Situation humanitaire, mise à jour du 13 août 2025 # 313 de l’OCHA – Bande de Gaza

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Le rapport complet en anglais ICI

Faits marquants

  • Le Secrétaire général des Nations unies a demandé une enquête indépendante et impartiale sur le meurtre de six journalistes palestiniens dans une frappe israélienne à Gaza le 10 août, qui souligne les risques extrêmes auxquels les journalistes et les professionnels des médias qui couvrent la guerre continuent de faire face.
  • Les décès liés à la faim augmentent et la bande de Gaza continue de faire face à la famine. Huit personnes seraient mortes au cours des dernières 24 heures.
  • La malnutrition infantile peut entraîner des séquelles à vie et une dégradation de plusieurs générations, selon Save the Children.
  • Pour faire reculer la montée en flèche de la famine, le cluster Sécurité alimentaire demande la reprise immédiate de l’aide humanitaire à grande échelle avec un accès garanti, sûr, sans entrave et durable, et l’augmentation des importations d’aliments nutritifs par le biais du secteur commercial.
  • La réponse en soins de santé primaires à Gaza est compromise par le manque de fournitures médicales adéquates, laissant des milliers de patients atteints de maladies chroniques et des personnes souffrant de maladies transmissibles sans soutien vital, ce qui aggrave le risque d’une crise de santé publique à grande échelle, avertit l’UNRWA.

