Assemblée Générale des 13 et 14 novembre

L’Assemblée Générale de l’UJFP s’est tenue à Paris les 13 et 14 novembre. Elle a entendu et approuvé les rapports d’activité et financier.

L’UJFP contre toutes les formes de racisme

L’UJFP est partie prenante des combats contre le racisme sous toutes ses formes et toutes les discriminations, pour que le « vivre ensemble » ait encore un sens, en France comme au Proche Orient, pour que des voix juives laïques et progressistes se fassent entendre.

Force nous est de constater que ce « vivre ensemble » s’est dégradé cette année encore, en France et en Europe comme au Proche Orient.

En France, la politique de stigmatisation des étrangers a connu de nouvelles progressions, la plus spectaculaire étant probablement la désignation des Rroms comme population suspecte. Alors que de très nombreuses municipalités ne respectent pas les obligations légales en matière d’aires d’accueil des « gens du voyage », ce sont eux qui sont traqués. Face aux déclarations honteuses de Messieurs N. Sarkozy et B. Hortefeux cet été, nous saluons les déclarations courageuses des instances européennes et celles de l’Eglise de France, nous dénonçons le silence du CRIF et du Consistoire oublieux qu’ils sont du sort qui était celui des Juifs sous Vichy, occupés à la seule défense de la politique israélienne.

La politique du chiffre en matière d’expulsions se poursuit et la suspicion à l’égard de « l’étranger » vise à protéger les vrais responsables de l’insécurité sociale. De façon non moins systématique, se poursuit une politique de restriction des libertés publiques de tous, de maintien en détention abusif, de généralisation de la vidéosurveillance, d’atteinte aux droits des journalistes – une logique de criminalisation du mouvement social, de répression sans précédent.

L’UJFP a été partie prenante des mobilisations du 4 septembre et du 16 octobre pour dire non à la politique du pilori. Elle s’inquiète en cette période de crise de la remontée des phénomènes d’intégrisme religieux et des manifestations de violence raciste, notamment des dégradations commises à plusieurs reprises dans des cimetières juifs et musulmans, de celles de plus en plus fréquentes de mosquées. Elle constate que nombreux sont les glissements qui font de la religion musulmane la matrice du terrorisme.

L’UJFP restera mobilisée sur ces thèmes aujourd’hui essentiels, elle réaffirme son adhésion aux combats de RESF, son soutien aux luttes des sans-papiers.

L’UJFP pour le respect des droits des Palestiniens

Concernant la Palestine et le Proche Orient, l’UJFP lutte depuis sa fondation contre la politique de conquête systématique de la Palestine, de séparation (apartheid), d’expropriation des territoires et des biens des non –Juifs (Palestiniens, Bédouins).

Elle prône une paix entre Palestiniens et Israéliens fondée sur l’égalité des droits et la justice, affirme que seule l’application du Droit International permettra de mettre fin à ces injustices. Elle soutient les revendications légitimes du peuple palestinien, dispersé et cloisonné aujourd’hui entre territoires occupés de Cisjordanie et Gaza, Jérusalem Est, Israël (les « Palestiniens de « 48 »), celles des réfugiés tant dans les territoires occupés qu’au delà (Jordanie, Syrie, Liban,…) et celles des Bédouins dans le Néguev, dont les villages non-reconnus (comme el-Araqib) sont régulièrement rasés.

L’UJFP témoigne

L’Assemblée Générale a entendu les conclusions de la mission commune que l’UJFP a accomplie avec l’Association des Travailleurs Maghrébins en France (ATMF), l’association Immigration Développement Démocratie (IDD), la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) en Israël/Palestine du 23 au 31 octobre dernier. Nos 4 organisations juive et arabes laïques ont pu constater à quel point était méthodique la politique de colonisation visant à prendre mètre par mètre, puits par puits, la terre et les ressources du peuple palestinien. Elles ont pu voir comment se poursuivait non un « processus de paix » totalement inexistant, mais bien un processus de guerre faisant alterner des périodes violentes et des périodes de « basse intensité » contre la population civile palestinienne. Les Palestiniens sont repoussés et encerclés dans un espace de plus en plus réduit par le mur et par les dispositions administratives décidées par l’occupant au nom de « sa sécurité ».

