Rudolf Bkouche, de l’UJPF, milite pour la reconnaissance des droits des Palestiniens et refuse que «le sionisme parle au nom des Juifs».
C’est un point méconnu de la question palestinienne en Israël : la situation des Bédouins dans le désert du Neguev. Une exposition sur le sujet fait le tour de la région et sera à Lille du 5 au 11 mars.
Par JULIEN GILMAN > julien.gilman@nordeclair.fr
Rester, c’est le premier acte de résistance des Palestiniens d’Israël, selon Rudolf Bkouche, Lillois membre de l’Union juive française pour la paix (UJFP). « Mais au Néguev, c’est très difficile », note l’homme à la barbe grise qui s’appuie sur sa canne. Ancien universitaire, le mathématicien de confession juive mais laïc milite pour la reconnaissance du peuple palestinien et contre la politique de l’État d’Israël à son égard. « Actuellement, les Palestiniens sont sans droit ou avec des droits parcellaires », affiche-t-il.
Au terme de colonisation utilisé pour désigner l’installation d’Israélien dans les territoires occupés, lui préfère celui d’annexion. « Mais pour l’instant, l’annexion de la Cisjordanie n’est pas faisable, note-t-il, avant de détailler sa théorie. Ses habitants deviendraient Israéliens et la population serait déséquilibrée. Le but de la politique d’implantation, c’est donc de faire partir les Palestiniens. » Une politique menée à son extrémité, selon le militant, dans le désert du Néguev.
« Apartheid »
Là-bas, s’y pratique « une des formes extrême de l’apartheid », assure Rudolf Bkouch. « Un apartheid légal peut-être pas aussi brutal que celui de l’Afrique du Sud, mais un apartheid dans la réalité des faits », précise-t-il. « Il y a un développement du Néguev par l’État d’Israël dans lequel les Bédouins sont gênants, développe-t-il. Pour l’État, ces citoyens israéliens, en grande partie agriculteurs sédentaires, n’existent pas. Leur village ne figure pas au cadastre ni sur les plans. Ils n’ont pas de services d’eau ou d’électricité.
Il y a des bombardements de pesticides sur leurs terres agricoles. Le but, c’est qu’ils partent. » En collaboration avec Amnesty international, l’UJFP a monté une exposition à partir de photos prises sur place en 2009 et 2010, présentée à la mairie du 2 e arrondissement de Paris en novembre dernier. Avec le concours de plusieurs associations régionales, elle tourne actuellement dans le Nord – Pas-de-Calais. Elle sera à Lille, à la mairie de quartier Vauban-Esquermes, du 5 au 11 mars, avant le hall de la mairie de Tourcoing, du 19 au 27 mars, et la Maison des droits de l’homme Nelson Mandela de Villeneuve d’Ascq, du 28 au 30 mars. L’idée est de porter les projecteurs sur cette région peu connue d’Israël et de « faire savoir qu’actuellement, il y a une population sans droit, discriminée et qui lutte pour être reconnue ».
Trois événements accompagnent la présentation de l’expo à Lille.
mercredi 7 mars à 19 heures :
*conférence de Wassim Ghantous, militant de « BALADNA » à Haïfa
« l’apartheid au sein des universités »
témoignage sur la Vallée du Jourdain
vendredi 9 mars à 19 heures :
projection du film Va et vient
quatre courts métrages sur la vie des Bédouins du Neguev.
participation aux frais : 3 euros
samedi 10 mars à 15 heures :
témoignage sur le Neguev et conférences
*Jean-Pierre Bouché, de la CCIPPP et de BDS-France
Le Fonds National Juif israélien et son rôle dans l’éviction des Bédouins du Néguev.
*Michel Ouaknine : Dans le Néguev, Israël expulse ses citoyens Bédouins.
NDLR : Programme complet