Union juive française pour la paix

Situation humanitaire, mise à jour du 25 septembre 2025 #326 de l’OCHA – Bande de Gaza

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Gaza 25 septembre 25 HSU 326 GZA Situation humanitaire, mise à jour du 25 septembre 2025 #326 de l'OCHA - Bande de Gaza
Une famille palestinienne déplacée dans un contexte d’intensification des frappes contre la ville de Gaza. Photo de OCHA/Olga Cherevko

Le Rapport complet en anglais ICI.

Faits marquants

  • Les frappes redoublées sur la ville de Gaza, notamment sur des tentes, des immeubles résidentiels et des infrastructures, continuent d’infliger de lourdes pertes.
  • Plusieurs établissements de santé ont été fermés dans la ville de Gaza, dans le nord, en septembre, laissant des centaines de milliers de personnes avec un accès limité à des services médicaux vitaux.
  • Dans le sud de la bande de Gaza, les conditions sont alarmantes, selon le cluster Abris, avec des familles entassées dans des tentes de fortune le long de la plage, entassées dans des écoles surpeuplées ou dormant en plein air et au milieu des décombres, et les services sont sollicités au-delà de leurs capacités.
  • Un paquet de pain de deux kilogrammes reste inabordable pour la plupart, vendu à plus de 30 NIS (9 dollars), contre deux NIS (0,3 dollar) dans des boulangeries soutenues par l’ONU au début de 2025, rapporte le cluster Sécurité alimentaire.