A Silwan, prochain quartier de Jérusalem Est visé par les expulsions et les démolitions, les enfants vont à l’école avec leur bagage : ils ne sont pas sûrs de retrouver en rentrant leur maison qui aura pu être démolie ou occupée.

Nous avons constaté à quel point effrayant la société israélienne connaît une dérive de type OAS[1]. Partout où nous nous sommes rendus, nous avons rencontré les représentants d’un peuple toujours debout dans sa résistance. Nous avons également rencontré des Juifs israéliens qui ne sombrent pas dans l’hystérie générale et maintiennent haut et fort leur action anticolonialiste, notamment en répondant à l’appel palestinien pour une campagne internationale de Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) par le « boycott from within », le boycott de l’intérieur.

L’UJFP dans le camp de la justice et du droit

L’UJFP et ses partenaires poursuivront leur travail en commun de façon plus systématique. Le Bureau national est mandaté pour en mettre au point les modalités. Nous participerons à la diffusion des travaux et conclusions du Forum Mondial de l’Education auquel nous avons participé.

Cette année le gouvernement israélien est monté d’un cran dans la violence guerrière contre les soutiens pacifistes à la lutte du peuple palestinien, avec l’agression meurtrière de la première flottille de la paix contre le blocus de Gaza, dans les eaux internationales.

De façon dramatique, la « communauté internationale » accorde à Israël une totale impunité, malgré ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité (imprescriptibles), minutieusement analysés dans le Rapport Goldstone.

Mais l’ONU ne se donne pas les moyens de faire appliquer sa Charte ni même de sanctionner ses membres qui ne la respectent pas.

Nous notons à ce sujet que cela ne concerne pas que le Proche Orient : cette politique entre dans un processus alarmant de déstructuration du droit politique contenu dans la Charte des Nations Unies et il nous appartient de participer à la résistance à cette destruction des normes internationales.

Avec la même détermination qui nous porte à soutenir le BDS en France, nous lutterons contre la poursuite de jumelages de villes françaises avec des villes israéliennes parce qu’elles perpétuent le racisme et la discrimination à l’égard des Palestiniens, fussent-ils citoyens israéliens.

Notre combat pour la paix est inséparable d’exigences de respect des droits humains, du droit de tous les peuples à disposer d’eux mêmes.

Il découle de cet état de fait que l’UJFP réitère sa participation pleine et entière à la Plateforme des ONG pour la Palestine, au Collectif national pour une Paix Juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, à la campagne BDS France, à la coalition contre l’installation d’Agrexco dans le port de Sète, à la campagne « un bateau pour Gaza ». L’UJFP sera présente à Dakar en février prochain au Forum Social Mondial. Elle poursuivra sa participation au Centre de Recherche et d’Information pour le Développement (CRID).

L’UJFP dans BDS

L’UJFP répond en effet à l’appel de la société civile palestinienne au boycott d’Israël, tant que ne seront pas satisfaites les revendications légitimes et conformes au Droit International exprimées par les Palestiniens

– Mettant fin au blocus de Gaza, à l’occupation, à la colonisation de toutes les terres palestiniennes Arabes et au démantèlement du Mur

– Reconnaissant les droits fondamentaux des citoyens Arabo-Palestiniens et Bédouins d’Israël à une égalité absolue,

– Libérant l’ensemble des prisonniers palestiniens détenus en Israël.

– Respectant, protégeant et favorisant les droits des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs maisons et propriétés comme stipulé dans la résolution 194 de l’ONU : droit au retour.

