À Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza, dans une scène qui reflète l’espoir au milieu de la souffrance, les équipes de l’UJFP ont lancé cette semaine une nouvelle initiative visant à soutenir les petits agriculteurs et les plus démunis, accablés par la guerre et empêchés par les conditions économiques difficiles d’acheter des plants pour cultiver leurs terres. Plus de 21 000 plants ont été distribués à ces agriculteurs, constituant ainsi une extension concrète de l’initiative de labourage et de préparation des terres agricoles mise en œuvre en août dernier. Cette initiative avait redonné vie à des centaines de dunums de terres agricoles menacées d’abandon. Ces actions ne se limitent pas à un simple soutien humanitaire : elles représentent un acte de solidarité qui restaure au paysan palestinien son lien avec sa terre, source de subsistance et de dignité. À chaque plant mis en terre, les significations de la résistance se renouvellent, la surface de l’espoir reverdit, et davantage d’agriculteurs retrouvent leur métier qui risquait de disparaître sous le poids du blocus et de la guerre.
L’initiative de labourage et de préparation des terres en août dernier n’était pas la première. Elle avait été précédée par plusieurs autres actions importantes menées par les équipes de l’UJFP, qui eurent un impact considérable sur la revitalisation du secteur agricole. Ces équipes avaient réparé les serres détruites par la guerre, permettant ainsi aux agriculteurs de les réutiliser pour cultiver des récoltes utiles à la population. Elles avaient également fourni des intrants agricoles essentiels — semences, engrais, outils — réduisant ainsi la charge financière des agriculteurs qui n’avaient plus les moyens de se les procurer. De plus, des projets de construction de canalisations avaient été réalisés pour acheminer l’eau vers des terres asséchées et privées d’irrigation, redonnant vie à de larges superficies. Ces actions de base ont constitué la pierre angulaire de l’initiative de labourage, puis de la distribution de plants, toutes intégrées dans une vision cohérente visant à faire renaître l’agriculture à partir de ses racines.
L’importance de cette étape ne réside pas uniquement dans le nombre de plants distribués, mais dans la symbolique même de l’acte : elle redonne aux agriculteurs confiance en leur capacité à persévérer malgré les destructions, et leur ouvre la voie vers un revenu digne pour leurs familles. La terre cultivée aujourd’hui se transformera demain en source alimentaire essentielle pour les habitants de Gaza, plongés dans une grave crise alimentaire due à une guerre qui dure depuis deux ans. Celle-ci a détruit de vastes superficies agricoles et des serres, privant des milliers de familles de leur subsistance. Les agriculteurs ont subi d’énormes pertes, non seulement à cause des bombardements et des destructions, mais aussi en raison de la confiscation de la plupart des zones agricoles par l’occupant, qui empêche d’y accéder. Il ne reste qu’un étroit couloir de vie : les terres de Deir al-Balah et d’al-Mawasi à Khan Younès, ces parcelles qui résistent pour demeurer la dernière bouée de survie alimentant le secteur en légumes et produits agricoles de base.
Ainsi se manifeste l’importance des initiatives de l’UJFP, devenues un véritable filet de sauvetage pour un secteur agricole épuisé. Elles ne se limitent pas à distribuer des plants ou à labourer des terres, mais participent directement à la reconstitution du tissu agricole et social de Gaza. Chaque agriculteur retournant à sa terre grâce à ces efforts devient une pierre dans l’édifice d’une résilience collective dont tout le secteur a besoin. Ces initiatives renforcent la sécurité alimentaire locale et réduisent la dépendance à l’aide extérieure, tout en transmettant aux agriculteurs le sentiment qu’ils ne sont pas seuls face aux épreuves. La solidarité se transforme ici en acte productif et tangible : les racines des plants plongent dans la terre pour y écrire une nouvelle histoire de vie malgré la mort environnante.
Parler de solidarité avec les agriculteurs de Gaza n’est pas une question de luxe ni une initiative passagère. C’est une question existentielle liée au maintien des habitants sur leur terre. L’agriculture à Gaza n’est pas seulement un secteur économique : elle constitue la première ligne de défense de l’identité et de la résistance, de la capacité des habitants à affronter un blocus prolongé et une guerre continue. Chaque projet lancé pour soutenir ce secteur ouvre une fenêtre vers la stabilité et la dignité. L’agriculteur qui possède les moyens de produire sa nourriture ne sera pas prisonnier de conditions humanitaires extrêmement dures. Ainsi, chaque plant mis en terre devient un symbole de résistance, chaque initiative de soutien, une étape concrète pour se relever des décombres.
Ce qui distingue les initiatives de l’UJFP, c’est leur globalité et leur vision à long terme. Elles ne considèrent pas l’agriculteur seulement comme un individu, mais comme une partie d’un système plus vaste, capable de rétablir l’équilibre de la vie dans le territoire. La réhabilitation des terres, la fourniture de plants aux agriculteurs, et le soutien à la reprise de leur métier agricole forment un ensemble intégré visant à protéger ce qu’il reste des terres cultivables et à garantir la durabilité de l’agriculture en tant que ressource essentielle. Alors que d’autres secteurs économiques s’effondrent, l’agriculture apparaît comme le véritable espoir de survie face à la crise, à condition de bénéficier d’initiatives de ce genre pour continuer à grandir.
Il faut reconnaître que la guerre n’a pas seulement détruit l’infrastructure agricole, mais qu’elle a aussi visé le Palestinien dans ses moyens de subsistance et sa sécurité alimentaire. C’est ce qui confère à de telles initiatives une valeur décuplée. Quand l’UJFP distribue 21 000 plants, elle n’offre pas seulement des végétaux, mais elle sème des graines de vie dans une terre assoiffée, et plante dans le cœur des agriculteurs l’espoir que la terre peut toujours donner, malgré l’oppression prolongée. Cette image humaine illustre l’importance de poursuivre et d’élargir de tels projets, non seulement à Deir al-Balah, mais dans toute la bande de Gaza. Car chaque plant aujourd’hui signifie un repas demain, et la continuité du cycle de vie dans une terre menacée de mort.
Alors que beaucoup considèrent Gaza uniquement comme un champ de bataille, ces initiatives nous rappellent qu’elle est aussi une terre de vie qui peut reverdir et fructifier si elle bénéficie de soutien et de solidarité. Les petits agriculteurs, incapables auparavant d’acheter des plants, peuvent désormais cultiver à nouveau leurs terres. Ce changement, apparemment simple, a en réalité un effet considérable : il maintient le lien de l’homme avec sa terre, empêche l’exode rural vers des villes surpeuplées et restaure une part de l’équilibre social. Avec l’accumulation de ces initiatives, le nombre d’agriculteurs retournant à leur métier augmente, la surface cultivée s’élargit, et Gaza se redessine sous un autre visage : celui de l’espoir et de la détermination à rester.
De cette manière, on peut dire que la récente initiative de distribution de plants à Deir al-Balah n’est pas seulement une étape de soutien agricole, mais un nouveau chapitre dans l’histoire de la résilience palestinienne, une histoire écrite avec la terre, l’eau et la sueur, à laquelle participe toute personne croyant à l’importance de la solidarité et du travail collectif. Soutenir les agriculteurs n’est pas un choix secondaire, mais un devoir humain et national, car ils représentent la dernière ligne de défense du droit à la vie dans un territoire brisé par les guerres. À chaque nouvelle initiative lancée par l’Ujfp, se renforce la conviction que l’avenir peut être semé comme une plante, avec patience, soin et foi profonde dans la capacité de cette terre à donner.
Photos et vidéos ICI
(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)
