Analyse d’Abu Amir, le 10 février 2025 – La tragédie des déplacements entre le Sud et le Nord, et la présence US

La nouvelle de l’ouverture de la route entre le nord et le sud de Gaza a été une lueur d’espoir pour de nombreuses personnes bloquées dans la partie sud de la bande de Gaza.

Des informations circulaient dans les médias selon lesquelles la route serait ouverte aux véhicules et aux camions le 8 février 2025, apportant un certain soulagement aux habitants épuisés par le siège et les destructions.

Cependant, cet espoir s’est rapidement estompé, et la joie s’est transformée en profonde déception, car tout le monde était choqué par les mesures oppressives et les pratiques humiliantes imposées au poste de contrôle de « Netzarim ».

Traverser une distance de seulement 12 kilomètres est devenue une épreuve insupportable, prenant plus d’une demi-journée dans un voyage épuisant. Les premiers jours, les forces égyptiennes ont effectué des inspections de routine au poste de contrôle, ce que beaucoup attendaient et considéraient même comme quelque peu acceptable.

Mais ce qui fut inattendu, ce fut le départ soudain des forces égyptiennes, remplacées par des forces américaines ou des sociétés de sécurité privées américaines dont la seule mission semblait être d’entraver la circulation et d’humilier les voyageurs. Des milliers de véhicules ont fait la queue pendant des heures, leurs passagers souffrant de privations et d’humiliations en attendant d’être autorisés à traverser vers leurs zones.

Une grave crise de la circulation a ajouté une couche supplémentaire de souffrance à la longue liste des difficultés de Gaza, soulevant d’amères questions : est-ce ce qu’on nous avait promis ? Est-ce le « soulagement » dont ils parlaient ?

De l’autre côté de cette souffrance, alors que les véhicules s’entassaient sans fin le long de la rue Salah al-Din, des milliers d’habitants de Gaza ont été contraints de marcher sur de longues distances dans la rue Al-Rashid dans une scène tragique indescriptible. Femmes, enfants, personnes âgées et malades ont marché 12 kilomètres sous un soleil brûlant ou dans un froid glacial juste pour rejoindre leurs maisons.

Une scène qui rappelle douloureusement la souffrance quotidienne aux points de contrôle de Cisjordanie, mais qui s’est maintenant déplacée au cœur de Gaza, transformant le voyage entre les deux parties de la bande de Gaza en un voyage pénible où personne ne tient compte de la dignité ou des droits fondamentaux du peuple palestinien à se déplacer librement.

Bien que des rapports suggèrent que les forces israéliennes se soient retirées du checkpoint de Netzarim, la réalité est tout autre. L’occupation n’est pas partie ; elle a simplement changé d’uniforme et d’insignes, et est revenue sous une nouvelle forme sous le parrainage américain. L’occupation demeure, même si son apparence a changé, et l’objectif était clair depuis le début.

La déclaration de Trump sur « l’occupation de Gaza » n’est pas de simples paroles en l’air, c’est un plan exécuté à la lettre.

Israël s’efforce de remettre la bande de Gaza aux forces américaines, poursuivant sa politique de contrôle et de colonisation sous divers prétextes.

Où allons-nous ? Et où nous mèneront les jours à venir face à ce silence international et arabe écrasant ?

Comment le monde peut-il rester un spectateur passif de cette scène catastrophique et de l’expansion israélo-américaine incessante qui a dépassé toutes les limites, défiant les lois et les conventions internationales ?

Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza n’est pas seulement une restriction de mouvement ; c’est la continuation de la stratégie de domination de l’occupation, faisant de la vie des Palestiniens un cauchemar quotidien sans le moindre respect de la justice ou des droits de l’homme.

Ce qui se prépare pourrait être encore pire si aucune mesure concrète n’est prise pour mettre un terme à ces crimes.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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