Intervention de Sonia Fayman, dans le cadre d’une conférence appelée par LFI à Montreuil « Stop génocide ». Sont intervenus également Omar Al-Soumi, Muzna Shihabi, Gabrielle Cathala et Imen Habib
Je commencerai par une anecdote récente : à Épinay sur Seine, une cérémonie a réuni le 17 septembre autour du maire, quelques notables et dignitaires de la communauté juive pour planter cinq oliviers en hommage à Ilan Halimi après l’arrachage en août de l’olivier qui avait été érigé à sa mémoire. C’est une réaction saine contre un acte raciste condamnable qui n’a pas effacé la mémoire du calvaire de ce jeune homme torturé et massacré parce que juif.
Cette cérémonie revêt tout de même un caractère scandaleux qui est l’invitation du grand rabbin de France, Haïm Korsia. Si ce dernier a bien sûr qualifié l’arrachage de l’arbre « d’acte d’une violence absolue », son propos peut être rapproché de la déclaration qu’il a faite le 26 août : « Je n’ai absolument pas à rougir de ce qu’Israël fait dans la façon de mener les combats » ; « Tout le monde serait bien content qu’Israël finisse le boulot ».
L’UJFP a d’emblée soutenu la démarche du député LFI Aymeric Caron qui a saisi la procureure de la république pour des propos faisant l’apologie de crimes de guerre. Et nous avons alors déclaré dans un communiqué : « Mettre en cause Haïm Korsia, ce n’est en rien accuser l’ensemble des Juifs et Juives de quelque manière que ce soit. C’est lui et lui seul qui est responsable de ses propos. Nous sommes bien placés pour rappeler que Haïm Korsia ne représente pas les Juifs dans leur ensemble et ce à double titre : comme association laïque dont un certain nombre de membres juifs ne sont pas croyants et comme association portant une parole juive antisioniste, engagée contre le génocide en Palestine ».
Cette affaire nous projette au cœur du confusionnisme entretenu sur l’antisémitisme au service du génocide perpétré contre les Palestiniens. Les mêmes qui, dans un sinistre passé, ont professé ou professent encore la méfiance et l’exclusion des Juifs en les accusant de ploutocratie, d’influence sur les pouvoirs en place, voire de pouvoirs tentaculaires à l’échelle mondiale, ceux-là retournent commodément leur veste. Je dis commodément parce qu’ils se placent dans le sens du vent mauvais qui souffle aujourd’hui sur le monde et dont la girouette est en Palestine. Les extrêmes droites réunies sont en rangs serrés derrière Israël et contribuent directement ou indirectement au génocide, quelles que soient les paroles de paix tout à fait creuses avancées par les gouvernements occidentaux et leurs alliés du monde arabe.
Si l’acharnement abject contre Ilan Halimi, comme dans d’autres cas connus ces dernières années en France, procédait effectivement de l’antisémitisme, ce terme est aujourd’hui largement détourné. Sont traitées d’antisémites les voix qui critiquent Israël comme pays colonialiste, raciste, même quand elles sont juives. On nage dans l’absurde.
Il est significatif que cette vague de dénonciations d’un antisémitisme imaginaire se manifeste dans le contexte actuel où Israël, fabrication du sionisme, court à sa perte. Le processus qui a donné lieu à cette aventure coloniale, à la fin du XIXe siècle, s’est appuyé sur l’antisémitisme pour se développer ; de même, actuellement l’État d’Israël s’appuie sur des dirigeants politiques antisémites, Viktor Orban, Donald Trump, Narenda Modi… pour se maintenir.
À l’époque, au nom du projet d’extraire les Juifs de l’empire tsariste où ils étaient persécutés, s’est construite une alliance avec les puissances impérialistes, notamment la britannique avec sa promesse d’un foyer juif en Palestine, préfiguration de l’État juif. Seul le ministre juif Lord Montagu s’est opposé à la Déclaration Balfour et a critiqué l’antisémitisme du gouvernement dont il faisait partie. Mais l’Occident voyait dans le sionisme un moyen de limiter l’immigration juive d’Europe centrale et orientale, tendance qui s’est renforcée après la seconde guerre mondiale, voir la lamentable histoire des bateaux de survivants du génocide nazi, empêchés de débarquer leurs passagers qui se sont retrouvés dans des camps de personnes déplacées.
