Analyse d’Abu Amir, le 11 février – L’avenir de Gaza est sur le fil du rasoir

Dans un développement récent, le Hamas a annoncé qu’il reportait jusqu’à nouvel ordre la libération des otages israéliens prévue pour samedi prochain, augmentant ainsi la tension autour de l’accord. Cette annonce intervient à un moment très sensible, alors que les négociations indirectes entre les parties concernées se poursuivent, dans un contexte de pressions régionales et internationales croissantes pour que l’accord soit mené à bien dans toutes ses étapes.

Raisons pour lesquelles le Hamas a reporté le processus de libération

Le Hamas a pris cette décision en raison de l’incapacité d’Israël à mettre en œuvre certains des termes de l’accord, notamment en ce qui concerne l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Le mouvement estime que ce développement reflète le manque de sérieux d’Israël dans la mise en œuvre transparente de l’accord, ce qui soulève des doutes quant à ses intentions dans la seconde phase de l’accord.

En outre, des sources israéliennes indiquent que la décision du Hamas pourrait être une réponse directe au plan de l’ancien président américain Donald Trump visant à contrôler la bande de Gaza, qui a reçu le soutien de certains cercles israéliens, ce qui complique encore la scène politique et sur le terrain.

Netanyahou s’efforce de soutenir le plan de Trump sur Gaza

Dans un contexte connexe, des sources israéliennes ont révélé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou travaille intensément avec les législateurs américains pour obtenir un soutien au plan de Trump concernant Gaza, car la vision de Trump est basée sur l’organisation d’un nouveau statut pour la bande qui est complètement différent des propositions précédentes, qui comprenaient la supervision de Gaza par l’Autorité palestinienne, car il cherche maintenant à trouver une formule alternative qui contredit les concepts qui ont été mis en avant depuis le début de la guerre.

Les sources ont ajouté que les conseillers de Netanyahou ont intensifié leurs contacts avec des chroniqueurs américains pour les encourager à publier des articles défendant l’idée du transfert des habitants de Gaza vers d’autres lieux, ce qui a suscité une vaste controverse dans les milieux internationaux.

Retarder la libération des prisonniers et les réactions internationales

Selon un fonctionnaire israélien, la dernière position du Hamas pourrait être directement liée au plan Trump pour Gaza, car le mouvement considère qu’Israël utilise l’accord comme un outil pour imposer de nouveaux agendas politiques sur le terrain. En revanche, les sources des pays médiateurs ont exprimé leur colère face aux reports répétés par Israël des pourparlers sur la deuxième phase de l’accord, notant que cela complique encore la situation et affecte les efforts de médiation.

Au niveau israélien, des sources israéliennes ont indiqué que la mise en œuvre de l’accord est dans l’intérêt de toutes les parties et que les organes officiels sont toujours convaincus que l’accord n’a pas encore atteint le point d’effondrement. La déclaration du Hamas est plutôt interprétée comme une tentative d’exercer une pression pour obtenir des gains plus importants dans les négociations. Ces sources ont confirmé que les équipes de négociation s’efforcent toujours de surmonter les obstacles placés par le Hamas pour maintenir l’accord.

Appels à l’achèvement de l’accord dans un contexte de tension

Face à l’escalade croissante, le président israélien Isaac Herzog a déclaré qu’Israël traversait une période très difficile, appelant à l’achèvement de toutes les étapes de l’accord et au retour de tous les prisonniers détenus par le Hamas.

Au niveau de l’analyse politique, l’expert israélien Lior Horev a reproché à Israël d’entraver la mise en œuvre du cessez-le-feu :

– Israël s’était engagé à envoyer une équipe de négociation à Doha le 16e jour de la première phase, mais il n’a pas tenu sa promesse.

– Au lieu de cela, il a envoyé une équipe de négociation faiblement représentée et dépourvue de pouvoirs suffisants pour discuter de la deuxième phase.

– Les représentants du gouvernement Netanyahou ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils n’avaient pas l’intention de mettre en œuvre la deuxième phase de l’accord.

L’Autorité palestinienne annule les allocations versées aux prisonniers

Parallèlement, l’Autorité palestinienne a décidé d’annuler le versement d’allocations et de salaires aux prisonniers palestiniens et à leurs familles, en réponse à des années de pressions israéliennes et américaines. Toutefois, des sources palestiniennes bien informées ont indiqué que cette décision ne signifiait pas l’arrêt définitif des allocations, mais plutôt leur transfert à d’autres entités non affiliées au gouvernement palestinien, dans le but d’éviter les pressions internationales.

Réactions décisives et menaces américaines à la décision du Hamas de reporter la remise des prisonniers israéliens

En Israël, le ministre de la défense, Yisrael Katz, a estimé que la décision du Hamas de suspendre l’accord constituait une violation de l’accord et a demandé à l’armée de se préparer à divers scénarios possibles, en indiquant la possibilité de reprendre les opérations militaires contre Gaza.

Du côté américain, Donald Trump a déclaré que les États-Unis pourraient interrompre leur aide à la Jordanie et à l’Égypte s’ils n’acceptaient pas les réfugiés palestiniens dans le cadre de son plan controversé. Il a également menacé de demander la levée pure et simple du cessez-le-feu si tous les otages israéliens n’étaient pas restitués d’ici samedi, indiquant qu’il était prêt à « ouvrir les portes de l’enfer » sur Gaza.

L’Égypte refuse d’être impliquée dans le plan de déplacement

Dans une réponse décisive aux propositions américaines, l’Égypte a informé la Maison Blanche qu’elle n’avait pas l’intention d’être partenaire d’un quelconque plan d’expulsion des Palestiniens de la bande de Gaza, soulignant son attachement à sa position ferme contre toute solution impliquant le déplacement de la population.

L’avenir de Gaza est sur le fil du rasoir

Au milieu de tous ces développements, la population de Gaza reste dans un état d’attente et d’anxiété extrêmes, alors que les craintes augmentent quant à ce que les jours à venir apporteront en termes d’escalade militaire possible ou de changements fondamentaux dans le destin de la bande, au vu des tensions politiques régionales et internationales.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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