Abou Saqer à Strasbourg pour faire connaitre la situation des Bédouins de la vallée du Jourdain

Abou Saqer vit à Hadidiyeh, un village bédouin dans le nord de la vallée du Jourdain. C’est un des représentants des Bédouins de cette région mais il n’oublie jamais de souligner les liens qui les unissent aux Bédouins du Néguev et à la situation de l’ensemble du peuple palestinien, qu’il dit « au bord de l’explosion ». C’est pour défendre les droits du peuple palestinien et des Bédouins en particulier qu’il est venu à Strasbourg les 23 et 24 novembre derniers.

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Le CJACP, le CCFD et l’UJFP ont conjointement organisé le voyage d’Abou Saqer: une réunion publique, un interview pour la TV Al Arabya et des rencontres au parlement européen.

La réunion publique, où Abou Saqer a impressionné et passionné son auditoire par son langage direct, précis et concret, lui a permis d’expliquer la situation des Bédouins en danger; ceux de de la vallée du Jourdain mais aussi ceux qui vivent en Israël (la veille de son arrivée les habitants d’Umm al-Hiran, aidés de nombreux militants dont des Juifs israéliens avaient réussi à faire reporter un ordre de démolition de leur village). Abou Saqer souligne, de façon plus générale, l’importance de la résistance des Palestiniens et aussi de la campagne BDS, qui était bien présente et visible à cette réunion.

Abou Saqer a été reçu deux fois au Parlement européen où Abu Saqer: une première fois par José Bové et Pascal Durand (la chaine de TV Al Arabya est venue l’interviewer en direct à la fin de la rencontre) puis le lendemain par Edouard Martin, l’attaché de Pascal Durand. A cette occasion Abou Saqer était accompagné de membres de la délégation Palestine et en particulier son infatigable présidente, Martina Anderson

Au cours de ces différentes occasions Abou Saqer a d’abord parlé des crimes de Tsahal, l’armée israélienne dans la vallée du Jourdain. Ce sont d’abord leurs maisons détruites qui les obligent à vivre sous des tentes que l’armée détruira aussi. C’est l’interdiction d’organiser écoles et dispensaires. Et parmi les actions illégales de l’armée israélienne celles qui touchent directement aux moyens de subsistance des Bédouins: l’eau nécessaire à tous et en particuliers à leurs troupeaux et aux cultures qui servent à les nourrir. Tsahal n’hésite pas à casser les conduites d’eau et à rendre les puits inutilisables en les remplissant de cailloux ou en y versant du détergent. Outre la terre et l’eau, l’armée israélienne s’en prend aussi à l’autre richesse de toute communauté bédouine : le cheptel. Moutons et chèvres sont régulièrement confisqués à leurs propriétaires ou emmenés « en quarantaine » sous des prétextes divers (les animaux leurs sont rendus, le plus souvent en mauvais état de santé car mal entretenus, quelques semaines plus tard.

Abou Saqer a ensuite tenu à alerter son auditoire, avec gravité: « Le peuple palestinien est une bombe à retardement. On espère que cette bombe n’explosera pas ». Il a aussi lancé un appel au monde pour la vérité et la justice: « Notre peuple résiste pacifiquement. On est contre l’occupation, pas contre une religion. Mais une génération non éduquée (Israël nous empêche d’ouvrir des écoles) ne saura pas distinguer entre le bien et le mal ».

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Autre exemple, Khirbet Tell al Himma dans le nord de la vallée du Jourdain, près la colonie de Mehola (illégale au regard du droit international). L’agrandissement de cette colonie empiète sur les champs où paissent les brebis. Le 23 septembre 2016, un groupe de personnes appartenant aux ONG Ta’ayush et B’Tselem ont fait valoir les droits des bergers en emmenant paître les brebis tout près du nouvel avant-poste. Le 27, le campement de la communauté était entièrement démoli par l’armée israélienne, vraisemblablement sous la pression des colons.

A propos de l’accusation récurrente d’antisémitisme, il a souligné: « Que ceux qui parlent ainsi n’ont qu’à venir voir sur place ! »

Edouard Martin a souligné qu’il soutenait la campagne BDS, malgré les pressions dont il a été victime de la part de la « communauté juive » pour une affiche BDS.
Perrine Olff-Rastegar est intervenue en tant que membre de l’UJFP pour souligner que les sionistes ne représentent pas les Juifs comme ceux-ci le prétendent et qu’ils utilisent l’antisémitisme pour défendre la politique raciste, colonialiste et d’apartheid d’Israël. L’accusation d’antisémitisme est un moyen bien commode pour tenter d’empêcher qu’on parle et qu’on dénonce les crimes commis par cet Etat contre le peuple palestinien. Abu Saqer et les autres personnes présentes ont manifesté leur plaisir d’entendre une autre voix que celle qui trône dans nos médias !