Le 21 octobre 2015 par le Comité National Palestinien de BDS
Solidarité avec la résistance populaire palestinienne! Boycottez Israël maintenant !
Vague de solidarité BDS #SolidarityWaveBDS
Q1. Comment décririez vous la situation actuelle sur le terrain?
R1. Une nouvelle génération de Palestiniens avance sur les pas des générations précédentes, s’élevant contre le régime brutal d’Israël, plusieurs décennies d’occupation, de colonialisme et d’apartheid. C’est une nouvelle phase de la lutte populaire contre le terrorisme de l’État d’Israël.
Des dizaines de milliers de Palestiniens, très majoritairement jeunes, ont rejoint les manifestations qui se sont déroulées dans plus de 65 villages palestiniens, leurs environs et les camps de réfugiés.
Il est significatif que ces manifestations aient lieu dans toute la Palestine historique : en Cisjordanie, à Gaza et avec les citoyens palestiniens d’Israël. Les communautés de réfugiés palestiniens des pays arabes voisins se mobilisent tout autant. Certaines manifestations ont attiré plus de 20.000 personnes.
Le soulèvement est conduit par une génération de jeunes David palestiniens sans peur, qui ne sont plus intimidés par la brutalité du Goliath israélien et qui revendiquent leur droit à l’autodétermination et à la liberté.
La réponse d’Israël est une répression féroce fondée sur une utilisation écrasante de la force militaire et une augmentation croissante des exécutions pour étouffer les manifestations populaires. Israël a intensifié l’isolement des zones résidentielles palestiniennes par rapport à Jérusalem et les unes par rapport aux autres, établissant de nouvelles restrictions sévères sur la circulation. Jabal al Mukabber, village à l’intérieur de Jérusalem, est complètement isolé par un mur de ciment de cinq mètres de haut. 12 routes au moins autour de Jérusalem ont été fermées et 12 nouveaux checkpoints ont été dressés autour de la ville. Les Palestiniens sont très souvent empêchés de circuler entre les principales villes de Cisjordanie par des checkpoints ad-hoc.
Q2. Pourquoi les tensions montent-elles maintenant? Qu’est-ce qui nous a conduits à cette situation ?
A2. L’oppression coloniale et la résistance qui en découle ne peuvent être présentées avec justesse comme des «tensions ».
Ce soulèvement populaire mené par les jeunes, soutenu par la totalité du spectre politique palestinien, est une réponse aux incessantes actions d’Israël : nettoyage ethnique, blocus, agressions racistes contre des églises et des mosquées palestiniennes, construction de colonies, démolition de maisons et déshumanisation flagrante. Ce qui les déclenche directement, c’est la politique de plus en plus intensive d’extrême droite du gouvernement le plus fanatique, raciste et dominé par des colons de l’histoire d’Israël.
Un rapport de l’Union Européenne, délivré aux médias en mars 2015, indiquait que cette politique d’Israël, et surtout à Jérusalem, avait fait monter la réalité sur le terrain jusqu’à un ‘dangereux point d’ébullition’ jamais vu depuis la fin de la seconde Intifada en 2005.
Immédiatement après la fin du massacre commis à Gaza en 2014, Israël a commencer à aggraver drastiquement sa politique coloniale. En plus des 8 ans de siège sur 1,8 millions de Palestiniens à Gaza, le déplacement tenace de communautés palestiniennes et l’expansion de colonies illégales en Cisjordanie, spécialement à Jérusalem, ont repoussé les Palestiniens sous occupation israélienne dans des Bantoustans toujours plus réduits et sous ségrégation raciale. Par exemple, Israël a démarré son plan de déplacement forcé de 27.000 Palestiniens vivant dans 46 communautés de la Zone C vers des ‘camps de réinstallation’ dans des townships.
En août, les forces d’occupation israéliennes ont démoli 145 bâtiments propriétés de Palestiniens en Cisjordanie, déplaçant 208 personnes. Selon l’UN OCHA, c’est le chiffre le plus important en cinq ans de bâtiments démolis en Cisjordanie en un mois. La même agence a rapporté qu’en 2015 jusqu’à ce jour, 554 Palestiniens ont été déplacés par les démolitions en Cisjordanie occupée, dont Jérusalem Est (à la date du 12 octobre), et 13.000 autres bâtiments palestiniens, principalement en Zone C, sont encore sous ordre de démolition.
Les crimes quotidiens d’Israël contre les Palestiniens dans la Vieille Ville occupée de Jérusalem et la profanation implacable par les colons messianiques de l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa en tant que politique ratifiée par l’État n’a laissé aucun doute aux Palestiniens sur le fait qu’Israël s’est embarqué dans ce qui pourrait bien être la phase finale de la destruction continue du statu quo à Jérusalem, dans le but explicite de « judaïser » la ville illégalement occupée.
Q3. Comment Israël réagit-il à la résistance populaire palestinienne ?
