L’éducation occupe toujours une place centrale dans la vie des Palestiniens de la bande de Gaza, malgré les conditions difficiles imposées par la guerre et les destructions massives qui ont touché les écoles et les infrastructures éducatives, ainsi que les attaques directes visant les enseignants, tués, arrêtés ou déplacés. La détermination des familles à instruire leurs enfants constitue un signe marquant de résilience collective : elles considèrent que l’avenir éducatif de leurs enfants est aussi essentiel que les autres besoins vitaux, voire prioritaire. C’est pourquoi elles continuent d’envoyer leurs enfants dans les centres éducatifs installés dans les camps de déplacés, illustrant ainsi leur attachement au droit à l’éducation, même dans les circonstances les plus sombres.
Dès les premiers jours de la guerre, l’UJFP a accordé à l’éducation une priorité absolue, consciente de son rôle dans le renforcement de la résilience et la protection des enfants contre le vide destructeur. Elle a donc rapidement mis en place et soutenu plusieurs centres éducatifs dans différentes zones de la bande de Gaza : depuis Mawassi Khan Younès, en passant par la région d’Abou Taïma et Deir al-Balah, jusqu’à l’ouest de Nuseirat. Ces centres ont accueilli des centaines d’élèves déplacés venus de divers endroits du territoire, offrant un environnement relativement sûr qui leur permet de poursuivre leur scolarité, tout en recevant un accompagnement psychologique et social.
Bien que certains centres aient fermé après l’annonce de la trêve au début de l’année 2025, à la suite du retour de certaines familles dans leurs quartiers, le centre Al-Fajr à Mawassi Khan Younès a poursuivi ses activités éducatives jusqu’à aujourd’hui, demeurant un point d’espoir pour les enfants déplacés. Quant au centre Premiers Pas à l’ouest de Nuseirat, il a su, grâce à ses infrastructures solides, devenir l’un des établissements éducatifs les plus importants du centre de la bande de Gaza. Il accueille plus de 600 élèves, du primaire au secondaire, encadrés par 18 enseignants et trois psychologues spécialisés qui travaillent à soutenir les enfants et à les préparer à se réintégrer dans leur famille et leur communauté.
Au début du mois de septembre, le centre Premiers Pas, en collaboration avec plusieurs institutions locales, a organisé des ateliers de sensibilisation pour les parents. Les participants ont exprimé leur grande satisfaction quant aux thématiques abordées et à la méthode de présentation, soulignant l’importance des informations reçues sur la construction de la confiance en soi chez l’enfant et sur les moyens d’apporter un soutien psychologique à la maison et à l’école. Certains ont reconnu qu’ils n’avaient pas une connaissance suffisante des troubles comportementaux fréquents chez les enfants, ni des manières d’y faire face, et que ces ateliers les avaient aidés à identifier les signes de ces troubles ainsi que les premières étapes d’intervention. Plusieurs parents ont aussi manifesté leur souhait de participer à d’autres ateliers pratiques à l’avenir.

Fait particulièrement marquant : certains parents ont partagé des histoires émouvantes concernant la souffrance de leurs enfants, confrontés à une timidité excessive ou à des comportements agressifs. Ils ont confirmé que les ateliers leur avaient fourni des outils concrets pour gérer ces situations à la maison, ce qui leur donne désormais le sentiment de pouvoir mieux accompagner leurs enfants.
Les ateliers de soutien psychologique pour enfants
En plus des parents, les psychologues du centre ont organisé des ateliers directs pour les enfants, comprenant des activités interactives destinées à les stimuler et à libérer leurs énergies. Parmi les plus notables :
- Expression des émotions : ces ateliers visaient à aider les enfants à exprimer leurs peurs, leur colère et leur tristesse de manière sécurisée, à travers le dessin, l’écriture ou des activités collectives. Ces exercices ont permis de briser le silence et d’améliorer leur communication avec leur entourage.
- Confiance en soi : ils étaient centrés sur la construction d’une image positive de soi et l’encouragement à reconnaître ses capacités et sa valeur, grâce à des jeux collectifs et des activités narratives qui montrent à chaque enfant qu’il peut créer et réussir.
- Hygiène personnelle : dans des conditions de déplacement difficiles, les psychologues ont veillé à inculquer des habitudes d’hygiène comme partie intégrante de la santé physique et mentale, par le biais d’activités simples (chansons, histoires illustrées) expliquant l’importance du lavage des mains, de la douche et du brossage des dents.
- Gestion de la colère : ces ateliers ont introduit des méthodes pratiques pour contrôler les émotions de colère et l’impulsivité, à travers des exercices de respiration et de relaxation, ainsi qu’un apprentissage visant à remplacer les comportements agressifs par des modes d’expression plus pacifiques.
Les psychologues ont noté qu’un grand nombre d’enfants souffraient de comportements agressifs, d’hyperactivité et de troubles de l’attention, ce qui rend ces ateliers indispensables dans la période actuelle.
Expansion du centre et afflux croissant
Afin d’accueillir le nombre croissant d’enfants, les équipes de l’UJFP ont commencé, depuis une semaine, à agrandir le centre Premiers Pas et à l’aménager pour recevoir davantage d’élèves. Cette décision a été motivée par l’installation de dizaines de familles dans des tentes dressées sur les terrains voisins, rendant urgente l’augmentation de la capacité d’accueil. La semaine dernière, des dizaines de parents se sont rendus au centre pour y inscrire leurs enfants, témoignant de leur confiance dans le rôle majeur qu’il joue à la fois dans l’éducation et dans le soutien psychologique des jeunes.
Conclusion
Malgré tous les défis, l’éducation reste dans la bande de Gaza un outil fondamental de résilience et un moyen de protéger toute une génération contre la perte de repères. La détermination des familles à instruire leurs enfants, conjuguée au soutien d’organisations comme l’UJFP, incarne la volonté palestinienne inébranlable et envoie au monde un message clair : l’éducation n’est pas un luxe, mais un droit fondamental auquel les Palestiniens s’accrochent, même sous les bombes et l’exil.
Photos et vidéos ICI
(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)