Tuer, détruire et pulvériser Gaza.
Ces mots d’Amira Hass, journaliste israélienne anticolonialiste, traduisent bien les buts du gouvernement israélien quand il a attaqué Gaza le 8 juillet dernier.
Le sionisme a besoin de tension, de menaces et de guerres pour survivre et gérer les contradictions de la société israélienne et surtout pour rendre les faits accomplis définitifs. Il a besoin de ne pas avoir de « partenaire pour la paix » et s’il en a un, il l’humilie et l’attaque. Il vit du complexe de Massada, cette certitude que les victimes ont été, sont et seront toujours les Juifs, que tout le monde leur en veut et que par conséquent tout est permis.
Le prétexte de l’attaque du 8 juillet, l’enlèvement et l’exécution de trois jeunes colons dans une zone de Cisjordanie occupée interdite aux Palestiniens, n’avait clairement rien à voir ni avec le Hamas, ni avec Gaza. Au début, l’occupant a ajouté aux 5700 prisonniers actuels qui sortaient d’une longue grève de la faim 1000 nouvelles personnes mises en « détention administrative » c’est-à-dire détenues sans jugement aussi longtemps que l’occupant le décide. Très vite, Bennet, Lieberman et Nétanyahou ont décidé d’attaquer Gaza.
Depuis plus de 7 ans, Gaza est une cage, un champ d’expérimentation pour l’occupant. Régulièrement celui-ci assassine des paysan-ne-s dans leurs champs ou des pêcheurs en mer. Bien avant l’agression, des centaines de Gazaouis avaient été victimes des exécutions extrajudiciaires à coup de drones.
Depuis plus de 7 ans, on manque de tout à Gaza à cause du blocus : de nourriture, d’eau potable, de carburant, d’électricité, de médicaments, de ciment, de matériel scolaire. Il est très difficile d’entrer ou de sortir de Gaza.
En plusieurs semaines de bombardements intensifs, l’armée israélienne a tué 2000 personnes, dont une majorité de femmes, d’enfants ou de vieillards. Elle a pulvérisé plusieurs villages ou quartiers : Khuzaa, Chadjaya, Zeitoun … Environ 1/3 de la population a dû quitter son logement alors qu’il n’y a aucun refuge sûr nulle part. L’occupant a commis de nombreux crimes de guerre en attaquant délibérément des écoles, des hôpitaux, des églises, des mosquées, des refuges, en exécutant des prisonnier-e-s … Il a utilisé des armes interdites dont les fameuses bombes à fléchettes.
Avant l’agression israélienne, le Hamas et le Fatah étaient assez impopulaires et leurs stratégies respectives étaient en échec. C’est poussés par une volonté populaire qu’ils ont fini par constituer un gouvernement d’union nationale en passe d’être reconnu par toute la communauté internationale. Pendant les pseudo négociations voulues par Kerry, le gouvernement israélien avait exigé comme d’habitude une capitulation palestinienne au point d’indisposer l’allié américain. Ce contexte explique les buts du gouvernement d’extrême droite israélien. Pourtant, il a été mis en échec.
En Cisjordanie, il y a eu d’importantes manifestations de solidarité et l’armée israélienne a tiré et tué sur le check-point de Qalandia. Les Palestiniens d’Israël aussi se sont mobilisés en bloquant des villes et en barrant des routes.
À Gaza, la sauvagerie de l’agression a provoqué une grande unité derrière les combattants qui ont infligé des pertes sévères aux Israéliens et dont les roquettes ont eu une efficacité inattendue en provoquant la fermeture de l’aéroport de Tel-Aviv.
Idéologiquement, Israël a perdu cette guerre. Son comportement d’Etat voyou a aggravé son isolement diplomatique, malgré une complicité de fait des gouvernements arabes (surtout l’Egypte) qui n’ont rien fait pour secourir les Gazaouis.
Des gouvernements sud-américains ont gelé les relations politiques. Une moitié de l’opinion aux Etats-Unis désapprouve l’attaque contre Gaza, ce qui est nouveau. Le BDS a acquis une nouvelle légitimité et il remporte chaque jour de nouveaux succès.
« L’image » d’Israël se dégrade de plus en plus. Dans ce pays, il y a une ruée sur le deuxième passeport comme si les doutes sur la possibilité de continuer éternellement à tuer impunément devenaient majoritaires.
Certes la résistance en Israël reste modeste et bien minoritaire : quelques manifestations de 10000 personnes. Mais, malgré les menaces et la répression, le camp anticolonialiste est très déterminé et radicalisé.
Israël a peut-être la quatrième armée du monde, mais les fascistes qui dirigent cet Etat n’ont plus aucune perspective crédible et sortent affaiblis de cette tuerie. C’est la seule consolation qu’on puisse apporter à un peuple meurtri.
Pierrre Stambul