Le 24 avril 2025, François Burgat, intellectuel reconnu, comparaîtra au tribunal d’Aix-en-Provence pour apologie du terrorisme.
Ce procès n’est pas isolé : il révèle une offensive systémique contre notre droit fondamental de parler pour la Palestine, de dénoncer le génocide ainsi que l’islamophobie.
La répression vise les idées et ceux qui les portent. D’abord les musulmans, les premiers ciblés puis tous ceux refusant le silence complice. Élu.e.s LFI , chercheurs et chercheuses, syndicalistes, journalistes, imams : les cercles de l’intimidation s’élargissent inexorablement, en même temps que s’élargissent les sphères de la résistance à l’ordre nouveau, celui de l’extrême-droite occidentale au pouvoir.
François Burgat est une cible et un symbole. Sa véritable faute ? Avoir brisé de longue date et avec une constance inébranlable les barrières d’une pensée dominante dans la petite province française qui ne se pense grande qu’en déshumanisant le reste du monde. François Burgat dans son travail académique comme dans son expression publique a reconnu aux musulmans leur dignité d’acteurs politiques à part entière, et non d’objets d’étude ou de sujets à surveiller. Il est notamment poursuivi pour la reproduction sur X d’un extrait d’un ouvrage de 2016 : ce qui était toléré dans le débat public est aujourd’hui criminalisé. Et pour cause, à l’heure où Trump agrandit physiquement Guantanamo, l’extension du domaine de la prétendue guerre contre le terrorisme ne cesse de déployer la terreur.
François Burgat est aussi poursuivi pour avoir contesté la condamnation d’Abdelhakim Sefrioui, frappée d’appel et non définitive. Le simple usage du droit à la critique de la législation anti-terroriste actuelle fait désormais de nous des cibles de cette législation.
Pendant ce temps, les soutiens du génocide à Gaza ne sont toujours pas poursuivis, des Ministres en sont à hurler leur envie d’en découdre avec les femmes musulmanes de la manière la plus vulgaire qui soit. Eux diffament, incitent à la haine, justifient la violence génocidaire et reçoivent tribunes, honneurs et postes influents.
La justice est instrumentalisée ouvertement au service d’un double standard : protéger la parole discriminatoire, criminaliser la conscience solidaire. Le dispositif est toujours le même et nullement dissimulé : les sempiternelles associations pro-israéliennes traquent sur les réseaux sociaux, leurs relais se mettent en marche dans la presse Bolloré, le ministère de l’Intérieur est tagué sur X et les poursuites se déclenchent. Dans un contexte où les tribunaux sont engorgés, des circulaires sont édictées pour que la justice d’abattage politique à la chaine soit prioritaire : garde à vue, procès, condamnation, une voix en moins.
Ce n’est pas seulement Burgat qu’ils cherchent à réduire au silence. C’est toute pensée critique, toute parole indépendante, toute résistance intellectuelle collective. François Burgat n’a jamais cédé aux intimidations de ces dernières années : l’islamophobie d’État qui a conduit tant de chercheurs musulmans au silence ou à l’exil, la traque absurde des avis divergents dans l’université, l’exclusion professionnelle en milieu académique, les campagnes de diffamation dans la presse : l’islamophobie devient un outil maccarthyste contre toute pensée.
Le droit, normalement rempart contre l’arbitraire, devient une arme d’intimidation massive du pouvoir. Il ne joue plus son rôle : mettre fin aux appels au meurtre, à l’apologie de crimes contre l’humanité, les voix solidaires seules sont attaquées avec force.
Le chercheur François Burgat est convoqué devant la justice quand le criminel de guerre Netanyahou, sujet d’un mandat d’arrêt international, survole le territoire national ? À un moment la dissonance est trop forte. Et le principe d’égalité face à la loi est bafoué de fait. Alors que les USA entament une transition inquiétante, ici en Europe, nous sommes aussi face à un choix civilisationnel : au minimum l’état de droit, la liberté d’expression et de débat, la défense des droits humains (une no fly zone au dessus de Gaza est-ce trop demander ?), ou de nouveau plonger dans la barbarie fasciste et ses fondements racistes, dont l’islamophobie est aujourd’hui le fer de lance ?
Le 24 avril, c’est notre voix commune qu’ils jugent. Soyons présents au tribunal d’Aix. Ne laissons pas confisquer nos libertés.
Premier signataires :
- Collectif Attariq
- Islam et Info
- Lignes de Crêtes
- Perspectives Musulmanes
- UJFP
- CAGE International
- Parti des Indigènes de la République