L’UJFP soutient le refus de toute collaboration avec les institutions israéliennes, y compris les institutions culturelles et académiques. Elle soutient la demande de suspension de la participation des fédérations sportives israéliennes aux instances sportives européennes et internationales. Elle estime légitime le boycott de l’ensemble des productions israéliennes.

Le choix tactique de certains d’un boycott ciblé sur les produits des colonies ne peut selon nous s’accompagner d’une réduction des trois revendications avancées par les Palestiniens comme motifs de leur appel et dont la satisfaction seule justifierait la levée de ce mot d’ordre.

De ce point de vue, nous sommes pleinement partie prenante de la pétition de défense de toutes les personnes poursuivies pour avoir appelé au boycott, nous sommes solidaires de Stéphane Hessel calomnié de façon insupportable par des officines sionistes. Nous mènerons la bataille contre tous ceux qui prétendent voir de l’antisémitisme dans la critique de la politique d’Israël et des structures institutionnalisant les discriminations qu’il s’est données. Quels que soient les Etats et frontières qui s’établiront dans la région, il n’y aura pas de paix juste et durable possible sans que l’ensemble des habitants bénéficient des mêmes droits.

Le sionisme contre le Droit des peuples et contre la Paix

C’est en cela qu’une parole juive doit se faire entendre contre la manipulation de l’histoire, de la mémoire et de l’identité juives dans la dénonciation de la politique menée par les gouvernements israéliens successifs, menant inexorablement la société israélienne dans une impasse criminelle et suicidaire.

Le sionisme, que des Juifs persécutés ont vécu comme un mouvement de libération nationale, a abouti à la création d’un Etat qui nie un peuple et ses droits, où domine une idéologie raciste construite sur une manipulation de l’Histoire, de la mémoire, des identités, des relations immémoriales entre Juifs et Arabes, entre juifs et musulmans, au Maghreb et au Moyen-Orient – manipulations que l’UJFP dénonce depuis sa création. Jamais une communauté juive ne pourra trouver la paix en poursuivant là cette aventure coloniale. Pire, en poussant les communautés juives du monde entier à un soutien inconditionnel, en prétendant faire accepter l’identité Juif = sioniste = soutien d’Israël malgré ses crimes avérés, c’est la garantie du développement de l’antisémitisme ici et là bas.

C’est cette parole que l’UJFP portera, y compris à chaque fois que nous le pourrons dans les prétoires où sont traînés ceux qui scandaleusement sont accusés d’antisémitisme par ceux qui sont les premiers responsables de sa résurgence. L’UJFP se félicite du jugement de Pontoise, soutiendra les recours contre le jugement de Bordeaux, sera présente à Mulhouse et Perpignan à l’occasion de prochains procès.

Enfin, la politique israélienne est un élément d’une situation au Proche Orient grosse de risques de guerre généralisée. La dénonciation d’Israël en tant que concepteur et exportateur de matériel de répression à grande échelle dépasse le seul soutien au peuple palestinien, doit retenir toute notre attention.

C’est pourquoi, l’UJFP continuera à participer aux mobilisations anti-guerre.

L’UJFP se donne les moyens de ses objectifs

L’Assemblée Générale mandate le Bureau national pour développer sur ces bases une véritable stratégie de développement de l’association par l’information, la formation, la communication : développement de la diffusion de la Revue « De l’Autre Côté », développement d’un bulletin plus régulier et faisant plus de place à l’activité menée par les militants sur le terrain, plaquette de présentation, développement du site internet,… Elle le mandate pour organiser à nouveau des « Journées de printemps ». Elle appelle tous les militants à s’investir dans les collectifs locaux et à diffuser notre matériel ainsi qu’à prendre toute initiative pour faire entendre notre voix.

[1] OAS : Organisation de l’Armée Secrète, groupe d’extrême droite mené par des militaires français contre l’Indépendance de l’Algérie, responsable d’un putsch, d’assassinats et d’attentats contre des militants algériens, qui a bénéficié d’un soutien massif de la part des « Français d’Algérie »

Bureau National de l’UJFP le 24 Novembre 2010