Pendant 11 jours la machine criminelle de guerre israélienne n’a pas arrêté ses attaques et ses massacres contre les civils désarmés à Gaza. Les bombardements ont rendu Gaza inhabitable, ils ont détruit la ville, les dégâts de l’agression sont visibles partout.
Il y a ceux qui sont morts et qui échappent aux conséquences de l’agression, mais il y a ceux qui sont restés vivants et qui attendent que cette page cauchemardesque soit tournée et qu’il ne reste de l’agression israélienne que des horribles souvenirs.
Comme tout le reste de la population palestinienne de Gaza, cette agression m’a appris à détester la nuit. Habituellement, la nuit est un temps calme pour se reposer, pour imaginer et dessiner des rêves, mais ici depuis dix jours, ce n’est plus le cas. L’aviation israélienne ne quitte pas le ciel de Gaza, et elle tue à chaque instant, nos proches et nos amis. L’aviation bombarde nos maisons d’enfance où nous avons grandi et vécu de beaux souvenirs…
A Gaza, nous attendons la mort à chaque minute, elle peut arriver sans nous prévenir, les bombardements israéliens ciblent en effet les maisons sans prévenir leurs habitants, éliminant des familles entières. Hier, la peur a conduit deux pères palestiniens à échanger leurs enfants, chacun a confié deux enfants à l’autre. Comme ça si l’une des maisons des deux familles est bombardée, la mort ne les prendra pas tous !
« Le dernier repas », cela vous rappelle quelque chose ? Peut-être « La Cène » le tableau de Léonard De Vinci, représentant Jésus Christ avec les 12 apôtres ? Mais non, ici je vous parle du dernier repas d’une famille palestinienne qui a commencé à préparer son repas en début d’après-midi, les enfants avec leur maman ont posé les plats sur un plateau, attendant le papa qui était allé chercher du pain. Une fois que toute la famille s’est installée par terre autour du plateau, l’aviation israélienne a bombardé leur maison leur enlevant à jamais l’appétit…
Chez nous à Gaza, c’est l’armée israélienne qui réalise la scène, celle de la destruction d’une simple famille palestinienne en train de manger le thym avec l’huile d’olive de Palestine.
Pour Chaima et Anas, deux fiancés palestiniens de Gaza, leur joie s’est éteinte et leur rêve ne s’est pas réalisé. Les raids aériens israéliens ont bombardé la maison de Chaima, elle est restée coincée presque quatorze heures sous le décombres de sa maison avec toute sa famille. A chaque pierre dégagée par les secouristes et les pompiers, Anas, son fiancé attendait une bonne nouvelle de leur part. Les pompiers n’ont réussi qu’à extraire le cadavre d’une victime, qui malheureusement était sa fiancée. Anas l’a identifiée par l’alliance qui était au doigt de sa bien-aimée.
La librairie de Mansour, l’une des maisons d’éditions les plus connue à Gaza, a subi elle aussi sa part de l’agression israélienne. Elle est totalement détruite et appartient maintenant au passé. Cela me rappelle ce qu’ont fait les Mongols quand ils ont envahi Bagdad et qu’ils ont jeté tous les livres de la maison de la sagesse dans l’Euphrate : l’encre des livres a coloré la rivière en noir…
Saïd, le journaliste palestinien qui travaille pour la chaine Russe « RT », est un poète très connu à Gaza. Lors de son reportage, il n’a pas pu cacher son émotion et ses larmes, en disant que ceci est un crime contre le savoir, la destruction de tous ces livres et de cette maison d’édition est un crime, c’est comme assassiner un enfant.
