Allégeance

Une tripotée de ministres et autres personnalités sont allées, comme chaque année, hélas, faire allégeance au CRIF et à travers ce prétendu représentant des juifs de France, à l’Etat d’Israël qui viole le droit international tous les jours que le diable fait.

L’annuel dîner du CRIF s’est tenu le 23 janvier, devant tout le gratin philosémite et israélophile dont la confusion pose problème.

Le président Cukiermann, dont c’est le dernier mandat, comme Chirac, s’est exprimé comme d’habitude, en traçant la politique que la France devrait mener pour les juifs et pour Israël, comme si les intérêts des uns se confondaient avec celui de l’autre.

Il a, entre autres, souhaité l’entrée d’Israël dans la francophonie (ce qui lui permettrait de siéger aux côtés du Liban martyrisé cet été…). Il a demandé à Paris que la France soit le premier grand pays à reconnaître Jérusalem comme capitale éternelle d’Israël, violant des résolution de l’ONU qui font de Jérusalemn-Est la capitale du futur Etat palestinien.

Il a évoqué les 8 soldats israéliens tués pendant la guerre du Liban, mais passé sous silence les plus de 1200 Libanais tués par l’aviation israélienne, sans parler des destructions matérielles immenses.

Il a justifié, en critiquant la FINUL, le survol de l’espace aérien libanais par l’aviation israélienne, au mépris de la Résolution 1701.

Il a repris la vieille et trés usée, mais sempiternelle comparaison entre tel ou tel dirigeant et Hitler: cette fois, après Nasser, et bien d’autres, c’est le président iranien Ahmandinejad qui serait le mal incarné. Certes il a eu tort d’accueillir la racaille négationniste. Ce n’est en rien une aide à la Palestine, bien au contraire. Mais M. Cukiermann oublie de dire qu’il y a des milliers de juifs iraniens en Iran et qu’ils ont même un député. On est très loin du nazisme.

Il a évoqué les entreprises françaises qui commercent avec l’Iran (Total, Renault, Peugeot, BNP) pour que le gouvernement français fasse pression sur elles, afin de boycotter l’Iran. Comme si l’urgence n’était pas le boycott de l’Etat d’Israël qui viole le droit international, poursuit sa colonisation, élève un mur condamné par un tribunal international et massacre hommes, femmes et enfants désarmés.

Il a évoqué la menace nucléaire potentielle de l’Iran, sans un mot sur la menace réelle de l’armement nucléaire israélien.

Bref, M. Cukiermann, au nom des juifs de France, que le CRIF prétend représenter, alors que de nombreux juifs ne se reconnaissent pas dans cette institution, ou appartiennent à des associations extérieures au CRIF, mais tout aussi juives, a fait son lobbyste pour que le gouvernement français actuel et futur fasse siennes, non seulement la lutte, tout à fait justifiée contre l’antisémitisme, à moins qu’il ne soit confondu, comme Cukiermann le fait, avec toute forme d’antisionisme , mais encore le combat pour que la France s’aligne sur la politique criminelle de l’Etat d’Israël.

Le premier Ministre Villepin lui a répondu en rappelant les mesures que son gouvernement a prises pour lutter contre l’antisémitisme. Il a évoqué longuement les Justes et les résistants juifs de la seconde guerre mondiale. Il a rappelé Ilan Halimi, devant sa mère présente, sans dire comme Cukiermann qu’il s’agissait d’un meurtre antisémite.

Puis il a commencé sa seconde partie en déclarant:

“Face à ces menaces, Israël peut compter sur la France.“

Il a rappelé les bonnes relations entre les gouvernements respectifs (en citant même le président israélien, inculpé pour viol…) et les peuples . Il n’a répondu positivement que sur la francophonie:

“… je l’ai déjà dit comme Ministre des affaires étrangères et je le redis comme Premier Ministre, je suis bien sûr favorable à l’entrée d’Israël dans la francophonie et dans les organisations qui ont la charge de la faire rayonner à travers le monde.“

En une petite phrase, il a critiqué la politique israélienne:

“…les solutions unilatérales ont montré leur inefficacité“

Il s’est prononcé pour la discussion, pour soutenir le président Abbas, contre la prolifération nucléaire dans la région, a mis en garde l’Iran, puis, sans s’engager dans le sens des autres demandes du CRIF, et non sans rappeler qu’il faut libérer Gilad Shalit, tout en soulignant les souffrances libanaises, et s’inquiéter des tensions dans les Territoires palestiniens, a conclu:

“La France sera toujours aux côtés d’Israël, pour réaffirmer notre refus absolu du terrorisme, du fanatisme, de la violence et de l’intolérance.”

Jean-Claude Meyer

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