Aujourd’hui, les forces de droite et d’extrême droite s’époumonnent à dénoncer l’antisémitisme à tout bout de champ. C’est là une forme moderne d’antisémitisme camouflé, dont n’est pas absente la vieille idée de tenir les Juifs à part, dans une sorte d’amour-haine qui articule la volonté de se débarrasser des Juifs avec l’accompagnement fidèle de ces Juifs-là qui ont volé la terre de Palestine et s’attachent depuis plus de 80 ans à en chasser le peuple.
Ce qui a fait dire à Théodor Herzl dans son livre « L’État des Juifs » que l’implantation juive en Palestine serait « la sentinelle avancée de la civilisation contre la barbarie » est toujours l’idéologie qui porte ceux qui se réclament de la civilisation. Plus trivialement, Israël est pour eux un élément géostratégique central de l’axe anti-terroriste constitué depuis 2001 et un pivot dans la militarisation impérialiste du Proche Orient. Dans ce contexte, l’instrumentalisation de l’antisémitisme est leur meilleur gage d’alliance avec le sionisme.
Un retour en arrière est peut-être utile pour bien comprendre comment le lien entre antisémitisme et sionisme s’est noué.
Place de l’antisémitisme dans le projet d’établissement des Juifs en Palestine
À la fin du XIXè siècle, en dehors de l’Empire tsariste, la situation des Juifs variait selon les pays d’Europe occidentale et aux États Unis, avec certaines formes de tolérance, voire d’assimilation. Mais globalement le sort des Juifs était incertain, toujours à la merci de menées antisémites.
En France, des vagues d’immigration de Juifs russes et polonais sont venues s’ajouter à une population juive française, qui avait accédé à la citoyenneté par une loi de 1791. Les Juifs étaient objets d’un rejet plus ou moins affiché, essentiellement lié à la concurrence exercée dans les secteurs d’activité occupés, qui se greffait sur un sentiment antisémite latent entretenu par les extrêmes droites. L’affaire Dreyfus a donné lieu à un déchainement d’antisémitisme dans lequel se sont retrouvées et exprimées diverses couches de la société. Cette campagne fut prise comme exemple du danger couru par les Juifs en France par le journaliste viennois Theodor Herzl et il a alimenté son argumentation visant à rassembler les Juifs hors des pays où leur situation est considérée fragile ou menacée.
En Grande Bretagne, le gouvernement, craignant une arrivée trop importante de Juifs persécutés dans les pays de l’Est – crainte qui s’est renforcée après les pogroms du début du 20ème siècle – tendait à exercer une politique de fermeture. En ce sens, le projet sioniste répondait à la volonté britannique de limiter la population juive dans le pays.
L’apparition du sionisme a d’emblée rencontré une opposition de la part de Juifs religieux aussi bien que laïcs. Du côté des religieux, nous citons dans notre livre, Antisionisme Une Histoire Juive, L’American Israelite, le premier journal du judaïsme réformé américain qui écrira dans un éditorial de 1902 : « Les sionistes ne voient rien dans l’admiration que leur propagande inspire parmi nombre d’antisémites, mais il faut qu’ils comprennent que leur proclamation ostentatoire d’une nationalité juive qui ne peut se satisfaire que d’un État juif, revient tout bonnement à s’en remettre aux ennemis de leur race. » En écho à Herzl qui écrivait dans son livre l’État des Juifs : « Il sera à peine utile de faire de grands efforts pour activer le mouvement (d’émigration). Les antisémites s’en chargent ».
Du côté des laïcs l’idée d’une nation juive appelant la création d’un État a rencontré une franche opposition. Ainsi le Bund accusait le sionisme de « miser ouvertement sur la carte antisémite ». Ce mouvement socialiste de travailleurs juifs de Russie, Pologne et Lituanie s’est résolument opposé au sionisme dès sa création en 1897, l’année du premier congrès sioniste mondial tenu à Bâle ; il a milité pour la reconnaissance d’une nationalité juive, au sens des nationalités reconnues comme minorités culturelles dans l’Empire russe, et pour la participation du mouvement ouvrier à la lutte des classes plutôt qu’à ce qu’il considérait comme une fuite en avant au service de la bourgeoisie juive. D’autres ont rejeté le projet sioniste parce qu’ils étaient favorables à l’assimilation dans les pays où ils se trouvaient.