Quand vous travaillez pendant plusieurs années pour avoir votre retraite et construire une nouvelle maison, c’est un accomplissement et une joie. Jalal avait construit sa maison après toutes ces années de labeur. Il lui a été très difficile de la quitter après avoir reçu un avertissement de l’armée israélienne lui disant qu’elle allait être bombardée. Il ne s’est éloigné qu’à une cinquantaine de 50 mètres de la maison, dans un endroit à « l’abri ». Il voulait voir la destruction de sa maison dans laquelle il avait passé tant de beaux moments avec ses enfants. Quand le missile est tombé sur la maison, une fumée noire a rempli le ciel et Jalal a succombé d’une crise cardiaque, la scène était trop insupportable pour lui…
Au moment de la Nakba, nos grands-parents pensaient qu’ils quittaient leurs villages juste pour quelques jours, et qu’ils reviendraient chez eux quelques jours plus tard, ils n’ont pris rien avec eux.
Pendant 11 Jours, Fatima, jeune palestinienne de Gaza qui travaille comme avocate dans une ONG à Gaza, a laissé son appartement parce qu’elle avait peur de rester toute seule chez elle. Elle est allée chez sa famille dans un endroit plus sécurisé. Elle pensait que cette agression ne durerait que deux/trois jours. Fatima avait laissé une petite quantité de nourriture dans son appartement pour ses deux animaux préférés, une tortue et un oiseau. Elle a alors écrit sur son mur Facebook:
« Ma chère tortue, je sais bien que je t’ai laissé peu de nourriture, mais je ne m’inquiète pas pour toi, tu es solide et plus forte que le bulldozer. Mon oiseau que j’aime beaucoup, j’ai de la peine de t’avoir laissé. J’ai commis un crime contre toi, si tu n’es pas mort à cause de la faim, il est sûr que tu es maintenant mort à cause de la peur des violents raids israéliens par ce que je te connais plus fragile qu’un papier. »
Le bruit des avions militaires est partout, il remplit le ciel. La famille de ces deux petits, Ahmed et Nana, a été obligée de quitter sa maison, parce qu’elle a reçu un avertissement par téléphone de l’armée israélienne avant qu’elle ne soit bombardée. La famille n’a pas rien pris avec elle, le missile israélien est tombé sur la maison; en un clin d’œil ce n’était plus que des décombres.
Ahmed et sa sœur Nana, ont couru tout de suite après vers les ruines de la maison, pas pour chercher leurs jouets, mais pour chercher un poisson qu’ils gardaient dans un pot. Par miracle le pot n’était pas cassé ! Il restait encore un peu d’eau dans le fond du pot et le souffle du poisson était beaucoup plus fort que la haine israélienne.
Être blond ce n’est pas forcément être un Occidental. Ahmed est blond et est âgé de deux ans. Sa mère est décédée pendant son accouchement, et son papa a essayé de lui apporter toute la tendresse possible pour combler le manque de sa maman depuis sa naissance.
Le 4ème jour de l’agression israélienne, Ahmed s’est réveillé à l’hôpital sous le choc, il ne comprenait pas ce qui s’était passé, il ne voyait que des médecins et des infirmières autour de lui, et son papa n’était plus là : il était peut-être allé acheter des bonbons pour lui ? Non, son papa a rejoint sa maman, il est mort pendant la nuit, toute la maison a été détruite par les bombes israéliennes alors que la famille de Ahmed était dedans. Que dire à Ahmed, quand il grandira ?
La lettre de Zaina
Maman, ma chérie
J’ai tellement peur. Si je meurs, demande à nous enterrer ensemble, pour que je reste entre tes bras. Demande à m’habiller avec mes vêtements de l’Aïd dont je n’ai pas eu la chance de célébrer.
Ta fille Zaina.
La Palestine est libre et reste arabe.
Ceci est la lettre qu’une maman Palestinienne a trouvé sous l’oreiller de sa fille âgée de 10 ans. C’est la façon de Zaina de s’exprimer face à cette horreur et cette barbarie israéliennes.
Est-ce que vous vous rendez compte de la vie d’un enfant palestinien ?
Apprenez à vos enfants que la vie des enfants palestiniens est chère mais que cette vie n’est jamais en sécurité, apprenez à vos enfants que l’enfant palestinien à des rêves mais qui sont transformés en cauchemars parce qu’il vit dans l’injustice et sous l’oppression de l’occupation israélienne.
Iyad Alasttal
Gaza Stories
21/05/2021