Développement humanitaire

  • Au cours de la semaine écoulée, les forces israéliennes ont continué de perpétrer de lourds bombardements aériens, terrestres et maritimes sur toute la bande de Gaza, en particulier dans le gouvernorat de Gaza-ville. Les frappes israéliennes contre des bâtiments résidentiels, des tentes abritant des personnes déplacées et des personnes à la recherche d’une aide ont continué d’être signalées, parallèlement aux rapports faisant état d’explosions commandées. Des combats entre des groupes armés palestiniens et des forces israéliennes ont également été signalés, de même que des roquettes ont été tirées par des groupes armés palestiniens en direction d’Israël le 21 septembre. Associées à des ordres de déplacement, les opérations militaires israéliennes et les bombardements ont continué de provoquer d’autres vagues de déplacements, en particulier à partir de la ville de Gaza (voir plus d’informations ci-dessous). Les partenaires du cluster Protection signalent une perturbation importante des canaux de communication dans le gouvernorat Nord de Gaza, ce qui entrave les efforts visant à vérifier l’information et à évaluer la gravité de la situation des civils qui restent dans la région.
  • Dans un discours prononcé lors d’un événement de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies le 24 septembre, Tom Fletcher, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a souligné la situation catastrophique des enfants à Gaza : « Ils ont été bombardés, mutilés, affamés, brûlés vifs, enterrés dans les décombres de leurs maisons, séparés de leurs parents. Se sont vu refuser chaque once d’humanité que les règles de la guerre étaient conçues pour préserver. Tué en dormant, en jouant, en faisant la queue pour la nourriture et l’eau, en cherchant des soins médicaux ». Il a appelé à la mise en œuvre immédiate des mesures provisoires de la Cour internationale de justice (CIJ) exigeant qu’Israël permette la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire dont le besoin se fait urgemment sentir. Il a parlé des enfants israéliens qui ont été tués ou pris en otage le 7 octobre 2023 et a demandé que ceux qui étaient encore en captivité soient libérés.
  • Dans une déclaration publiée le 23 septembre, le Bureau des Nations Unies pour les droits de l’homme (UN Human Rights Office – OHCHR) dans les territoires palestiniens occupés (Occupied Palestinian Territory – OPT), a dénoncé l’escalade des attaques contre les civils et les infrastructures civiles dans la ville de Gaza, qui ont contribué à l’augmentation du nombre de personnes déplacées (Internaly Displaced Persons IDP), et a mis en garde contre le risque que ce déplacement devienne permanent. Au cours d’une période de 48 heures entre le 19 et le 20 septembre, le Bureau a enregistré 18 incidents impliquant des attaques contre des bâtiments résidentiels qui ont tué au moins 51 Palestiniens, et des informations indiquant que la quasi-totalité des personnes tuées étaient des civils. La déclaration a appelé l’armée israélienne à « mettre fin immédiatement à la mort de civils palestiniens et à la destruction aveugle de la ville de Gaza, qui semble viser à provoquer un changement démographique permanent, ce qui équivaut à un nettoyage ethnique ».
