Union juive française pour la paix

Lettre ouverte de Gabriel Hagaï à Netanyahou pour demander le passage de la flottille vers Gaza.

Gabriel hagai tefillin Lite 1024x961 1 Lettre ouverte de Gabriel Hagaï à Netanyahou pour demander le passage de la flottille vers Gaza.

La lettre ouverte à Netanyahou que j’ai rédigée la veille de Rôsh ha-Shânâ pour demander le passage de la flottille vers Gaza.



Paris, le 22 septembre 2025

À l’attention du Premier Ministre israélien M. Benyamin Netanyahou

Monsieur le Premier Ministre, en cette veille de Rôsh hash-Shânâ, notre nouvelle année juive 5786, jour où « tous les résidents du monde (kol bâ’ê çôlâm) défilent devant Lui semblablement aux habitants des Cieux (kivnê Mârôn) » (Mishnâ Rôsh hash-Shânâ 1:2), je vous adresse cette lettre ouverte qui constitue un plaidoyer pour laisser passer la flottille humanitaire pour Gaza (Global Sumud Flotilla).

Selon notre tradition religieuse, l’urgence du pige!) nèfesh (c’est-à-dire de la personne mourante qu’on peut sauver) repousse même les interdits shabbatiques (cf. T. Yômâ 85a ; Mishné Thôrâ, Hilkh. Shabbâth II, 3) — indépendamment du fait qu’il s’agisse d’un mourant juif ou non-juif. Et cette urgence vitale est actuellement présente à Gaza pour des milliers de personnes.

Monsieur le Premier Ministre, tous les êtres humains ont été créés à l’image de Dieu (be5almô), selon Sa ressemblance (kidhmûthô) (cf. Genèse 1:26) ; aucune vie n’est inférieure ou supérieure à l’autre ; nous sommes tous égaux, quels que soient notre sexe, notre race, notre culture et notre religion. Nos Sages enseignent (Sanhédhrîn IV:5) : « Adam a été créé unique, pour enseigner que tout celui qui fait périr une personne, c’est comme s’il avait fait périr tout un monde, et que tout celui qui fait vivre une personne, c’est comme s’il avait fait vivre tout un monde ; et pour la paix des créatures, qu’un homme ne dise pas à son prochain : « mon père est plus grand que le tien (abbâ gadhôl mé-avîkhâ) ». »

Selon notre Torah chacun est responsable de ses crimes (Deut. XXIV:16) : « On ne fera point mourir les pères pour les fils, et l’on ne fera point mourir les fils pour les pères ; on fera mourir chacun pour son péché. » Principe répété dans ce verset (Ézéchiel XV111:2o) : « L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui. » Ainsi (Genèse IX:6) : « Qui aura versé le sang de l’Homme, par l’Homme son sang sera versé (shôfékh dam-hâ-Âdhâm, bâ-Âdhâm dâmô yishshâfékh). » Il est donc impensable de punir, au nom de notre judaïsme, des innocents pour des meurtres qu’ils n’ont pas commis. Rien ne vaut plus que l’action juste et non-violente. Nous sommes tous liés, tous unis par nos liens d’humanité. Lorsqu’un seul être humain est tué, c’est nous tous qui mourrons.

Monsieur le Premier Ministre, l’État d’Israël — que vous dirigez — se targue d’être un pays juif ; il faudrait donc qu’il commence à agir comme ce qu’il prétend être ! Notre Torah est basée sur la justice, l’amour, l’humilité et l’inclusion — vertus incarnées par nos Prophètes et nos Saints, tels Moïse, Aaron et Hillel l’Ancien (paix sur eux — çalêhèm hash-shâlôm). Tout le contraire des « valeurs » du sionisme politique. Débarrassez-nous de cette idéologie toxique —construite sur l’orgueil, l’oppression, la haine et l’exclusion —, de facto raciste, exclusiviste, hégémoniste et faiseuse d’apartheid et de génocide.

Selon notre Torah, on ne saurait établir une société saine sur l’injustice envers ne fût-ce
qu’une seule personne (fût-elle non-juive) — a fortiori envers un peuple tout entier (i.e. les Palestiniens). Il est dit (Deut. XVI:2o) : « Sedheq sedheq tirdof (justice, tu poursuivras la justice) ! ». Et (Deut. XXX:15-19) : « Wuvâhartâ ba-hayyîm (tu choisiras la vie). ». De même, la Torah doit être « [notre] sagesse (hokhmathkhèm) et [notre] intelligence aux (wuvînathkhèm) yeux des nations » (Deut. IV:6), plutôt qu’un manuel d’oppression nationaliste.

Monsieur le Premier Ministre, il n’y a rien au monde meilleur que la paix — et une paix authentique en Terre Sainte n’existera que fondée sur la justice pour tous les protagonistes, et non sur la simple absence de violence ou sur le remplacement d’une injustice par une autre. La paix ne se fera pas au détriment des Palestiniens et au bénéfice des Israéliens, ou réciproquement, mais au bénéfice des deux, ensemble.

Surtout que la Rédemption finale tant annoncée par nos Prophètes ne se fera que basée sur l’Amour inconditionnel (Ahavath-hinnâm), et pas sur autre chose. Comme l’écrit explicitement ribbî Yehèzqél Taub de Kuzmir (1771-1856) : « De la même manière que la Destruction du Temple a eu lieu à cause de la haine gratuite (sin’ath hinnâm — cf. T. Yômâ 9b), de même, pour le réparer, il faut de l’Amour gratuit, que chacun aime son prochain gratuitement, inconditionnellement. » (Nèhmâdh miz-Zâhâv, p. 77). Seul l’établissement d’une société humaine globale fondée sur la justice, la bonté et la compassion hâtera la Rédemption messianique tant espérée.

Monsieur le Premier Ministre, j’en appelle donc à nos principes juifs d’humanisme, de charité, de justice et d’entraide, afin que vous donniez l’ordre de laisser passer la flottille humanitaire pour Gaza (Global Sumud Flotilla). Les Gazaouis ont tant besoin de cette aide d’eau potable, de nourriture et de médicaments qu’elle apporte, ainsi que de ses nombreux médecins et professionnels de santé embarqués. Le monde entier a les yeux rivés sur votre décision.

N’oublions pas que Dieu est notre origine et celle de nos épreuves ici-bas, ainsi que notre finalité (Isaïe XLV:22) : « Tournez-vous vers Moi, et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre. » Que s’accomplisse en nous ici-bas le verset (Psaumes CXXX111:1) : « Qu’il est bon et qu’il est agréable le séjour des frères ensemble (hinné mot-tôv wuman­nelm shèveth ahîm gam yâhadh). »

Le-shônâ tôvâ nikkâthév we-néhâthém (que Dieu décrète sur nous une bonne année). Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’assurance de mon attention respectueuse. k Gabriel Hagaï, F(ab in

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