Sur la page du site du CRIF réservé aux réseaux sociaux, on trouve cette publication Facebook :
« #Antisémitisme – Hier, les manifestations des Gilets Jaunes ont donné lieu à des actes de violences intolérables.
Un tag antisémite des plus ignobles a été découvert sur la vitrine d’une boutique Bagelstein.
Un fait qui rappelle les heures les plus sombres de l’Histoire.
Nous espérons que les auteurs de cet agissement odieux seront arrêtés et condamnés avec la plus grande sévérité. »
Le dessinateur Joan Sfar a alors accusé les Gilets jaunes d’en être les auteurs. Il a alors développé son propos en parlant de centaines de tweets et de tags antisémites qui seraient charriés par les Gilets jaunes.
Pourtant « Check News » du quotidien Libération a contacté le responsable du Bagelstein qui lui a affirmé que le graffiti avait été fait dans la nuit du vendredi au samedi 8 février, c’est-à-dire la veille de la manifestation des Gilets jaunes. Celui-ci a même précisé « La manifestation n’est absolument pas passée dans notre quartier, et ce tag de toute façon a été effectué bien avant que la manifestation ne commence ».
Depuis, on a aussi recensé des tags de croix gammées sur les portraits de Simone Weil.
Ces inscriptions immondes, destinées à faire revivre les pires moments du nazisme ‒ « juden » est un terme explicite et choisi ‒ montrent que le vieil antisémitisme de l’extrême droite n’a pas disparu. Se saisir des inscriptions antisémites pour jeter l’opprobre sur les Gilets jaunes et le mouvement de solidarité avec la Palestine, c’est d’abord diffamatoire et aussi révélateur de l’approfondissement de la criminalisation des mouvements sociaux populaires. Qualifier d’« antisémite » le mouvement social des Gilets Jaunes – cette soi-disant « foule haineuse » –, c’est aussi désigner les Juifs comme étant du côté des élites, des privilégiés, du pouvoir. C’est, là encore, valider l’un des plus répandus des clichés antisémites.
Placer les juifs au cœur de la division sociale, c’est le rôle historique de l’extrême droite qu’assument aujourd’hui sans complexe les soutiens de Macron. Tous ceux qui reprennent cet agenda à leur compte font rigoureusement preuve d’antisémitisme
Du ministère de l’Intérieur aux éditorialistes bien installés, tous se prêtent à l’exercice de l’instrumentalisation : ces manifestations haineuses sont mises au compte des Gilets jaunes pour déconsidérer et casser le mouvement social large qu’ils représentent. C’est aussi l’occasion pour eux de continuer à viser les populations racisées en évoquant leur prétendue haine atavique. Ils manifestent ainsi le plus grand mépris de classe et de race, et ne font que renforcer le terreau idéologique de l’extrême droite sur lequel s’appuie l’antisémitisme dans ce pays.
La véritable lutte contre l’antisémitisme passe par la recherche et la sanction des responsables des faits, elle doit vomir les pompiers pyromanes et faire toujours plus corps avec l’antiracisme politique. Le racisme sous toutes ses formes est notre ennemi commun, et c’est ensemble que nous devons construire les solutions émancipatrices.
La Coordination nationale de l’UJFP le 13-02-2019