  • Dans une déclaration publiée le 23 septembre, des responsables humanitaires et des experts en famine ont déclaré qu’« Israël a passé le mois qui a suivi la déclaration de famine à nier l’existence de la famine, à entraver l’action humanitaire et à intensifier son offensive militaire dans la zone touchée par la famine ». Déclarant que la famine peut encore être stoppée, ils ont exhorté les dirigeants mondiaux réunis à New York cette semaine à « utiliser tous les outils diplomatiques, politiques et économiques pour faire en sorte qu’Israël mette fin à son assaut contre la ville de Gaza et permette aux partenaires humanitaires sous l’égide des Nations Unies de mettre en place une opération complète et solide pour lutter contre la famine. »
  • Selon le Ministère de la santé à Gaza, entre le 17 et le 24 septembre, 357 Palestiniens ont été tués et 1 463 blessés. Cela amène le nombre de victimes parmi les Palestiniens depuis le 7 octobre 2023, comme l’a signalé le Ministère de la santé à Gaza, à 65 419 morts et à 167 160 blessés. Le Ministère de la santé a en outre noté que le nombre de victimes parmi les personnes qui tentaient d’accéder à l’aide a augmenté pour atteindre 2 531 morts et plus de 18 531 blessés depuis le 27 mai 2025. En outre, selon le Ministère de la santé à Gaza, au 19 septembre, 440 décès liés à la malnutrition, dont 147 enfants, ont été recensés depuis octobre 2023.
  • Selon l’armée israélienne, entre le 17 et le 24 septembre, à midi, cinq soldats israéliens ont été tués à Gaza. Cela porte le nombre de victimes parmi les soldats israéliens depuis le début de l’opération terrestre israélienne en octobre 2023 à 465 morts et 2 918 blessés, selon l’armée israélienne. Selon les forces israéliennes et les sources officielles israéliennes citées dans les médias, plus de 1 665 Israéliens et ressortissants étrangers ont été tués, la majorité le 7 octobre 2023 et ses conséquences immédiates. Au 24 septembre, on estime que 48 Israéliens et ressortissants étrangers restent prisonniers à Gaza, y compris les otages qui ont été déclarés morts et dont les corps sont retenus.
  • Au cours de la semaine dernière, les frappes dans la ville de Gaza ont été particulièrement intenses, notamment sur les tentes pour personnes déplacées, les bâtiments résidentiels et les infrastructures publiques, et beaucoup ont fait un grand nombre de victimes. On trouvera ci-après des incidents qui font des victimes dans la bande de Gaza :
    • Le 19 septembre, vers 3 h 45, un garçon de 4 ans et une fillette de 5 ans ont été tués et d’autres blessés lorsqu’une tente de IDP a été frappée dans la région d’Al Mawasi, à Khan Younis.
    • Le 19 septembre, vers 10 h 22, quatre Palestiniens auraient été tués et d’autres blessés lorsque le camp d’An Nuseirat a été frappé à Deir al Balah.
    • Le 19 septembre, vers 18 h 20, huit Palestiniens auraient été tués lorsqu’un bâtiment résidentiel aurait été frappé à Tal al Hawa, dans le sud-ouest de la ville de Gaza.
    • Le 20 septembre, vers 2 h 30, deux enfants palestiniens auraient été tués lorsque l’école Al-Mu’tasim, où des personnes déplacées ont été abritées, aurait été frappée, près du stade Al Yarmouk, dans le centre de Gaza.
    • Le 20 septembre, vers 6 heures, au moins neuf Palestiniens auraient été tués, dont sept enfants, une femme et un homme, lorsqu’un bâtiment résidentiel aurait été frappé à Tuffah, dans la ville du nord-est de Gaza.
