Du philosémitisme affiché à un antisémitisme de facto de l’Etat français.
A propos de l’agression du RAID contre Pierre Stambul, Boniface parle d’antisémitisme et il a raison.
On a ainsi appris que pour les autorités il y avait deux sortes de Juifs, les « bons’, ceux qui soutiennent le sionisme et la politique israélienne et les « mauvais » ceux qui critiquent le sionisme et la politique israélienne.
Il est interdit, sous peine d’être accusé d’antisémitisme, de critiquer les « bons », et on sait que cela peut-être puni par la loi. Par contre il devient de bon ton d’agresser les « mauvais » et on sait que la police non seulement admet de telles agressions mais peut même y participer.
Depuis quelque temps un « canular » se développe, dont le responsable semble être un franco-israélien, ancien membre de la Ligue de Défense Juive, canular qui se traduit par un appel à la police signalant qu’une personne connue pour son soutien aux Palestiniens a tué sa femme. La police intervient comme il se doit et ne peut que constater qu’il n’en est rien. En général, le travail de la police s’arrête là.
Il y a pourtant eu un cas différent. La police reçoit un appel disant que Pierre Stambul, co-président de l’Union Juive Française pour la Paix, vient de tuer sa femme. Ici le scenario change. C’est le RAID, une unité d’élite destinée à combattre le grand banditisme et le terrorisme, qui intervient et qui, après avoir vérifié que la femme de Pierre est bien vivante, agresse Pierre, le menottant et le ligotant, et séquestre sa femme sous la menace d’une arme braquée contre elle. Puis Pierre est placé en garde à vue pendant plusieurs heures. Après le meurtre supposé de sa femme, on invente des caches d’armes. Le supposé canular devient ainsi une agression contre Pierre Stambul.
Le ministre de l’Intérieur, qui a reçu trois journalistes victimes du « canular », ne semble pas trop prendre au sérieux l’intervention du RAID. Au contraire, il se complaît dans la version du canular qui fournit un bon coupable. Celui-ci, qui s’est donné le nom d’Ulcan, vit en Israël ; on pourra demander au gouvernement israélien de l’extrader et tout finira bien. Il suffit donc d’attendre. L’affaire se réduit ainsi à une mauvaise plaisanterie.
Tout cela, n’est qu’une échappatoire. Cela évite de poser deux questions :
- Pourquoi le RAID est-il intervenu là où il aurait suffit de simples forces de police, comme cela a eu dans les autres cas.
- Pourquoi le RAID, constatant que l’appel était un faux, s’est-il acharné contre Pierre Stambul et l’a placé en garde à vue, comme s’il avait été pris en flagrant délit d’on ne sait quoi.
Ce sont pourtant ces questions qui importent.
Le ministre propose de s’excuser. Le fera-t-il ou non ? peu importe. Il ne s’agit pas d’excuses devant une bavure, il s’agit de savoir les raisons qui ont conduit d’abord à envoyer le RAID, ensuite à placer Pierre Stambul en garde à vue. C’est l’Inspection Générale des Services qui doit enquêter sur ce qui ne se réduit pas à une simple bavure. Sans une telle enquête, enquête qui doit établir les responsabilités de l’action du RAID, enquête qui dépasse l’hypothèse du « canular », on ne pourra que constater la volonté des autorités, qu’elles soient policières ou politiques, de laisser se développer l’antisémitisme lorsqu’il s’attaque aux Juifs qui critiquent le sionisme et la politique israélienne.
Mais il ne faut pas oublier de prendre en compte les sympathies sionistes du gouvernement. Ce sont ces sympathies qui conduisent des ministres à reprendre l’amalgame antisionisme = antisémitisme, comme l’a fait il y a quelques mois le premier ministre devant une assemblée de notables juifs. Ce sont ces sympathies qui ont conduit la gouvernement à maintenir la circulaire Alliot-Marie contre BDS permettant les nombreuses poursuites judiciaires contre les militants et des convocations à la police comme celle récente de Jean-Guy Greilsamer co-président de l’Union Juive Française pour la Paix, qui, lui aussi, été victime du « canular » d’Ulcan.
L’agression contre Pierre Stambul ne serait que l’une des conséquences de ces sympathies sionistes. On peut ainsi définir un « bon » antisémitisme, celui qui s’exerce à l’encontre des « mauvais » Juifs ; ce « bon » antisémitisme aurait l’avantage d’avoir l’accord du CRIF.
Rudolf Bkouche
membre de l’UJFP