Après la dissolution de la CRI, plus que jamais, résister à la fascisation du pouvoir

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Le conseil des ministres du 20 octobre 2021 vient de décider de la dissolution de la CRI (Coordination contre le racisme et l’islamophobie). Aussitôt, le sinistre Darmanin s’est répandu sur les réseaux sociaux, déclarant : « Comme le détaille le décret que j’ai présenté, elle appelait à la haine, à la violence et à la discrimination »

 Dissolutions en chaîne

Jamais on n’avait autant dissout que sous Macron. On a vu, pour la première fois depuis un demi-siècle, le pouvoir dissoudre une maison d’édition : Nawa, qui se présente comme une maison d’édition ayant « la volonté de valoriser les sciences humaines et politiques issues de l’héritage musulman » et de contribuer « au renouveau de ces disciplines via l’étude du monde occidental, l’histoire des idées et des doctrines politiques contemporaines ». La liberté d’écrire, d’imprimer librement est un des principes fondamentaux de notre pays depuis l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen déclarant que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ».

Cette dissolution venait après celle d’une association antiraciste, Baraka City et du CCIF, une organisation antiraciste efficace qui faisait appliquer la loi antiraciste française, sans oublier la très récente dissolution de la Ligue de Défense Noire Africaine – LDNA.

Le CCIF était notre partenaire dans la Plateforme antiraciste luttant, avec la BAN, le CRAN et La Voix des Rroms, contre le racisme sous toutes ses formes.

Il faut rappeler que ces associations n’ont jamais donné lieu à une inculpation de leurs militants par la Justice. Aucune de leurs actions n’a jamais fait l’objet d’une condamnation, et pour cause ! Le pouvoir court-circuite la Justice en employant une loi qui a été faite, dans les années 1930 pour dissoudre des organisations fascistes, très violentes dont l’objectif était l’instauration d’un régime de dictature.

Incitation à la haine ?

Le décret indique que la CRI « œuvre à cultiver le soupçon de l’islamophobie au sein de la société française ». Exprimer l’opinion que notre système politique crée de l’islamophobie est ainsi considéré comme un appel à la haine raciste.

Les attendus de la décision du Conseil d’État concernant le CCIF ont balayé la complicité inventée avec le terrorisme et rejeté le lien indiqué par Darmanin d’une implication dans l’assassinat de Samuel Paty. Mais il a aussi repris cette antienne de « l’incitation à la haine ». Si dénoncer le racisme, c’est inciter à la haine – la haine de qui précisément ? – tout le mouvement antiraciste est dans le collimateur.

Pour le pouvoir macronien, qui largement s’inspire des idéologies racistes de l’extrême droite, les Musulmans seraient potentiellement en rupture avec l’ensemble de la société française. En affirmant cela, il inverse cause et conséquence. C’est le séparatisme du pouvoir qui met en danger le vivre-ensemble. C’est le racisme d’État qui s’en prend aux organisations antiracistes.

A qui le tour ?

L’argumentation pernicieuse utilisée, d’un « écosystème » du terrorisme permet, par amalgame, de considérer que tout ce qui en appelle aux Musulmans pour lutter contre les discriminations fait le lit du terrorisme. Ces amalgames sont redoutables et peuvent viser toutes les organisations progressistes, et vise déjà à travers de nombreuses mosquées, la liberté de culte.

On peut s’interroger sur le sens de ce durcissement autoritaire : certains y voient un moment passager, assez mal perçu à l’étranger ; d’autres y voient le retour à l’autoritarisme natif de la 5e République, dans l’atmosphère de la Guerre d’indépendance de l’Algérie, avec ses arrestations, sa censure de la presse et de l’édition et ses violences policières racistes.

Résistance !

En tout état de cause, l’heure est à la résistance contre l’autoritarisme.

L’UJFP exprime sa solidarité avec la CRI.

Que le pouvoir macronien le veuille ou non, la lutte contre l’islamophobie va continuer. Elle s’internationalise même, avec la naissance d’un nouveau partenaire européen, le Collectif contre l’islamophobie en Europe, le CCIE, avec lequel nous entamons une nouvelle relation solidaire.

La fascisation de l’appareil d’État ne passera pas ! Et le combat antiraciste continue.

La Coordination nationale de l’UJFP, le 22 octobre 2021