    • Le 20 septembre, vers 9 h 30, l’hôpital Al Awda d’An Nuseirat aurait annoncé que six Palestiniens ont été tués et 23 blessés lorsque des personnes ramassant du bois de feu avaient été frappées, près de la région d’Al Mughraqa au nord du camp d’An Nuseirat, à Deir al Balah. Septembre a vu une augmentation du nombre de rapports selon lesquels l’armée israélienne aurait utilisé des tirs à balles réelles sur des personnes qui ramassaient du bois à brûler dans cette région. En plus de cet incidents, le Haut-Commissariat a enregistré des incidents survenus les 17, 18, 19, 21 et 22 septembre, avec au moins 19 morts, dont au moins un enfant (un garçon de 13 ans) et plus de 44 blessés.
    • Le 20 septembre, vers 15 h 35, quatre Palestiniens auraient été tués lorsqu’une tente de IDP aurait été frappée près du stade Al Yarmouk, dans la ville de Gaza.
    • Le 20 septembre, au moins 20 Palestiniens de la même famille auraient été tués, dont quatre femmes et 12 enfants, et d’autres seraient piégés sous les décombres lorsque trois bâtiments résidentiels habités auraient été frappés à As Sabra, dans le sud de Gaza.
    • Le 20 septembre, vers 22 h 40, quatre Palestiniens, dont un infirmier, sa femme et ses deux enfants, auraient été tués lors d’une frappe sur un immeuble résidentiel à As Sabra, dans le sud de la ville de Gaza.
    • Le 21 septembre, vers midi, quatre Palestiniens auraient été tués et d’autres blessés lors d’une frappe à Ad Daraj, dans le centre de Gaza.
    • Le 21 septembre, vers 14 h 45, neuf Palestiniens auraient été tués, dont au moins quatre enfants et deux femmes, et d’autres blessés lorsqu’un lieu situé à proximité d’un dispensaire géré par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a été frappé au camp d’Al Bureij, à Deir al Balah.
    • Le 23 septembre, vers 9 heures, deux pêcheurs palestiniens auraient été tués au large des côtes de l’ouest de Khan Younis.
  • Selon les registres du OHCHR, depuis la création de sites d’approvisionnement militarisés dans la bande de Gaza le 27 mai et à la date du 22 septembre, au moins 2 340 personnes, pour la plupart des jeunes hommes et des garçons, auraient été tuées, dont 1 218 près de zones d’approvisionnement militarisées et 1 122 le long des voies d’approvisionnement des convois. Au cours de la semaine écoulée, entre le 17 et le 22 septembre, 21 morts ont été signalés dans ce contexte, y compris près de trois sites d’approvisionnement militarisés à Rafah, Khan Younis et Wadi Gaza, et parmi des groupes de personnes cherchant de l’aide le long de la route Morag au sud de Khan Younis. Aucun incident survenu n’a été signalé près du point de passage de Zikim, qui est resté fermé depuis le 12 septembre (voir plus d’informations ci-dessous).
  • Le 17 septembre, 77 patients, ainsi que 107 accompagnateurs, ont été évacués médicalement à l’étranger. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 15 600 patients gravement malades ou blessés et qui ont besoin de soins spécialisés vitaux qui ne sont pas disponibles à Gaza attendent actuellement d’être évacués. Entre le 7 octobre 2023 et le 17 septembre 2025, seuls 7 802 patients, dont 5 369 enfants, ont été évacués à l’étranger. Le 23 septembre, 25 ministres des affaires étrangères d’Europe et du Canada ont publié une déclaration commune appelant à la remise en état du couloir médical permettant des évacuations sanitaires de Gaza vers la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.