R3. Les forces de police israéliennes , les militaires et les foules de lyncheurs de colons fondamentalistes ont attaqué sauvagement les manifestants palestiniens et abattu des enfants et de jeunes palestiniens dans la rue, y compris des passants, sous la protection absolue du système judiciaire israélien du coup de tampon.
D’après l’association palestinienne de droits de l’Homme Al-Haq, 42 Palestiniens ont été tués entre le 1er et le 19 octobre, la plupart d’entre eux ont été abattus par les forces israéliennes d’occupation au cours des manifestations. Pus de 2.000 ont été blessés par des gaz lacrymogènes, des balles d’acier enrobées de caoutchouc et des balles réelles.
L’Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme a fait un rapport détaillé des meurtres perpétrés par l’armée d’Israël, demandant à l’ONU de lancer une enquête immédiate.
Les militaires israéliens ont assassiné des Palestiniens afin de terroriser la population palestinienne. Fadi Alloun, 18 ans, rentrait chez lui quand il a été tué par la police israélienne à l’instigation de Juifs israéliens fanatiques.
De nouvelles lois israéliennes et une culture dominante de racisme et de haine, entretenue pendant des dizaines d’années dans la société israélienne par l’appareil d’État, a permis aux forces d’occupation d’Israël d’adopter une politique du tirer-pour-tuer contre des enfants et de jeunes manifestants palestiniens dans des situations qui ne présentent aucune menace sérieuse.
De nouvelles règles d’« engagement » permettent aux soldats israéliens de tirer sur les manifestants chaque fois qu’il y a une « menace pour la vie humaine ». Très clairement, la vie des manifestants ne figure pas dans cette ligne de conduite, puisque le personnel israélien ne les considère simplement pas comme des humains.
Des assassinats et exécutions arbitraires de Palestiniens ont été largement pratiqués par les forces israéliennes et les milices de Juifs messianiques officiellement-autorisées, telles que les gangs du Prix à Payer.
Le lynchage de jeunes hommes ou jeunes femmes simplement parce qu’ils ont un « look arabe » est en hausse. Comme dans l’Afrique du Sud de l’apartheid et dans le Sud des Etats Unis de Jim Crow, quand la victime est palestinienne et le coupable israélien, la justice n’est jamais sollicitée.
Les forces d’occupation israéliennes ont pratiqué des incarcérations massives pour réprimer les manifestations, arrêtant 850 Palestiniens, dont 300 enfants.
Encouragés dans cette voie par l’incitation raciale des leaders israéliens, de très nombreux Israéliens ordinaires ont de plus en plus souvent prôné et demandé l’attaque et le meurtre de Palestiniens. Israël dans son ensemble a jeté le masque, révélant le vrai visage de son hideux régime d’oppression coloniale.
Q4. Pourquoi les Palestiniens accusent-ils Israël de « punition collective» ?
R4. Les organisations palestiniennes et internationales de droits de l’Homme, dont Amnesty International, ont condamné les innombrables politiques de répression bien répertoriées contre les civils palestiniens vivant sous occupation comme représentant une «punition collective». Les autorités d’occupation israéliennes ont régulièrement utilisé cette politique pour étouffer la résistance palestinienne.
La semaine dernière, un ministre du gouvernement israélien a appelé à détruire toutes les maisons palestiniennes construites sans permis à Jérusalem Est, menace qui vise presque 40% des Palestiniens de la ville à cause du zonage restrictif. Alors que cette politique de démolition de maisons, qui vise à réduire la population palestinienne indigène de Jérusalem, dure depuis des dizaines d’années, l’appel de ministres clé de l’actuel gouvernement à aggraver maintenant cette politique est la preuve d’une punition collective.
Le maire porteur d’arme de Jérusalem a demandé aux civils juifs israéliens de porter des armes. Les foules armées de terroristes fondamentalistes juifs cirant « Mort aux Arabes », qui paradent régulièrement dans les rues de Jérusalem occupée en menaçant la vie des civils palestiniens, se sentent maintenant défendus et protégés par le maire de la ville (qui n’est pas reconnu en tant que tel par les Palestiniens). D’autres villes ont interdit les travailleurs palestiniens dans les institutions publiques et sur les sites de construction.
Q5. Quelle est votre position sur la violente confrontation en cours et spécialement du point de vue palestinien ?
R5. La cause profonde de toute cette violence, ce sont les décennies d’occupation par Israël et de violations des lois internationales. Ceux qui s’intéressent sincèrement à la fin de la violence devraient travailler à abolir le régime d’oppression israélien, comme l’apartheid fut aboli en Afrique du Sud. C’est ainsi qu’on met fin à la violence initiale de l’oppresseur et, par contrecoup, à la résistance de l’opprimé, violente ou non.
Incarcérer des millions de Palestiniens dans des Bantoustans sous ségrégation raciale en Cisjordanie, dont Jérusalem Est, ou dans le camp de prisonniers de Gaza, et leur dénier leurs droits fondamentaux est une recette garantie de résistance et de défi collectif.
Q6. Les Palestiniens ne devraient-ils pas mettre fin à la violence pour convaincre le monde qu’ils veulent sincèrement la paix ?
