Union juive française pour la paix

Témoignage d’Abu Amir, le 13 septembre 2025 – Gaza entre déplacement et faim : des repas chauds redonnent vie au cœur de la tragédie

Abu Amir 9 9 25 aide alimentaire et repas chauds 2IMG 0265 Témoignage d'Abu Amir, le 13 septembre 2025 - Gaza entre déplacement et faim : des repas chauds redonnent vie au cœur de la tragédie

À Gaza, une tragédie humaine qui dépasse les limites du supportable se dévoile chaque jour. Elle s’incarne dans les visages des habitants, dans les mains tremblantes des mères cherchant de quoi nourrir leurs enfants, et dans le regard des hommes accablés par l’impuissance face à la flambée des prix et à l’absence de revenus. La crise économique qui ravage la bande n’a laissé aucune place à la stabilité : les prix se sont envolés de façon vertigineuse, au point que les denrées alimentaires de base sont devenues un rêve inaccessible. Les sources de revenus, elles, se sont taries pour la plupart des familles après un déplacement forcé qui a épuisé des ressources déjà dérisoires. Le simple morceau de pain est devenu une victoire, une assiette de lentilles un trésor, et beaucoup s’endorment le ventre vide, sans goûter à une nourriture digne des êtres humains.

La scène du déplacement est l’une des plus douloureuses pour la conscience. Des centaines de milliers ont été contraints de quitter leurs maisons et leurs abris à Gaza-ville, fuyant sous les bombardements et l’insécurité. Ils ont emporté le peu qu’ils pouvaient et se sont réfugiés vers le centre et le sud de la bande. Là, ils n’ont trouvé que des camps surpeuplés conçus pour accueillir un nombre limité de personnes, mais qui se remplissent chaque jour de milliers de nouveaux arrivants. Les tentes s’alignent, serrées les unes contre les autres, comme des cœurs épuisés en quête de chaleur. Les voix des enfants dominent la foule : certains réclament de l’eau, d’autres cherchent un morceau de pain, d’autres encore gémissent de maladie. Ces camps ne sont plus de simples abris temporaires, mais des foyers d’une misère insoutenable, où les habitants n’ont plus d’autre choix que d’attendre une aide providentielle.

Dans ces camps, la crise sanitaire et humanitaire s’aggrave de façon alarmante. Les besoins en nourriture et en eau potable atteignent des proportions catastrophiques. Les réservoirs sont à sec, les puits insuffisants, et l’eau propre est devenue une denrée rare. Quant à la nourriture, les rations distribuées par l’aide humanitaire ne suivent pas le rythme des arrivées massives. Des dizaines de milliers de familles déplacées passent leurs nuits affamées et consacrent leurs journées à une quête acharnée pour un simple repas. Les files interminables sous un soleil brûlant témoignent de cette détresse : des femmes, portant leurs enfants dans les bras, attendent leur tour pour recevoir un peu de nourriture. Ces images traduisent une tragédie humaine sans précédent au XXIe siècle.

Pourtant, au milieu de cette obscurité dense, quelques initiatives humanitaires représentent des lueurs d’espoir. Les équipes de l’UJFP poursuivent sans relâche leur mission, offrant des repas chauds aux agriculteurs déplacés et aux familles nouvellement réfugiées dans les camps. Ces repas, bien que modestes, constituent une base essentielle pour renforcer la résilience des habitants et soutenir leur survie. Imaginez une famille épuisée n’ayant pas mangé de repas cuisiné depuis des jours, et recevant soudain une assiette chaude qui réchauffe les corps et ranime les âmes. Ce n’est pas seulement de la nourriture : c’est un message de vie qui dit aux déplacés qu’ils ne sont pas seuls.

L’importance de ces repas dépasse la simple nutrition. Ils offrent aux gens un soutien psychologique et moral pour continuer à tenir. Car celui qui a faim ne peut penser, ne peut résister ni au froid ni à la maladie. Mais lorsqu’il reçoit un repas chaud, il se sent vu, épaulé, reconnu dans sa dignité. En temps de déplacement et de famine, chaque bouchée devient un acte de résistance, et une simple table dressée dans une tente se transforme en symbole d’espoir. Le plus beau reste de voir les enfants sourire en découvrant la nourriture devant eux, redonnant ainsi aux adultes un peu de force pour affronter un nouveau jour.

Abu Amir 8 9 25 aide alimentaire et repas chauds IMG 0249 Témoignage d'Abu Amir, le 13 septembre 2025 - Gaza entre déplacement et faim : des repas chauds redonnent vie au cœur de la tragédie

Les camps du centre et du sud de la bande, malgré leur surpopulation extrême, s’efforcent d’être des espaces de résilience. Mais la pression démographique menace tout équilibre. Les infrastructures médicales sont quasi effondrées, les routes bondées de déplacés, et les services de base quasiment absents. Chaque tente est trop petite pour ses occupants, chaque recoin déborde de besoins insatisfaits. Pourtant, les habitants s’accrochent à la vie : ils se rassemblent autour d’un feu pour se réchauffer ou cuisiner le peu qui reste. Ils vivent plus d’espoir que de pain, plus de solidarité que de ressources.

La situation humanitaire à Gaza n’est pas seulement une crise alimentaire ou de logement, mais un véritable test pour l’humanité entière. Les habitants crient d’une seule voix : nous sommes des êtres humains, nous méritons de vivre. Tandis que l’exil les consume dans leur propre terre, certains solidaires leur tendent la main à travers ces repas chauds. Des gestes qui peuvent sembler petits aux yeux du monde, mais qui, dans la réalité des camps, équivalent à une vie entière. Chaque repas distribué par les équipes de l’UJFP signifie qu’une famille ne s’endormira pas affamée, qu’une mère pleurera de joie plutôt que de douleur, et qu’un enfant s’endormira le ventre plein.

Abu Amir 9 9 25 aide alimentaire et repas chauds 3 IMG 0261 Témoignage d'Abu Amir, le 13 septembre 2025 - Gaza entre déplacement et faim : des repas chauds redonnent vie au cœur de la tragédie

Ces initiatives prouvent que l’action humanitaire n’est pas un luxe, mais une artère vitale au cœur de la catastrophe. À chaque repas servi, renaît l’espoir que demain pourrait être meilleur. Certes, ces repas ne reconstruiront pas les maisons détruites, ni ne compenseront les pertes immenses, mais ils sèment une graine de résilience dans les cœurs des déplacés et leur donnent la force d’attendre jusqu’à ce que la nuit oppressante s’achève.

Au bout du compte, Gaza écrit aujourd’hui, avec ses larmes, sa faim et ses récits d’exode, une page dure de l’histoire humaine. Mais elle en écrit une autre aussi : celle de la solidarité, des repas chauds devenus une arme contre la faim, et de la volonté de survivre qui ne se brise pas. Ses habitants tiennent bon malgré la douleur, espèrent malgré l’oppression, et continuent à vivre malgré tout ce qu’ils ont perdu. Gaza est aujourd’hui le miroir de la dignité humaine face aux épreuves les plus dures, et un cri lancé au monde : sauvez l’homme avant que la tragédie n’engloutisse tout.

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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