L’antisionisme était ancré dans le judaïsme au sens de la vie juive, tandis que l’invention de l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme a servi et sert un objectif politique bien éloigné du judaïsme. En ce sens, le sionisme a perverti l’héritage du judaïsme.
Dans ces conditions, l’État d’Israël mène, avec succès, une propagande tendant à le faire passer pour un État normal, démocratique, attaqué par des terroristes et détesté par le monde entier. Alors, des gouvernements suivis par des organes de presse mainstream et même par une partie de l’opinion publique reconnaissent un droit d’Israël à se défendre.
Israël a le droit de se défendre ?
Une phrase qui en dit long sur le voile qui cache la réalité d’Israël.
L’attaque de la résistance palestinienne le 7 octobre a paniqué les Juifs d’Israël. Si les familles endeuillées et les familles d’otages ont brûlé de désirs de vengeance, la réponse génocidaire acharnée, au nom du droit de se défendre, a dépassé leurs aspirations. Mais ce soi-disant droit est manié de façon tout à fait cynique par les colonisateurs. Rappelons les mots de Ben Gourion en 1936 : Ne nous racontons pas d’histoire. […] Politiquement, nous sommes les agresseurs et ils se défendent […]. C’est leur pays, parce qu’ils y habitent, alors que nous voulons venir ici et coloniser, et de leur point de vue, nous voulons nous emparer de leur pays.
L’État colonial n’a pas à se défendre contre ceux qu’il opprime. Comme cela a déjà été dit mainte fois dans maints témoignages, Israël est un État colonial qui a privé les Palestiniens de leurs droits sur leur terre ; dès lors, toutes les actions de la résistance palestinienne sont légitimes contre la puissance coloniale : des révoltes des années 1930 qui ont précédé la création de l’État, à celles qui ont éclaté dans le processus de la Nakba et de la déclaration de mai 1948, puis la première intifada de la fin des années 1980 et la deuxième intifada du début des années 2000, la grande marche du retour de 2018 à Gaza, la formation de brigades de résistance dans les camps de réfugiés de Cisjordanie, pour arriver au 7 octobre 2023, la résistance n’a jamais cessé et elle continuera toujours.
Et l’UJFP affirme son soutien à toutes les formes de la résistance palestinienne, armées et non armées, parce que se débarrasser du joug colonial est un droit fondamental des Palestiniens, comme de tous les peuples colonisés.
Nous sommes également attentifs à la façon dont le ver peut s’immiscer dans la pomme pourrie coloniale, c’est à dire à la façon dont, de l’intérieur, des forces peuvent saper la construction sioniste. Rappelons-nous les Allemands antinazis et, en France, les déserteurs et les porteurs de valises de la guerre d’Algérie.
C’est aussi de l’intérieur du régime israélien que la lutte antisioniste compte. Je laisse de côté des groupes qui se contentent de rassembler des Juifs israéliens et des Palestiniens de 48 en invoquant la bonne entente et la paix, sans remettre en cause le sionisme. Je conteste aussi l’attitude de certains, dans le mouvement de soutien à la Palestine ici, qui écartent toute lutte commune avec des Israéliens sans voir que le rôle des antisionistes juifs israéliens va dans le sens des droits fondamentaux des Palestiniens. Ils ne sont qu’une goutte d’eau dans la machine exterminatrice mais elle compte, par exemple le Boycott de l’intérieur, les déserteurs et objecteurs de conscience, les réservistes qui ne répondent pas à l’appel. Tous ne sont pas résolument antisionistes, parce qu’ils ont été endoctrinés dès le plus jeune âge, mais on peut les aider à le devenir, avec des militantes comme Orly Noy, membre du parti Balad et présidente de B’Tselem. Elle préconise notamment un profond processus de dénazification en Israël : Ce processus de dénazification doit commencer maintenant, et il commence par le refus. Le refus non seulement de prendre une part active à la destruction de Gaza, mais aussi de revêtir l’uniforme – quel que soit son rang ou son rôle. Le refus de rester dans l’ignorance. Refus d’être aveugle. Refus de se taire. Pour les parents, il est nécessaire de protéger la prochaine génération contre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ».
