Avec le retrait de l’UNESCO Trump fait passer « Israël d’abord »

La politique étrangère « L’Amérique d’abord » de Donald Trump était manifeste jeudi lorsque le Département d’État a annoncé que les États Unis se retiraient de l’UNESCO sur le supposé « biais anti-israélien de cette instance des Nations Unies.

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Du temps du Président Barack Obama, les USA avaient déjà coupé leur financement de l’agence à cause d’une loi américaine qui restreint le soutien à des instances de l’ONU qui reconnaissent la Palestine comme État.

La directrice de l’UNESCO, Irina Bokova, a exprimé ses regrets face à la décision américaine.

Bokova s’était mise en quatre pour apaiser Israël, y compris en faisant écho à ses fausses allégations sur un biais anti-Israël à l’UNESCO.

On peut voir jusqu’à quel point les dirigeants américains sont prêts à servir Israël, par une simple expérience mentale : il est impossible d’imaginer les USA se retirant de quelque instance mondiale en mentionnant un biais « anti canadien », « antibritannique » ou « anti français ». Même s’ils sont parmi les alliés les plus proches des USA, un tel geste mettrait immédiatement le président sous le feu d’accusations de sa base nationaliste virulente, l’accusant de faire passer les intérêts étrangers avant ceux de l’Amérique.

Le Président Trump est au contraire susceptible d’être largement loué et non seulement par les segments les plus à droite de l’establishment américain.

En avril, l’ensemble des 100 sénateurs américains a signé une lettre qui endosse le mythe selon lequel l’ONU a un « programme anti-Israël ».

Cela signifie qu’il y a peu de chances que dans ces cercles soit fait un examen très critique de la fausse allégation d’un biais anti Israël.

Quand israël dénigre

Au cours des derniers mois, Israël et ses soutiens ont prétendu à tort que les résolutions de l’UNESCO ont ébranlé les liens des juifs avec les sites patrimoniaux en Cisjordanie occupée et à Jérusalem Est.

Il y a un an, Israël a tenté de faire retirer de la liste de l’UNESCO des sites en danger du patrimoine mondial, la Vieille Ville de Jérusalem, le site de la mosquée d’al-Aqsa.

Cette tentative s’est faite au moment où des groupes qui appellent à la destruction de la mosquée d’al-Aqsa et à son remplacement par un temple juif ont intensifié leurs actions, souvent avec le financement et le soutien du gouvernement israélien.

La tentative d’Israël est intervenue deux semaines après le vote de l’UNESCO condamnant la multitude de moyens bien connus par lesquels Israël viole les droits des Palestiniens et des croyants musulmans à la mosquée d’al-Aqsa et menace l’intégrité architecturale du domaine.

Israël a prétendu à tort que ce vote niait un lien juif à la mosquée d’al-Aqsa que les Juifs appellent le Mont du Temple.

Conséquemment à ce vote, Israël a lancé une campagne mondiale de dénigrement contre l’UNESCO, allant jusqu’à l’assimiler au groupe État Islamique, DAECH.

Faire respecter le droit international

Certains responsables de l’ONU ont cédé au harcèlement israélien et ont pris des distances avec la résolution.

Mais, en mai, l’UNESCO a voté une résolution qui, en ligne avec le droit international, déclare « nulle et non avenue » l’annexion par Israël de Jérusalem Est, et exige qu’Israël cesse ses fouilles et autres travaux dans la ville.

Israël a de nouveau lancé une campagne de diffamation, le Premier ministre Benjamin Netanyahou appelant la résolution « décevante » et « bizarre ».

Tout ce qu’avait fait l’UNESCO était de réaffirmer ce que le Conseil de sécurité de l’ONU avait déclaré à peine quelques mois plus tôt : qu’Israël est la puissance occupante et doit se conformer au droit international.

Des mois plus tard, la colère d’Israël s’est encore accrue lorsque l’UNESCO a voté deux résolutions mettant de nouveau en avant le droit international.
Les résolutions reconnaissaient la Vieille Ville de Hebron et la mosquée d’Ibrahim comme sites du patrimoine palestinien en danger.

Distorsion historique

Israël s’est encore livré à un déchaînement verbal, prétendant que l’UNESCO diffuse des « mensonges » et « une histoire fallacieuse ».

« Cette fois, ils ont décidé que la tombe des patriarches à Hebron est un site palestinien, donc non juif, et qu’il est en danger » s’est exclamé Netanyahou.

La tombe des patriarches est le nom donné par Israël à la mosquée d’Ibrahim, où un colon juif américain a massacré 29 Palestiniens en 1994. Le site est vénéré par les Musulmans, les Chrétiens et les Juifs comme lieu des sépultures d’Abraham et d’autres prophètes.

Ce qu’a fait Netanyahou – comme le font souvent des responsables israéliens – c’est un amalgame entre la croyance juive et le contrôle israélien, comme si un site ne pouvait pas être à la fois révéré par des Juifs et situé sur un territoire palestinien. Il n’y a cependant pas de contradiction entre le fait qu’un site soit d’un côté palestinien et de l’autre, sacré pour les Musulmans, les Chrétiens et les Juifs.

Donc concrètement le « biais anti israélien » revient à ne pas soutenir avec enthousiasme les distorsions et les mensonges d’Israël destinés à légitimer sa colonisation illégale et ses tentatives d’effacement de l’histoire en Palestine qui n’étaye pas le récit colonial sioniste.

Le retrait américain intervient alors que l’UNESCO s’apprête cette semaine à élire le successeur de Bokova, une compétition que les media israéliens ont dépeint comme une bataille sectaire entre un favori musulman du Qatar et une candidate juive de France.

Il y a peu de raisons de déplorer le départ des USA de l’UNESCO. Ce qui serait encore mieux serait qu’Israël suive.

14 octobre |Ali Abunimah pour The Electronic Intifada|Traduction SF pour l’AURDIP |Actualités

en anglais

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