Accès et espace humanitaire

  • Les retards et les obstacles aux mouvements humanitaires se poursuivent, y compris pour les missions se déplaçant du sud vers le nord de la bande de Gaza. Les missions qui sont approuvées par les autorités israéliennes mettent encore des heures à être accomplies et les équipes sont obligées d’attendre sur des routes souvent dangereuses ou encombrées. Entre le 17 et le 23 septembre, sur les 94 tentatives visant à coordonner les mouvements prévus avec les autorités israéliennes dans toute la bande de Gaza, 35 ont été facilitées (37 %), 13 ont été entravées (14 %), 30 ont été refusées (32 %) et 16 ont dû être retirées par les organisateurs pour des raisons logistiques, opérationnelles ou de sécurité (17 %). Depuis la fermeture du point de passage de Zikim le 12 septembre et à la date du 22 septembre, le taux de refus des mouvements vers le nord de Gaza est passé à 40 %, en augmentation par rapport au 18 % au cours des 11 jours précédents entre le 1er et le 11 septembre.
  • Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), aucune cargaison n’a été collectée dans le nord de Gaza depuis la fermeture du point de passage de Zikim (Erez West/As Siafa) le 12 septembre. Situé dans le nord de la bande de Gaza, il a été utilisé pour acheminer l’aide dans la région. Pour maintenir la fourniture de repas cuits dans le nord, les partenaires du cluster Sécurité alimentaire (Food Security Sector – FSS) dépendent de l’approvisionnement en provenance du sud, ce qui est difficile en raison de la congestion routière sur la route Al Rashid et de l’instabilité des conditions de sécurité. Au 22 septembre, 532 000 repas ont été préparés et livrés par 20 partenaires du FSS dans le cadre de 138 cuisines – 59 000 repas par 13 cuisines dans le nord et 473 000 repas par 125 cuisines dans le centre et le sud de la bande de Gaza. Dans le nord de la bande de Gaza, il y a eu une réduction d’environ 50 000 repas par jour par rapport aux 109 000 repas le 21 septembre à la suite de la fermeture de certaines cuisines communautaires, l’offensive militaire continuant de s’intensifier dans la ville de Gaza. Sans gaz de cuisine et compte tenu du prix élevé du bois de chauffage, les familles dans toute la bande de Gaza comptent de plus en plus sur le fait de payer pour utiliser des fours communaux pour fabriquer leur propre pain, en plus d’acheter de la farine et d’autres ingrédients. Les paquets de pain restent inabordables sur le marché, vendus à plus de 30 NIS (9 dollars des États-Unis) pour deux kilogrammes, contre 2 NIS (0,06 dollar) pour deux kilogrammes dans des boulangeries soutenues par l’ONU au début de 2025. Les partenaires travaillent sur des mesures visant à faire en sorte que les approvisionnements puissent arriver en toute sécurité aux boulangeries et aux entrepôts depuis les points de passages pour aider les boulangeries à reprendre les opérations à grande échelle.
  • Avec la fermeture continue du point de passage de Zikim depuis le 12 septembre, la suspension du transport de marchandises en provenance de la Jordanie à la suite d’un incident de sécurité au pont Allenby le 18 septembre, et la fermeture de tous les points de passage vers la bande de Gaza les 23 et 24 septembre en raison des fêtes juives annoncées par les Israéliens, les lignes d’approvisionnement de la bande de Gaza, en particulier jusqu’à la ville de Gaza, ont été imprévisibles. Entre le 12 et le 22 septembre 2025, 436 camions ont été collectés par l’intermédiaire du mécanisme des Nations unies 2 720 à partir des points de passage de Gaza, contre environ 1 040 camions collectés au cours de la période précédente de 11 jours entre le 1er et le 11 septembre, ce qui représente une diminution de 58 %.
  • En outre, selon les données du mécanisme des Nations unies 2720, entre le 1er et le 22 septembre, un total de 1 075 camions d’aide ont été interceptés pendant le transit à Gaza – soit pacifiquement par des civils désespérés, soit par des criminels armés. Ces incidents ont représenté 73 % de l’ensemble des fournitures collectées jusqu’à présent en septembre, ce qui compromet gravement l’acheminement de l’aide humanitaire. Notamment, le 18 septembre, des individus armés dans la ville de Gaza ont pris le contrôle de quatre camions du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) transportant des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi pour les enfants sous-alimentés, prenant les fournitures sous la menace d’armes à feu. Selon l’UNICEF, la perte de ces fournitures a privé au moins 2 700 enfants souffrant de malnutrition grave de cet apport nutritionnel vital.
  • Les mouvements de marchandises au poste frontière du pont Al Karama/Allenby sont suspendus depuis le 18 septembre, date à laquelle un chauffeur de camion jordanien transportant des marchandises pour la bande de Gaza a tiré et tué deux soldats israéliens. Le 23 septembre, les autorités israéliennes ont annoncé la fermeture du pont Al Karama/Allenby pour l’accès des passagers dans les deux sens. Le point de passage est essentiel pour les importations et les exportations commerciales et pour l’entrée de fournitures humanitaires en provenance de Jordanie. En août, environ un quart des secours humanitaires entrant à Gaza par le mécanisme des Nations unies 2720 sont venus par la Jordanie, y compris de la nourriture, des tentes et d’autres fournitures dont nous avons un besoin urgent. Ce bouclage a également perturbé la rotation du personnel humanitaire international à destination et en provenance de la bande de Gaza. L’ONU s’engage avec les parties prenantes concernées à répondre d’urgence à ces préoccupations, avertissant que la poursuite du bouclage de cette frontière sans alternatives viables saperait gravement l’action humanitaire à Gaza et aurait de graves répercussions sur les mouvements de Palestiniens.