R6. Comme l’a dit très justement Josh Ruebner, de la Campagne Américaine pour Mettre Fin à l’Occupation :
«Â Il n’existe aucun exemple dans l’histoire d’un peuple colonisé et brutalisé qui accepterait son sort sans faire payer dans une moindre mesure le goût de la violence écrasante qui lui est infligée par le colonisateur. Exiger des Palestiniens qu’ils renoncent à la violence alors qu’Israël continue à les écraser, c’est faire des Palestiniens une exception, concéder en leur nom leur droit à la liberté, approuver et soutenir la marche d’Israël vers un contrôle permanent de la totalité de la Palestine historique et faire tout ce qui est imaginable pour effacer l’existence irréfutable et la capacité de résistance des Palestiniens. »
Du point de vue des Palestiniens et de toutes les communautés opprimées à travers le monde, la paix doit être construite sur la justice et ne peut être soutenue que sur la base de l’égalité des droits entre tous les êtres humains, sans tenir compte de leur identité. Autrement, il ne s’agit pas de paix réelle, mais de soumission à l’oppression comme une fatalité. Le mouvement anti-apartheid d’Afrique du Sud a rejeté cette «paix», de même que le mouvement pour les droits civiques aux Etats Unis, les luttes anti-coloniales de l’Inde à l’Algérie, les luttes contre les dictatures et pour la démocratie de l’Indonésie au Chili. Les Palestiniens aspirent à la liberté et à la justice tout autant que n’importe quelle autre communauté opprimée.
Q7. Pourquoi les Palestiniens se préoccupent-ils tant de l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa ?
R7. Contrairement à ce que déclare la propagande israélienne, cette vague de répression israélienne et de résistance palestinienne n’a rien à voir avec les droits «religieux» des Juifs. Les Palestiniens sont profondément inquiets devant les efforts incessants d’Israël pour démolir les décisions sur le «statu quo» acquises en 1967 à propos de l’occupation de Jérusalem par Israël et qui réserve l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa à la dévotion des musulmans, parce que c’est perçu comme un pas vers son contrôle par Israël et l’interdiction pour les Palestiniens de certaines parties du sanctuaire et de la Vieille Ville occupée.
Les Palestiniens ont de bonnes raisons d’être inquiets parce que, en 1994 à la mosquée d’Abraham à Hébron, une violence similaire a culminé dans le massacre de fidèles palestiniens. Et, au lieu de punir les colons meurtriers, Israël les a récompensés en prenant le contrôle de la mosquée et en la divisant en deux sections, juive et musulmane, en réservant certaines routes aux seuls colons juifs, et en exerçant finalement un contrôle exclusif sur la vieille ville d’Hébron – le tout sous prétexte de sécurité.
L’actuel gouvernement israélien d’extrême droite essaie de provoquer une «guerre religieuse» en lâchant la terreur de groupes de Juifs messianiques contre des lieux saints et des maisons de Palestiniens chrétiens et musulmans. Ceci est fait cyniquement pour occulter la vraie nature du régime israélien d’oppression coloniale et gagner en retour un peu de sympathie de la part d’un monde qui s’éloigne de plus en plus d’Israël comme d’un paria, principalement grâce à la rapide croissance du mouvement BDS.
Dans ce contexte, les Palestiniens ont essentiellement maintenu la nature de libération nationale de leur combat et ont résisté aux tentatives pour les attirer dans le piège d’un conflit religieux. La solidarité avec la Palestine demeure aussi globale et anti-raciste que jamais.
Q8. Quel rôle devrait jouer la communauté internationale ?
R8. Dans des temps de sévère répression comme ceux que nous constatons aujourd’hui dans les territoires palestiniens occupés, spécialement dans la Vieille Ville de Jérusalem, les citoyens amoureux de la paix dans le monde entier sont appelés, avant toute chose, à mettre fin à la complicité de leurs Etats respectifs, ainsi que des entreprises, institutions, syndicats et fonds de pension, dans le maintien du régime israélien d’occupation, de colonisation et d’apartheid.
Les outils les plus efficaces dans ce but se trouvent dans le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) conduit par les Palestiniens, dont l’impressionnant impact académique, culturel et économique de ces dix dernières années est en train de prendre une ampleur internationale.
Aujourd’hui, on reconnaît à BDS sa contribution au net déclin de 46% des investissements directs en Israël en 2014 et d’une baisse de 24 % des exportations israéliennes dans les territoires occupés. Une étude de la Rand Corporation prédit que BDS pourrait coûter à Israël, dans les dix prochaines années, des dizaines de milliards de dollars.
BDS oblige Israël à rendre compte en menant une campagne mondiale stratégique, conforme à la morale et indéniablement efficace. Rejoindre ce mouvement est la façon la plus solide et la plus efficace de soutenir la construction d’une paix juste et globale qui soit en harmonie avec la législation internationale et avec la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Traduction : J. Ch. pour BDS France
Source: BNC http://www.bdsmovement.net/2015/qa-palestinian-popular-resistance-13440