Développement humanitaire

  • Au cours de la semaine écoulée, les forces israéliennes ont continué de perpétrer de lourds bombardements aériens, terrestres et maritimes sur toute la bande de Gaza, parallèlement à des opérations terrestres continues. Des tirs de roquettes ont été effectués par des groupes armés palestiniens en direction du territoire israélien et des combats avec les forces israéliennes on été rapportés. On ne cesse de recevoir des informations faisant état de victimes à la suite de frappes sur des écoles, des tentes et des immeubles résidentiels, ainsi que parmi les personnes qui tentent d’accéder à des réserves alimentaires dans des points de distribution militarisés ou qui attendent l’arrivée de convois d’aide humanitaire, ainsi que d’explosions et de démolition de bâtiments résidentiels, de destruction d’infrastructures civiles et de déplacements à grande échelle. Selon le cluster Gestion des sites (SMC), plus de 780 000 Palestiniens à Gaza ont été déplacés entre le 18 mars et le 12 août, dont plus de 12 500 mouvements de déplacement signalés entre le 29 juillet et le 12 août, dont 68 % provenaient du gouvernorat de Gaza-ville, principalement entre le 10 et le 11 août.
  • Lors d’un exposé au Conseil de sécurité des Nations unies sur Gaza, le Directeur de la Division de la coordination de l’OCHA, M. Ramesh Rajasingham, s’est déclaré préoccupé par le conflit prolongé et les informations faisant état d’atrocités, et  et a fait part de ses inquiétudes quant à de nouvelles pertes humaines suite à la décision du gouvernement israélien d’étendre ses opérations militaires : « Gaza est en ruines. Presque tout le monde à Gaza a été déplacé de force à un moment ou à un autre au cours des deux dernières années, et au moins une fois. Les Palestiniens de Gaza ont été contraints de se regrouper dans une zone qui représente moins de 14 % du territoire, dans des zones qui ne sont pas sûres et manquent de services de base ou d’abris. La poursuite de l’expansion des opérations militaires aggravera encore ces conditions. » Il a souligné que les décès liés à la faim sont en augmentation, notant qu’il ne s’agit « plus d’une crise de la faim imminente – c’est de la famine, pure et simple », et que les conditions humanitaires restent en grande partie inchangées malgré certaines améliorations des opérations rendues possibles par les « pauses tactiques » de l’armée israélienne et l’approbation récente par les autorités israéliennes d’un mécanisme permettant la reprise progressive des importations contrôlées de marchandises commerciales à Gaza.
  • Selon le Ministère de la santé à Gaza, entre le 6 et le 13 août, 564 Palestiniens ont été tués et 3 083 blessés. Cela porte le nombre de victimes parmi les Palestiniens depuis le 7 octobre 2023, comme l’a signalé le Ministère de la santé, à 61 722 morts et à 154 525 blessés. Le Ministère de la santé note en outre que le nombre de victimes parmi les personnes qui tentent d’accéder à des vivres a augmenté pour atteindre 1 859 morts et plus de 13 594 blessés depuis le 27 mai 2025.
  • Selon l’armée israélienne, entre le 6 et le 13 août, aucun soldat israélien n’a été tué à Gaza. Le nombre de victimes parmi les soldats israéliens depuis le début de l’opération terrestre en octobre 2023 est de 454 morts et 2 872 blessés, selon l’armée israélienne. Selon les forces israéliennes et les sources officielles israéliennes citées dans les médias, plus de 1 654 Israéliens et ressortissants étrangers ont été tués, la majorité le 7 octobre 2023 et ses conséquences immédiates. Au 13 août, on estime que 50 Israéliens et ressortissants étrangers restent prisonniers à Gaza, y compris les otages qui ont été déclarés morts et dont les corps sont retenus.
  • Le 10 août, l’armée israélienne a frappé une tente utilisée par des journalistes, à l’extérieur de la principale porte de l’hôpital Al Shifa dans la ville de Gaza, tuant six journalistes et professionnels des médias, dont quatre membres (deux correspondants et deux cameramen) du réseau Al Jazeera Media Network dans la ville de Gaza. Le Secrétaire général des Nations unies a appelé à une enquête indépendante et impartiale sur ces derniers meurtres, qui soulignent les risques extrêmes auxquels les journalistes de Gaza continuent de faire face lorsqu’ils couvrent la guerre en cours. Le Syndicat des journalistes palestiniens (PJS) a fermement condamné l’incident et déclaré qu’avec le meurtre des six journalistes, le nombre total de journalistes et de professionnels des médias tués depuis le début de l’escalade est passé à 238. En juillet 2025, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) avait demandé la protection de l’un des journalistes tués, se déclarant préoccupé par le fait qu’il était la cible d’une campagne de dénigrement de l’armée israélienne. La directrice régionale du CPJ, Sara Qudah, a déclaré que « Israël a tué plus de journalistes au cours des 22 mois qui se sont écoulés depuis le début de la guerre que ce qui a été tué dans le monde entier au cours des trois années précédentes ».
  • Parmi les autres incidents majeurs ayant fait des victimes au cours de la semaine écoulée, on peut citer les suivants :
  • Le 7 août, vers 10 heures, au moins cinq Palestiniens, dont au moins une femme, auraient été tués et plus de 30 blessés lorsque des tirs ont été ouverts sur des Palestiniens cherchant de la nourriture près du point de distribution militarisé à Ash Shakoush, dans le nord de Rafah.
  • Le 7 août, vers 16 h 15, six Palestiniens, dont un couple et trois de leurs enfants, auraient été tués et d’autres blessés lorsqu’une tente pour personnes déplacées a été frappée à Ash Sheikh Radwan, au nord-ouest de la ville de Gaza.
  • Le 7 août, vers 21 heures, cinq Palestiniens auraient été blessés lorsqu’une école abritant des personnes déplacées a été frappée à Ad Daraj, dans l’est de Gaza.
  • Le 8 août, vers 16 heures, neuf Palestiniens, dont un couple et leurs cinq enfants et une autre femme, auraient été tués lorsqu’un bâtiment résidentiel abritant des personnes déplacées aurait été frappé à Bani Suheila, à l’est de Khan Younis.