Réduction de l’espace disponible pour les services vitaux à Gaza

  • Les bombardements constants, les ordres de déplacement et la disponibilité limitée de fournitures de base menacent la poursuite de l’exploitation des services de sauvetage dans la ville de Gaza, y compris les ambulances, les établissements de santé, les services de nutrition et les cuisines communautaires. Les approvisionnements en carburant restent également limités, avec la dernière livraison réalisée avec succès le 20 septembre, lorsque le Bureau des Nations Unies pour les services de projets (UNOPS) a livré 92 000 litres de carburant à la ville de Gaza pour appuyer les installations sanitaires, les services d’approvisionnement en eau et d’assainissement, et les télécommunications.
  • Le 22 septembre, le Réseau des ONG palestiniennes (Palestinian NGOs Network – PNGO ) a signalé qu’une frappe aérienne israélienne avait détruit le bâtiment d’Ash Shawa, dans la région d’As Samer, dans la ville de Gaza, qui abritait également des installations humanitaires essentielles, notamment un centre de soins de santé primaires de la Société palestinienne de secours médicale (PMRS), un centre de formation et communautaire du Programme de santé mentale de la Communauté de Gaza (Gaza Community Mental Health Programme – GCMHP), et les bureaux de plusieurs autres organisations de la société civile. Le centre du GCMHP fournit des services de santé mentale et psychosocial à des milliers de personnes, y compris des enfants, des femmes et des personnes handicapées. Selon le PMRS, l’attaque a détruit son centre de santé qui fournissait des services essentiels, notamment des services de don et de dépistage de sang, des soins aux traumatisés, des médicaments contre le cancer et un traitement des maladies chroniques. À la suite de cette frappe, le Directeur général de l’OMS a souligné que les attaques contre les soins de santé devaient cesser et a averti que « la destruction continue des installations sanitaires de la ville de Gaza entraînerait davantage de morts et submergerait encore les hôpitaux déjà surpeuplés dans le sud ». En outre, le 24 septembre, la PMRS a indiqué que son principal quartier général à Tal al Hawa, dans la ville de Gaza, avait été touché. Selon la PMRS, cette attaque a rendu tous les établissements de santé du PMRS à Gaza non opérationnels.
  • Le 22 septembre, les Forces armées jordaniennes (Jordanian Armed Forces – JAF) ont annoncé le déplacement de l’hôpital jordanien de campagne de la région de Tal al Hawa, dans la ville de Gaza, où elle était opérationnelle depuis plus de 16 ans, à Khan Younis, invoquant des préoccupations du personnel en matière de sécurité. Affirmant qu’ils étaient prêts à reprendre les opérations dans la ville de Gaza lorsque les conditions le permettront, les JAF ont noté que les bombardements continus et intensifs au cours des dernières semaines avaient endommagé la façade et l’équipement de l’hôpital, que l’hôpital était de plus en plus isolé et que la route menant à l’hôpital était devenue dangereuse.
  • Le 23 septembre, la Société palestinienne du Croissant-Rouge (PRCS) a signalé que la station d’oxygène de l’hôpital Al Quds, qui opère dans le quartier de Tal al Hawa, dans la ville de Gaza, avait cessé de fonctionner après avoir été touchée par des tirs de la part des forces israéliennes. En conséquence, l’hôpital ne compte plus actuellement que sur les bouteilles d’oxygène pré-remplies, qui devraient durer trois jours. Le PRCS a ajouté que des véhicules militaires israéliens étaient positionnés à la porte sud de l’hôpital, empêchant quiconque d’entrer ou de sortir.
  • Depuis le 1er septembre, quatre hôpitaux dans les gouvernorats Nord et Gaza-ville ont été contraints de fermer, ce qui porte à seulement 14 le nombre total d’hôpitaux en état de marche dans la bande de Gaza, dont huit dans la ville de Gaza, trois à Deir al Balah et trois à Khan Younis. Toutefois, aucun d’entre eux ne fonctionne à pleine capacité. Les quatre hôpitaux qui ont été mis hors service sont l’hôpital pour enfants Al Rantisi, l’hôpital ophtalmique et St. John Eye Hospital  dans la ville de Gaza et l’hôpital Hamad pour la réadaptation et les prothèses dans le governorat Nord de la bande de Gaza. L’hôpital Hamad est l’un des trois principaux centres de réadaptation spécialisés de la bande de Gaza, qui desservait 250 patients en ambulatoires avec des services de réadaptation, en plus de fournir des soins médicaux aux personnes blessées alors qu’elles cherchaient de l’aide dans le governorat Nord de Gaza, dans son centre de stabilisation des traumatismes, qui accueille environ 200 patients par jour. L’hôpital Al Rantisi avait subi de graves dommages suite à une frappe directe quelques jours plus tôt, et, selon le cluster Santé, la plupart de son matériel médical avait été transféré aux hopitaux Al Helou, As Sahaba et Patient Friendly, tous à Gaza-ville, le 21 septembre.
  • En outre, selon le cluster Santé, entre le 1er et le 23 septembre, 16 points médicaux et 11 centres de santé primaires ont été contraints de suspendre ou de fermer les services dans la ville de Gaza. Dans le même temps, la situation dans les huit hôpitaux restants et dans un hôpital de campagne de la ville est critique. Ces points de santé sont submergés par l’afflux de victimes résultant de frappes, en plus de la fourniture de soins médicaux pour les patients non traumatiques.

