L’UJFP constate avec inquiétude que les résultats du premier tour de l’élection présidentielle vérifient les impressions ressenties pendant la campagne : dans cette période de crise sociale profonde marquée par la progression du chômage et de la précarité, les tenants du système en place n’ont pas hésité à désigner comme responsables les Autres, les étrangers, en particulier ceux qui sont originaires de l’Empire perdu ; ils n’ont pas hésité à proposer d’ériger la Nation en forteresse assiégée; ils n’ont pas hésité à surfer sur le sentiment d’insécurité en exploitant tout fait divers tragique passant à portée. Et c’est bien sûr le Front national, que certains ont « dédiabolisé » à bon compte, alors qu’en son sein des courants fascisants prospèrent à l’abri, qui a le plus engrangé.
Pour l’UJFP, la crise sociale ne peut être une excuse pour aggraver la crise démocratique en multipliant les propositions réduisant les libertés publiques (vidéosurveillance, justification des contrôles au facies, tolérance de l’expression de la xénophobie et du racisme, le plus haut dignitaire de l’Etat ayant montré l’exemple) ou en se dérobant au devoir de solidarité (refus de la régularisation des sans papiers, absence de respect du droit d’asile).
L’UJFP s’inquiète de la faiblesse dans la campagne des exigences de solidarité internationale et de défense des droits humains partout dans le monde. La solidarité avec le peuple palestinien a été comme d’habitude oubliée, dénigrée ou négligée par la plupart au cours de cette campagne. Et l’expérience des conséquences de l’intervention occidentale en Lybie sur l’Afrique du Sahel ne devrait-elle pas conduire à plus de réflexion avant d’en appeler à l’intervention militaire en Syrie ?
L’UJFP s’inquiète de la multiplication des expressions explicitement racistes, voire d’appels au meurtre, sur des sites sionistes, sans que le CRIF n’éprouve le besoin de réagir. Sans revenir sur les débordements de la haine islamophobe qui s’est exprimée à l’occasion des drames de Montauban et Toulouse dus à la folie meurtrière de Mohamed Merah, citons la tentative totalement artificielle de faire condamner le travail du photojournaliste Frédéric Sautereau pour son exposition d’Angoulème sur le Hamas, ou les propos insultants et mensongers tenus sur le jeune Français et Palestinien Salah Hamouri, actuellement en France.
L’UJFP propose à tous de réfléchir à tout cela avant le 6 mai, en ne se laissant détourner par aucun coup tordu.
L’UJFP appelle ses adhérents et sympathisants à participer aux rassemblements du premier mai et à en faire l’occasion d’un grand sursaut. A Paris, avant de participer au cortège syndical, nous serons présents au rassemblement de 11h à 12h au Pont du Carrousel à Paris 1er en hommage à Brahim Bouarram, qui, le 1er mai 1995, a été précipité dans la Seine par des gens qui venaient de quitter le défilé du Front national.
L’UJFP, dans le même esprit, répond à l’appel du « Printemps des Quartiers » à participer le 8 mai (une date où se télescopent la capitulation du nazisme et le massacre colonial de Sétif en Algérie) à la Marche qui partira de Barbès (à Paris) à 14 heures sur le mot d’ordre : « 1er tour, 2° tour, le 8 mai c’est notre tour ! ».
Cette marche à l’initiative des quartiers populaires exprimera le refus du racisme d’Etat, dont l’islamophobie et la négrophobie, le refus de l’impunité policière, l’exigence du retour des troupes françaises engagées dans les interventions extérieures et la solidarité avec la lutte des peuples pour leurs droits légitimes dont notamment la justice pour le peuple palestinien.
Le bureau national de l’UJFP, le 24 avril 2012