Une solidarité à renforcer
En France, même si les personnes, les militants des partis, associations, syndicats ici présents en sont convaincus et se sont mobilisés sans relâche depuis le 7 octobre (et bien avant), les manifestations parisiennes n’ont pas égalé en nombre celles d’autres pays comme la Grande Bretagne, l’Espagne ou l’Italie. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette relative faiblesse, mais j’insiste ici sur la persistance d’un impensé colonial qui survit aux décolonisations. Notre pays s’est enrichi et a permis à tous des niveaux de vie sans commune mesure avec ceux des peuples qu’il a colonisés. Ce qu’on appelle le privilège blanc, qui a de profondes racines dans l’histoire, est constitutif de notre société jusqu’à aujourd’hui. Si les contrôles au faciès, le surpeuplement des prisons par des hommes arabes et noirs, les discriminations au logement et à l’emploi, le rejet des tenues vestimentaires traditionnelles, sont possibles, c’est bien parce que « ça passe » dans l’opinion, c’est admis, à commencer par le vieux fond islamophobe qui structure toujours le nous et les autres.
Il est donc urgent de décoloniser les mentalités.
Un réveil tardif de la solidarité avec les opprimés ?
Il a fallu en arriver à une famine exercée sur Gaza en plus des bombardements, tirs à vue et démolitions massives pour qu’une plus large prise de conscience de ce qui se joue en Palestine se manifeste.
La flottille et les centaines de participants de 45 pays ont soulevé l’enthousiasme dans le monde. Le périple de Waves of Freedom et des Mille Madleens ont été attentivement suivis et soutenus.
Pour autant, le gouvernement reste imperturbablement un allié fidèle du génocidaire israélien. Tout au long de ces deux ans de massacre, rien n’a ébranlé cette fidélité : ventes d’armes et de composants, invitation par des organisations sionistes des ministres israéliens les plus extrémistes qui devraient être interdites au titre des mesures de prévention du génocide réclamées par la CIJ, autorisation à Netanyahou de survoler le territoire français au mépris des ordres de cette même cour internationale de justice. Et voilà que le président déclare reconnaître la Palestine à l’ONU. Certains ont salué cette décision enfin prise. Mais comme nous, nombreux sont ceux et celles qui ne sont pas dupes de ce geste : la reconnaissance n’a aucun sens si la matérialité d’un État indépendant est impossible ; elle n’a aucun sens si les Palestiniens n’en ont pas la pleine souveraineté ; aucun sens quand la France poursuit le commerce des armes et l’importation de biens des territoires occupés de Cisjordanie et de Jérusalem Est ; quand la France réprime les manifestations et actes de soutien à la Palestine tout en laissant des milliers de franco-israéliens aller prendre part au massacre perpétré par l’armée israélienne. Le contenu de la reconnaissance façon Macron est mensonger, méprisant et colonialiste. C’est un simulacre d’État qui est proposé par le président français. Certaines voix s’élèvent pour dire que la reconnaissance est insuffisante. Nous disons qu’elle est une insulte aux Palestiniens.