Défis au système de soins de santé dans le centre et le sud de Gaza

  • Au complexe médical Nasser à Khan Younis, la situation est extrêmement désastreuse. Les patients, en particulier les enfants, sont confrontés à des pénuries graves tant en matière de services de traitement que de lits d’hôpitaux. Selon le complexe médical Nasser, des dizaines de personnes s’entassent dans les couloirs et les chambres communes, tandis que les familles sont contraintes de s’asseoir par terre, dans un contexte de grave pénurie de médicaments et de soins essentiels. L’extrême surpopulation est due en grande partie au déplacement massif de familles du nord de la bande de Gaza, ce qui laisse l’installation incapable d’absorber la montée en flèche du nombre de patients. Le 22 septembre, M. Ahmed Al-Fara, Directeur du Centre pour enfants et de la maternité du complexe médical de Nasser, a décrit la situation comme une situation de surpopulation sans précédent dans l’ensemble de l’établissement, en particulier dans les services de pédiatrie. « Nous assistons à un embouteillage dans les unités néonatales, avec jusqu’à trois bébés partageant un seul incubateur – un précédent très grave dans les services de maternité», a-t-il déclaré. Il a ajouté que les services de pédiatrie n’avaient pas les moyens d’y parvenir, recevant environ 1 000 cas en seulement 24 heures, avec près de 200 enfants admis, bien que la capacité du département ne soit que de 40 lits. « Ce sont des chiffres que nous n’avons jamais vus auparavant », a-t-il souligné. Dr. Al-Fara a également fait état d’une augmentation spectaculaire du nombre de prématurés et de bas poids à la naissance, qui représentent aujourd’hui 60 à 70 % des nouveau-nés, contre 20 % avant octobre 2023. « Les conditions sont catastrophiques dans tous les sens du terme », a-t-il conclu.
  • Comme beaucoup d’autres établissements de santé, l’hôpital Al-Aqsa, à Deir al Balah, est confronté à un grave surpeuplement et à une capacité de lit insuffisante pour faire face à l’augmentation du nombre de patients. Bien qu’ayant la plus grande capacité de lit parmi les hôpitaux de la région, avec 350 lits, cela reste insuffisant. Face à l’extrême surpopulation et au milieu de l’arrivée de milliers de personnes déplacées dans le governorat central, l’hôpital Al-Aqsa a mis en place des tentes médicales entièrement équipées pour accueillir les blessés ainsi qu’une tente supplémentaire désignée pour les cas d’urgence, en raison du manque d’espace disponible dans les salles intérieures.
  • Les pénuries de fournitures et d’équipements médicaux continuent d’affaiblir le système de santé à Gaza. L’hôpital de campagne spécialisé du Koweït a annoncé, le 18 septembre, la suspension forcée de toutes les opérations chirurgicales prévues, limitant ses services aux seules interventions chirurgicales vitales. Cela est dû à une grave pénurie de médicaments et de fournitures médicales et à la détérioration du matériel et des engins au cours des deux dernières années. L’hôpital est également confronté à une grave pénurie de produits médicaux essentiels, y compris des médicaments d’anesthésie, des solutions médicales, du matériel et des fournitures de stérilisation, et des instruments chirurgicaux critiques, a ajouté l’hôpital. De même, la pénurie de sang reste un défi pressant, menaçant la vie des patients, avec des appels continus du Ministère de la santé pour les campagnes de dons de sang dans tous les hôpitaux de la bande de Gaza.