  • Le 8 août, dans l’après-midi, neuf Palestiniens, dont trois enfants, auraient été  blessé par une aide humanitaire larguée par avion sur la rue Al Jalal, dans le nord de la ville de Gaza.
  • Le 9 août, vers 12 h 30, un garçon palestinien de 14 ans aurait été tué après avoir été touché par un cratère causé par une aide humanitaire larguée par avion dans le camp d’An Nuseirat, à Deir al Balah.
  • Le 11 août, vers 10 heures, au moins trois Palestiniens auraient été blessés lorsqu’une école a été frappée à Az Zaytoun, dans la ville de Gaza.
  • Le 11 août, au petit matin, neuf Palestiniens, dont six enfants (frères et sœurs), auraient été tués lorsqu’un bâtiment résidentiel aurait été bombardé à Az Zaytoun, dans la ville de Gaza.
  • Le 11 août, vers 14 h 45, sept Palestiniens, dont un couple et au moins deux de leurs filles, auraient été tués lorsqu’une maison aurait été frappée à Az Zaytoun, dans la ville de Gaza.
  • Le 11 août, vers 19 h 15, huit Palestiniens qui cherchaient de l’aide auraient été tués et d’autres blessés alors qu’ils attendaient des convois d’aide dans la région d’As Sudaniya, dans l’ouest de Beit Lahiya, dans le nord de Gaza.
  • Le 11 août, vers 18 h 16, six Palestiniens, dont deux garçons et une femme âgée, auraient été tués lorsqu’une borne de recharge mobile aurait été frappée dans le sud de Deir al Balah.
  • Le 12 août, vers 13 h 30, au moins cinq Palestiniens, dont un homme, son fils de sept mois, un couple et leur fils, qui est un pompier de la défense civile palestinienne (PCD), auraient été tués lorsqu’une tente de PCI aurait été frappée à Al Mawasi, dans l’ouest de Khan Younis. PCD a déclaré que le meurtre du pompier avait porté à 137 le nombre de personnes tuées depuis octobre 2023.
  • Entre le 27 mai et le 8 août, l’hôpital de campagne de la Croix-Rouge de Rafah a traité plus de 4 500 blessés par des armes, dont la plupart ont indiqué qu’ils tentaient de se rendre sur des sites de distribution de vivres lorsqu’ils ont été blessés. Depuis l’ouverture de ces sites de distribution, plus de 30 frappes ayant fait de nombreuses victimes ont été enregistrés à l’hôpital de campagne. Toujours dans le sud de Gaza, Médecins sans frontières (MSF) a signalé que 1 380 victimes, dont 28 morts, avaient été reçues dans ses dispensaires d’Al-Mawasi et d’Al-Attar, situées près des points de distribution militarisés, entre le 7 juin et le 24 juillet 2025. Au cours de ces sept semaines, les équipes de MSF ont soigné 71 enfants pour des blessures par balle, dont 25 étaient âgés de moins de 15 ans. « Les enfants ont été touchés à la poitrine alors qu’ils cherchaient de la nourriture. Des personnes ont été écrasées ou étouffées dans des bousculades », a déclaré le directeur général de MSF Espagne, ajoutant : « Au cours des près de 54 années d’opérations de MSF, nous avons rarement vu ces niveaux de violence systématique contre des civils non armés. » MSF a également reçu des dizaines de patients qui ont été blessés soit dans les bousculades de la foule, soit en étant battus et dévalisés de leurs fournitures immédiatement après les avoir reçus. Les équipes de MSF ont traité 196 patients souffrant de blessures à la suite de bousculades chaotiques sur les sites de distribution, dont un garçon de 5 ans souffrant de graves blessures à la tête et une femme décédée d’asphyxie, probablement causé par la bousculade asphyxiante d’une foule.
  • Le 13 août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appuyé l’évacuation médicale de 38 patients palestiniens de Gaza, dont 32 enfants et six adultes, ainsi que 99 accompagnateurs. Les patients ont été évacués vers l’Italie, la Belgique et la Turquie. Selon l’OMS, plus de 14800 patients ont encore besoin de soins médicaux vitaux qui ne sont pas disponibles à Gaza.
  • Les retards et les obstacles à la circulation humanitaire continuent d’être signalés. Récemment, alors que moins de mouvements humanitaires ont été purement et simplement refusés, les missions qui sont approuvées prennent encore des heures à s’achever et les équipes ont été obligées d’attendre sur des routes qui sont souvent dangereuses, encombrées ou impraticables. Entre le 6 et le 12 août, sur les 81 tentatives visant à coordonner les mouvements d’aide prévus avec les autorités israéliennes dans toute la bande de Gaza, 35 ont été facilités (43%), 29 ont été initialement approuvées mais ont ensuite été entravées sur le terrain (36%), 12 (15%) ont été refusées et 5 (soit 6%) ont dû être retirées par les organisateurs. Les mouvements facilités comprenaient des missions de transfert de carburant, des mouvements du personnel et des relèves. Les mouvements refusés comprenaient des missions pour les réparations essentielles de routes le long de Salah ad Din Road. Parmi les 29 missions entravées, 14 ont été pleinement accomplies malgré les obstacles, y compris les missions de collecte de carburant et d’approvisionnement à travers les points de passage de Kerem Shalom et Zikim et les mouvements de personnel entre le sud et le nord de Gaza. Six des missions entravées n’ont pas été menées à bien, dont deux missions de réparation de routes et deux missions de collecte des fournitures provenant du passage de Kerem Shalom. Les neuf autres missions ont été partiellement accomplies. Au total, 33 des 81 mouvements étaient prévus pour collecter du carburant et d’autres fournitures provenant des points de passage de Gaza, 21 étaient des mouvements de personnel et des relèves, et 27 visaient à appuyer d’autres opérations humanitaires en cours.
  • Le 10 août, Le PCD a déclaré que la plupart des demandes de coordination qu’il a soumises par l’intermédiaire des agences humanitaires depuis le 18 mars 2025 ont été rejetées, 10 % seulement des demandes soumises ayant été facilitées par les autorités israéliennes. PCD indique que plus de 2 500 personnes initialement blessées et auxquelles la PCD s’est vu refuser l’accès ont perdu la vie. PCD a appelé la communauté internationale à faire pression sur les autorités israéliennes pour qu’elles répondent positivement aux demandes de coordination liées au travail de sauvetage du PCD.