Comme le rappelle la Plateforme des ONG pour la Palestine, « Pour exister au-delà d’une reconnaissance, un État doit réunir trois éléments : un peuple, un territoire, une souveraineté interne (le contrôle effectif de ce territoire). Or, le peuple palestinien fait face à une menace d’extermination : à Gaza, les Palestinien·nes sont victimes d’un génocide ; en Cisjordanie, ils subissent un nettoyage ethnique mené par les forces d’occupation et les colons israéliens. Le territoire palestinien, lui, est sous occupation militaire illégale, marquée par la destruction systématique du bâti à Gaza et l’accélération de la colonisation en Cisjordanie. Quant à la souveraineté interne, elle est inexistante. Israël garde le contrôle total des frontières, bloque l’aide humanitaire à Gaza, détient l’autorité sur les douanes et les taxes en Cisjordanie, et accapare les ressources naturelles. La voie vers la réalisation du droit du peuple palestinien à l’autodétermination ne peut donc résider que dans la mise en place d’une pression sur Israël, en premier lieu par l’arrêt de toute complicité avec l’occupation, la colonisation et le génocide ». Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, 22/09/25
Le communiqué de l’UJFP du 30 septembre déclare que l’acte symbolique de la reconnaissance est surtout remarquable :
- par tout ce qu’il passe sous silence : Israël création coloniale, viol de toutes les résolutions de l’ONU, le Grand Israël inscrit dans le projet sioniste depuis le début
- par les coups de poignard de Macron dans le dos des Palestiniens : absence de mention de la légitimité de l’attaque du 7 octobre pour briser le blocus, volonté d’élimination du Hamas, affirmation de la représentativité de l’Autorité Palestinienne pourtant dénoncée comme coupable d’incurie.
Le communiqué critique « la résurgence de la solution à deux États… vieux leurre de 1947 et des accords d’Oslo qui détourne l’Assemblée générale des Nations unies et la diplomatie mondiale, des seules actions à mener aujourd’hui : stopper le génocide et sanctionner Israël ».
L’urgence est bien de stopper le génocide et de sanctionner Israël. Si, au-delà nous appelons de nos vœux un pays s’étendant du Jourdain à la Méditerranée dans lequel tous les habitants aient les mêmes droits, nous déclarons que rien ne se décidera sans les Palestiniens. Simplement, nous insistons sur une perspective anticoloniale et non ethnique. Notre espérance est que se crée un État de tous ses citoyens, que le droit au retour des Palestiniens chassés de leur terre permette que la Palestine future ne soit pas la propriété des uns au détriment des autres, mais que tous et toutes y aient leur place dans le respect des différences et de l’égalité.
Et nous luttons aussi contre le génocide par des actions concrètes à Gaza, que je mentionnerai pour terminer.
L’action de l’UJFP à Gaza : un travail de terrain de longue haleine
Cela fait maintenant près de 10 ans que l’UJFP a établi des relations avec des agriculteurs et des pêcheurs de Gaza, dans le souci d’empêcher la destruction de la société palestinienne. Et depuis le 7 octobre, une action permanente a été mise en place parce que nous avons une responsabilité politique vis-à-vis de la survie de travailleur.euses de Gaza et de leurs familles dans ce génocide qui a détruit tout ce que nous avions construit avec eux : un château d’eau, des canalisations, une maison des paysans, une pépinière solidaire, une voiture avec laquelle un agronome sillonnait les terres agricoles : un mode d’action spécial a été créé avec l’équipe avec laquelle nous agissons depuis 2016, sous la responsabilité de Abu Amir Mutasem Eleiwa ainsi qu’avec l’équipe du centre d’enfants et d’adolescents Ibn Sina du camp de Jabaliya. Nous avons pu collecter des sommes importantes, signe d’une solidarité forte, et les envoyer sans relâche depuis 2023. Nous avons pu contribuer à ce que l’équipe dite UJFP-Gaza fournisse des repas aux familles plusieurs fois par semaine, des tentes, des couvertures et des vêtements de saison. En même temps une panoplie d’actions sociales et éducatives a été déployée afin de maintenir un soutien collectif, une aide psychologique, un enseignement et des jeux éducatifs pour les enfants. Abu Amir écrit des communiqués quotidiens qu’on peut lire sur le site de l’UJFP. Dans celui du 30 septembre, il fait part de la difficulté d’assurer des repas face à l’afflux de réfugiés fuyant la ville de Gaza. Il note cependant l’effort particulier en direction des enfants avec les centres éducatifs. Par exemple le centre « Première étape » à l’ouest de Nusseirat a augmenté sa capacité d’accueil de 500 à 800 enfants.
C’est une tâche ardue qui repose sur une petite équipe dans cet océan de brutalité et de terreur. Les contacts sont quotidiens avec nous tandis que les envois de fonds ont été rendus plus difficiles par la répression bancaire dont nous faisons l’objet. Mais nous ne lâchons pas, parce que la vie des gens de Gaza est un signal pour l’humanité entière.
Sonia Fayman