Appel à intervenir avant qu’il ne soit trop tard : le PCHR avertit que le système de santé de Gaza s’effondrerait en cas de déferlante de coronavirus

Le Centre Palestinien pour les Droits Humains (PCHR) suit avec inquiétude la situation sanitaire dans la bande de Gaza et avertit sérieusement d’une détérioration catastrophique qui frapperait le secteur de la santé dans le cas d’une poussée de coronavirus (COVID-19). Le PCHR est préoccupé par l’incapacité du système de santé à répondre aux besoins des patients si l’épidémie se répand.

Selon le suivi effectué par le PCHR, les services de santé de Gaza sont déjà au bord de l’effondrement, du fait de la fermeture de la bande de Gaza imposée par Israël au cours des 13 dernières années, exacerbée par les répercussions de la division palestinienne interne et des querelles politiques. Tout cela a fragilisé le système de santé de la bade de Gaza, un manque constant de médicaments essentiels, de matériel médical et un nombre insuffisant de professionnels de santé spécialisés ; le système de santé en est rendu incapable de répondre aux besoins médicaux de base de la population de la bande de Gaza en temps normal.

Selon le ministère de la santé de Gaza (MOH), la fermeture israélienne a empêché le MOH d’importer de nouveaux équipements médicaux ou des pièces détachées pour ceux qui fonctionnent mal. La crise de pénurie de matériel médical est un obstacle majeur au développement et à la viabilité des hôpitaux et des centres médicaux de Gaza à la hauteur des besoins de santé de la population. Dans une déclaration publiée le 21 mars 2020, le MOH a annoncé son besoin urgent de respirateurs, d’unités et d’équipements de soins intensifs, de médicaments, de fournitures médicales et d’équipements de protection pour se préparer à combattre le coronavirus. L’appel du MOH a été lancé après que les autorités israéliennes ont permis l’entrée d’une quantité limitée de fournitures médicales dans la bande de Gaza le 18 mars 2020, dont des équipements permettant de diagnostiquer ceux qui sont atteints par le coronavirus, des centaines de blouses et de lunettes de protection pour que le personnel médical puisse se protéger, suite à une demande de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Le MOH de Gaza a annoncé deux premiers cas de coronavirus dans la bande de Gaza après le test de 118 personnes (116 d’entre elles testées négatives au nouveau coronavirus). De plus, 1 399 personnes ont été mises en quarantaine et dispersés dans 22 centres de quarantaine dans la bande de Gaza, tandis que 1 969 autres sont placées en quarantaine à leur domicile. 1

Le 18 mars 2020, Michaël Link, le rapporteur spécial de la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, a dit dans une déclaration qu’il était soucieux de l’impact possible du nouveau coronavirus (COVID-19) sur la population de la bande de Gaza. Il a ajouté que le système de santé de Gaza s’effondrait déjà avant la pandémie, parce que ses stocks de médicaments essentiels sont bas de façon chronique et que ses ressources naturelles en eau potable sont grandement contaminées. Il a expliqué que la population de la bande de Gaza est aussi une population plus vulnérable physiquement du fait de la malnutrition, de conditions de vie qui se détériorent et d’une densité de population élevée. Lynk a avertit qu’une large diffusion possible du nouveau coronavirus dans la bande de Gaza assiégée exacerbera la pression sur le personnel médical. 2

De plus, le 21 mars 2020, Mr. Jamie McGoldrick, le coordinateur humanitaire de l’ONU pour le territoire palestinien occupé, a dit dans une déclaration que le coronavirus peut avoir des conséquences effrayantes dans la bande de Gaza à cause de la forte densité de population et du fait de services de santé limités. Il a ajouté que « nous sommes très préoccupés par la situation dans la bande de Gaza, c’est une zone compliquée du fait de la fermeture de longue durée et des restrictions imposées par Israël qui pourraient aggraver la situation ». McGoldrick pensait que l’irruption du coronavirus dans la bande de Gaza la transformerait en « incubateur, en particulier quand des gens sont coincés dans une zone densément peuplée où le système de santé souffre du manque de fonds, de ressources et d’équipements médicaux ». 3

Face à la criante d’un effondrement du secteur de la santé dans la bande de Gaza et de l’incapacité prévisible du système de santé à traiter des patients en cas de diffusion du coronavirus, le PCHR :

 insiste sur la responsabilité première d’Israël dans la fourniture de matériels médicaux à la population de la bande de Gaza et sur le fait qu’Israël doive prendre les mesures préventives nécessaires qui sont disponibles, pour combattre la diffusion de maladies infectieuses, en accord avec les articles 55 et 56V de la Quatrième Convention de Genève de 1949.

 en appelle à la communauté internationale et à l’OMS pour faire pression sur Israël et l’obliger à se plier à ses obligations et à permettre l’entrée de fournitures et d’équipements médicaux pour l’examen médical du coronavirus.

 en appelle à la communauté internationale et aux organisations humanitaires pour apporter de l’aide au système de santé de la bande de Gaza, avec des matériels médicaux aux hôpitaux de Gaza pour combattre la diffusion du coronavirus.

 insiste sur le besoin de coordination entre le MOH de Gaza et Ramallah pour combattre la diffusion du coronavirus.

 en appelle à l’Autorité Nationale Palestinienne pour qu’elle mette en place un comité unifié de haute urgence incluant tous les gouvernorats palestiniens, pour suivre les mesures prises pour combattre la dissémination du coronavirus et pour diffuser une information à jour sur les cas d’infection et sur l’accès aux services de santé.

Traduction SF pour l’UJFP


Note-s
  1. Pour consulter le rapport complet du MOH publié le 23 mars 2020, visitez le lien suivant :https://www.moh.gov.ps/portal/wp-content/uploads/2020/03/Corona-23-03-4 .pdf[]
  2. Pour la déclaration complète publiée le 19 mars 2020, voir le site Internet de l’ONU :https://news.un.org/ar/story/2020/03/1051642[]
  3. Pour l’interview complète publiée le 21 mars 2020, voir le site Internet de l’ONU :https://news.un.org/ar/story/2020/03/1051802[]