Texte lu lors de la veillée en hommage aux 800 morts devant la mairie et la Basilique de Saint Denis, par les délégué-e-s de la coordination 93 de lutte pour les sans papiers :
Ce soir nous sommes en colère.
Nous pleurons 800 morts ensevelis dans le cimetière qu’est devenue la mer Méditerranée.
Comme nous, ils avaient rêvé d’un avenir nouveau dans une « Europe de la liberté », des droits de l’Homme comme ils le disaient.
Comme nous, ils ont voulu quitter leur pays pour fuir une guerre, la misère, fuir les violences qui meurtrissent nos corps, afin de pouvoir donner une vie meilleure à nos enfants, nous soigner ou vivre autrement tout simplement.
Vous nous demandez pourquoi nous sommes si nombreux à vouloir quitter notre pays. C’est simple : depuis des décennies et aujourd’hui encore l’Europe et l’Occident pillent nos richesses, nos terres, nos frères et sœurs en toute impunité avec l’accord de nos dirigeants.
Nous sommes là pour dénoncer l’Europe qui construit des murs, celle qui collabore avec nos États pour nous laisser mourir sur les routes de l’exil. Cette Europe nous insulte encore une fois en faisant semblant de s’indigner, de pleurer nos morts en faisant porter toute la responsabilité sur les passeurs et les réseaux mafieux alors que c’est sa politique qui nous oblige à risquer notre vie.
Nous exigeons de l’Europe qu’elle mette en œuvre immédiatement tous les moyens de sauvetage au large des côtes afin que ce drame soit le dernier en Méditerranée.
Nous exigeons qu’elle développe une vraie politique de l’immigration qui cesse de nous voir comme une menace ou comme une force de travail exploitable. Une politique qui garantit à tous et à toutes la liberté de circulation et le droit de s’installer dans le pays de notre choix comme vous l’avez toujours fait chez nous avec ou sans notre accord.
Alors ce soir, nous vous demandons, VOUS les élus, les responsables politiques, les journalistes, les militants associatifs et tous ceux et celles qui sont là pour rendre hommage aux milliers de morts en Méditerranée de rejoindre notre lutte, à nous les sans papiers, pour une régularisation globale qui nous rendra notre dignité.
Saint-Denis, le 24 avril 2015.