eddé, Annie Ernaux et Christiane Taubira. Mediapart, 04/05/2025 : Gaza : l’appel des quatre à dire non
– Pour qu’il y ait insurrection, il faut une prise de conscience. Alexandra Schwartzbrod, dans Libération, semble inviter à la mobilisation. « Quel recours reste-t-il si le droit et les Etats ne peuvent ou ne veulent pas bouger ? La mobilisation populaire, si elle était massive, dans le monde entier, pourrait avoir un impact. » Libération, 24/04/2025 : Dans Gaza dévastée, les Palestiniens seuls au monde
– Appel à sanctions : « Le ministre des affaires étrangères néerlandais, Caspar Veldkamp, a adressé une lettre à Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne, dans laquelle il réclame une révision de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, conformément à son article 2. Celui-ci précise que les relations entre l’UE et Israël sont fondées sur le respect des droits humains et des principes démocratiques. » – Le Monde, En Direct, 07/05/2025 à 22h10.
– « Les Etats doivent agir « maintenant » pour ne pas assister à l’« annihilation » des Palestiniens dans la bande de Gaza, ont alerté mercredi plus de 30 experts indépendants des Nations unies. « Les Etats doivent agir rapidement pour mettre fin au génocide en cours, démanteler l’apartheid et assurer un avenir dans lequel Palestiniens et Israéliens coexisteront dans la liberté et la dignité », ont-ils demandé dans un communiqué. Israël a rejeté ces accusations. » – Le Monde, En Direct, 07/05/2025 à 22h10.
– « « Il est inacceptable que l’aide humanitaire ne soit pas autorisée à entrer dans la bande de Gaza », a dénoncé jeudi le directeur humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Pierre Krähenbühl. « Les prochains jours seront absolument décisifs parce qu’il y a un moment où nous manquerons de fournitures médicales et autres aides », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec des journalistes à Genève. » – Le Monde, En Direct, 08/05/2025 à 13h35.
Insurrection contre l’islamophobie ou le génocide ? Retailleau dégaine son islamophobie obessionnelle :
– Contre un assistant parlementaire. Le Monde, 27/04/2025 : Bruno Retailleau saisit la justice contre le collaborateur d’une députée LFI, accusé d’appel « à l’insurrection » lors d’un rassemblement contre l’islamophobie
– Contre le collectif Urgence Palestine pour mieux dissoudre les Palestiniens et les Palestiniennes. Le Monde, 30/04/2025 : Une procédure de dissolution visant le collectif Urgence Palestine et le groupe d’ultradroite Lyon populaire lancée par le gouvernement
. L’accusation de Retailleau contre Urgence Palestine est a priori inconsistante. Le Monde, 09/05/2025 : Les motivations parfois vagues du gouvernement pour justifier la dissolution du collectif Urgence Palestine
. Face à l’acharnement des autorités françaises contre les Palestiniens, une seule solution, le soutien massif à Urgence Palestine grotesquement accusé d’« islamisme ». Déjà plus de 150.000 signatures pour la pétition Contre le génocide, pour une Palestine libre : non à la dissolution d’Urgence Palestine
Autres lieux :
– Israélien ayant fait des études à Paris puis, plus tard, à Jérusalem, Eran Tzidkiyahu est guide touristique dans la « ville sainte ». Il « combine [sa] familiarité avec le terrain, les méthodes de recherche des sciences humaines et sociales ainsi que celles du domaine de la recherche politique » : « L’échec israélien réside là. Israël n’aura jamais de libres racines, elles sont et resteront un artifice. En tant que guide au sein de l’association Ir Amim, j’ai conduit de nombreux Israéliens dans l’arrière-cour de Jérusalem. En ce qui concerne l’injustice et la folie persistantes de la politique israélienne à Jérusalem, l’opinion publique israélienne insiste sur son droit de ne pas savoir. De nombreux participants à la tournée ont fait l’expérience pour la première fois d’une rencontre directe avec la réalité de Jérusalem-Est, pour beaucoup d’entre eux cela a été insupportablement difficile. […] Nous devons réaliser au niveau le plus profond que Jérusalem est un espace partagé. Même si nous construisons le plus haut mur entre nous et eux, nous nous retrouverons toujours à Jérusalem. Israéliens et Palestiniens, juifs, chrétiens et musulmans, religieux et laïcs. Nous partageons tous un espace, une histoire complexe. »
– Des salariés de la Bibliothèque Nationale de France dénoncent l’inaction de cette institution face à la destruction méthodique du patrimoine palestinien. Paris-luttes Info, 27/04/2025 : Culturicide à Gaza : la Bibliothèque nationale de France doit dénoncer la destruction méthodique du patrimoine palestinien
– Misère du monde professionnel de la culture au XXIè siècle. Il est loin le temps des prises de position contre l’oppression. Politis, Soutenir les victimes de l’extrême droite
– Klemperer, Victor, toujours d’actualité : RFI, 25/04/2025 : La propagande nazie au quotidien: appauvrir la langue pour contrôler la pensée
Notes
La dernière en date publiée par Marianne délivre un certificat de démocratie à Israël, faisant l’économie d’un examen approfondi. « Le comportement politique actuel d’un pays sans frontières reconnues, sans constitution, refusant de respecter les décisions internationales et s’autorisant toutes les opérations militaires, trouve sa cause ultime dans [la] forclusion psychotique » ne manque pas de souligner le psychanalyste Gérard Haddad (« Archéologie du sionisme », Éd. Salvator, 2024, p.39). ↑
Hormis le président Macron, deus ex machina du climat politique de corruption, faux adepte de principes, qui avance le leurre d’une éventuelle reconnaissance « utile » d’un État palestinien au moment où il devient matériellement impossible de réaliser celui-ci. C’est lui qui, sous l’éternel argument du terrorisme, avait eu la « bonne idée » confusionniste de vouloir organiser une coalition contre le Hamas à la manière de celle qui avait été constituée contre Daech. Nullement prise au sérieux par ses homologues. ↑
C’est ce que nous invite à faire Blanche Sabbah qui déplore que le terme « antisémitisme » recouvre l’ensemble des niveaux de gravité des actes dans « un même continuum » indistinct. Elle propose de suivre l’exemple des mouvements féministes qui ont défini une hiérarchie dans la gravité des offenses sexistes, des délits sexistes ou sexuels, et des crimes sexuels. Rien de tel dans les qualifications d’antisémitisme. Voir l’émission de Mediapart du 15 avril 2025 « Nous, Français, Juifs, de gauche » ↑