Déplacement et lutte pour la survie

  • Selon le cluster Gestion des sites (SMC), plus de 388 400 mouvements de déplacement ont été enregistrés entre le 14 août et le 23 septembre, soit une moyenne d’environ 9 700 mouvements par jour. La majorité de ces mouvements provenaient de la ville de Gaza, la plupart des gens se seraient dirigés vers Khan Younis et Deir al Balah – des zones qui, selon la Classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire (IPC), devraient faire face à la famine d’ici la fin du mois de septembre 2025. Le cluster note que les taux de déplacement sont probablement plus élevés, car de nombreuses personnes se déplacent également pendant la nuit lorsque la surveillance est limitée. Dans le même temps, des centaines de milliers de personnes restent dans la ville de Gaza et, selon l’UNRWA, « sont confrontées à des bombardements quotidiens, à la famine et à un accès compromis aux moyens de survie ».
  • Le voyage vers le sud est long et dangereux. Le 19 septembre, l’armée israélienne a annoncé que la route de Salah al Din, qui n’a ouvert que 48 heures, est fermée pour des déplacements vers le sud. Depuis la mi-août, la route d’Al Rashid est la principale route disponible pour les personnes qui se déplacent de la ville de Gaza vers le sud. Avant le départ, beaucoup signalent de nombreux jours d’attente pour sécuriser de l’espace sur les camions pour leurs biens, avec des coûts de transport élevés qui font peser une charge supplémentaire sur les familles déjà épuisées. L’UNRWA indique que les coûts peuvent atteindre plus de 3 000 dollars US, pour le transport, l’achat d’une tente et d’un espace pour installer la tente – quand cet espace est disponible. Selon les partenaires du SMC, de nombreuses familles n’ont pas les moyens de se rendre au sud, ce qui oblige certains à voyager à pied. Les familles sont également confrontées à des retards de plusieurs jours et voyagent le long d’itinéraires de déplacement surchargés et ardu, ce qui augmente souvent le risque de séparation des familles. C’est particulièrement le cas pour les enfants de moins de 10 ans, souligne l’UNICEF. Les rapports des partenaires aux quatre points de surveillance des flux sur la route Al Rashid – comprenant des partenaires travaillant sur la gestion et la protection des sites, y compris la protection de l’enfance et la lutte contre la violence fondée sur le genre (gender-based violence – GBV) – indiquent que la route est fortement encombrée, avec des véhicules, des chariots d’âne, des tuk-tuks et un grand nombre de personnes épuisées et à bout voyageant à pied. La majorité de la population de Gaza ayant déjà été déplacée à plusieurs reprises, les plus vulnérables, en particulier les enfants et les personnes âgées, sont les premières victimes des difficultés, y compris le risque de déshydratation pendant le voyage. Layan, un écolier de 11 ans, a déclaré à l’UNRWA : « Je suis censé être en sixième année. Mon école a été détruite… j’en ai tellement marre de l’évacuation et du déplacement. C’est la sixième fois que nous nous déplaçons à la recherche d’un endroit sûr. »
  • Entre le 9 et le 23 septembre, six partenaires de la protection de l’enfance aux quatre points de surveillance ont atteint plus de 24 000 personnes, dont plus de 14 000 enfants bénéficiant de premiers secours psychologiques, et ont orienté 44 enfants non accompagnés pour des services de recherche, de réunification et de prise en charge temporaire. Les partenaires de la protection de l’enfance avaient distribué 4 760 bracelets d’identification dans des abris, des couloirs de déplacement et des sites au cours des trois dernières semaines pour faciliter le regroupement familial – chaque bracelet comprend le nom de l’enfant, la date de naissance, les coordonnées du pourvoyeur de soins et l’enregistrement du site de déplacement.
  • Le cluster Abris signale que la situation dans le sud est alarmante : les familles sont entassées dans des tentes de fortune le long de la plage, entassées dans des écoles surpeuplées ou endormis en plein air ou au milieu des décombres des maisons détruites, les services sont sollicités au-delà de leurs capacités et ne peuvent pas répondre aux besoins de ceux qui sont déjà présents, sans parler des nouveaux arrivants. La majorité des personnes déplacées arrivent sans tentes, et les tentes restent à la fois rares et inabordables, selon le cluster, les prix du marché atteignant environ 1 000 dollars – bien au-delà des moyens de la plupart des familles. Selon le cluster Protection, le grave surpeuplement des lieux de déplacement dans le sud accroît les risques de violence, de maltraitance et d’exploitation de tous les groupes, avec un risque particulier de négligence pour les enfants, et érode la dignité des personnes déplacées. La congestion dans les sites expose également les femmes et les jeunes filles au risque accru de violence sexiste. Les familles souffrent en outre d’un stress et d’un traumatisme extrêmes, qui alimentent à la fois les tensions au niveau de la communauté et intrafamiliales. Le 19 septembre, une mission interinstitutions dirigée par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a visité trois sites de déplacement accueillant environ 4 000 personnes à Khan Younis et identifié des niveaux critiques de besoins, avec les écarts les plus urgents en matière de nourriture, d’eau, d’assainissement et d’hygiène, de santé, de logement, de protection de l’enfance, de  violence sexiste et de la gestion des sites. À Deir al Balah et Khan Younis, le SMC signale qu’il existe actuellement environ 64 sites de déplacement, dont 25 abris d’urgence désignés par l’UNRWA et d’autres nombreux sites dispersés le long de la plage, avec une population totale d’environ 460 000 personnes déplacées, dont environ 20 600 personnes  qui viennent d’arriver du nord de Gaza.

(Traduction SK, pour l’UJFP)

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