LR avec AR – 25 juin 2021
Madame la Préfète des Hautes-Alpes,
Depuis cet hiver, plusieurs dizaines de personnes exilées arrivent quotidiennement à
Briançon. La population a changé, elle est composée de plus en plus souvent de familles
et de personnes particulièrement vulnérables. Le nombre de femmes et d’enfants a triplé
depuis le début de l’année.
Les capacités du Refuge Solidaire ne permettent plus d’assurer un accueil digne de ce
nom, ni même de préserver la sécurité des personnes.
Nous vous demandons à nouveau la mobilisation du plan d’hébergement d’urgence
Briançon pour accueillir dignement les personnes exilées qui arrivent sur notre territoire
par la montagne frontalière.
Il s’agit pour ces personnes d’un accueil temporaire, d’une à trois journées maximum,
puisqu’elles repartent le plus rapidement possible vers leur destination, le plus souvent
une métropole où elles pourront déposer leur demande d’asile.
Depuis 2016, Briançonnais et personnes solidaires venus de toute part reçoivent chez
eux les personnes épuisées et vulnérables et gèrent un refuge solidaire qui a déjà accueilli
plus de 14 000 personnes.
Depuis 2016, Briançonnais et personnes solidaires venus de toute part se mobilisent pour
porter assistance aux personnes qui se trouvent mises en danger dans la montagne.
Depuis 2016, Briançonnais et personnes solidaires venus de toute part pallient le
manquements de l’Etat et des collectivités locales au regard de leurs responsabilités et
leurs obligations face à la réalité migratoire.
Depuis 2016, Briançonnais et personnes solidaires venus de toute part font que notre
territoire reste digne et humaniste.
En 2020, la nouvelle municipalité de Briançon a choisi de se désengager du Refuge
Solidaire. Au même moment, lors d’une réunion tenue à la préfecture des Hautes-Alpes le
7 juillet, votre secrétaire générale nous indiquait que le besoin d’accueil d’urgence de 30
à 35 places à Briançon était reconnu par la Préfecture, mais qu’il n’y avait pas de
possibilité d’ouvrir plus de places d’hébergement d’urgence selon l’administration
centrale.
Aujourd’hui, selon les jours, ce besoin est deux à trois fois plus important qu’il n’était l’an
dernier.
Face à l’absence totale d’engagement de l’Etat et des pouvoirs publics, les acteur
solidaires ont dû se mobiliser une nouvelle fois pour acquérir un nouveau lieu avec des
fonds privés uniquement. Mais ce lieu n’ouvrira ses portes, au mieux, qu’à la mi-août,
compte tenu des travaux nécessaires de mise en conformité aux normes de sécurité.
En attendant cette ouverture, les capacités du refuge solidaire actuel ne permettent plus
d’accueillir dans des conditions acceptables les personnes exilées de passage. En tout
état de cause, ce nouveau lieu ne pourra pas accueillir au-delà de ses capacités et des
limites de l’action bénévole.
Dans ce contexte particulièrement difficile, il n’est pas envisageable que l’Etat continue
de se reposer sur les associations et la population briançonnaise alors que la population
accueillie est plus nombreuse et plus vulnérable (familles avec nourrissons, personnes
âgées ou handicapées).
Nous appelons l’Etat, et plus largement les pouvoirs publics, à revoir leurs responsabilités
en rapport avec les situations actuelles de la migration dans le Briançonnais, à respecter
leurs obligations à l’égard des exilés, et notamment le droit à l’hébergement d’urgence
inconditionnel, et à mettre en place sans plus tarder un dispositif d’accueil d’urgence à la
hauteur de la réalité migratoire présente et future.
Nous demandons que cette crise humanitaire soit gérée en concertation avec tous les
acteurs publics et associatifs concernés, y compris du côté italien où le préfet conscient de la gravité de la situation vient d’apporter un soutien fort aux communes de Bardonecchia et d’Oulx et aux associations impliquées.
Nous demandons à notre gouvernement de mettre en oeuvre un plan d’hébergement
d’urgence à Briançon, avec un nombre de places pérennes, qui soit évolutif pour
s’adapter aux besoins réels. Cet hébergement doit permettre l’accueil familial sans
séparation des membres de la famille et avec la possibilité de préparation des repas.
Notre alerte est solennelle et nous attendons vivement votre réponse devant cette
situation d’urgence.
Afin d’éviter toute confusion ou instrumentalisation en cette période électorale, nous
rendrons cette lettre publique seulement à compter de lundi 28 juin.
Avec nos salutations respectueuses,
Premières associations locales signataires :
ATD Quart Monde PACA, CCFD Terre Solidaire Briançon, Chemins Pluriels, Icare , JRS
France/Welcome – Antenne des Hautes Alpes, Low-tech & Réfugiés, MJC-Centre social
du Briançonnais, Paroisse de Briançon – Hautes Vallées, Refuges Solidaires, Réseau
Hospitalité, Secours Populaire Briançon, Solidaire 05, Tous Migrants, Unjourlapaix, Un thé
dans la neige
Premières associations nationales signataires :
Emmaüs France, La Cimade, Ligue des Droits de l’Homme, Médecins du Monde,
Médecins sans Frontières, Secours Catholique Caritas France, l’Association Nationale
des Villes et Territoires Accueillants (ANVITA), Union Juive Française pour la Paix (UJFP),
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