La crise de la faim et de la malnutrition

  • La famine à Gaza est au pire niveau depuis octobre 2023 et le montant de l’aide entrant dans la bande de Gaza est insuffisant pour répondre à l’ampleur des besoins. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), l’une des huit seules organisations en mesure d’envoyer l’aide humanitaire à Gaza par le manifeste coordonné par les Nations unies, les convois d’aide sont limités chaque jour et les routes à l’intérieur de Gaza restent dangereuses. En outre, les foules désespérées déchargent souvent les vivres des camions pour nourrir leur famille – tandis que les pillages empêchent également l’aide d’atteindre les destinations prévues. En juillet 2025, le PAM a recueilli 1 012 camions transportant près de 13 000 tonnes de vivres provenant des passages de Kerem Shalom et de Zikim, mais seulement 10 camions ont atteint les entrepôts et le reste a été déchargé en cours de route. Au 4 août, Le PAM dispose actuellement d’environ 167 000 tonnes de denrées alimentaires destinées à Gaza, qui sont stockées, en cours d’achat ou en transit dans la région. Dans l’ensemble, le cluster Sécurité alimentaire (Food Security Sector – FSS) indique que le PAM et d’autres partenaires disposent d’une quantité suffisante de vivres dans la région pour nourrir l’ensemble de la population de 2,1 millions d’habitants pendant au moins trois mois, mais le risque de détérioration et d’infestation des vivres échoués a considérablement augmenté, et certaines d’entre elles sont sur le point d’atteindre leur date d’expiration. Pour faire reculer la montée de la famine, le FSS demande la reprise immédiate de l’aide humanitaire à grande échelle avec un accès sûr garanti, sans entrave et durable, complété par une augmentation de l’entrée de denrées alimentaires nutritives par le biais du secteur commercial.
  • Selon le FSS, alors que de plus en plus de nourriture entrent à Gaza, la quantité et la qualité restent insuffisantes pour répondre aux besoins caloriques et nutritionnels quotidiens minimaux de la population. Au 10 août, 324 000 repas individuels étaient préparés quotidiennement dans 81 cuisines communautaires appuyées par 16 partenaires du FSS. Cela comprend environ 99 000 repas livrés dans le nord et environ 225 000 repas livrés dans le sud et le centre de la bande de Gaza. Cela reflète une augmentation notable par rapport aux 259 000 repas quotidiens préparés il y a deux semaines, mais reste bien en deçà des plus d’un million de repas quotidiens que les partenaires ont pu distribuer en avril. Les gens continuent de souffrir d’un régime alimentaire extrêmement déséquilibré et dépourvu de nutriments essentiels, ce qui augmente le risque de malnutrition aiguë, avec un impact particulièrement grave sur les femmes enceintes et allaitantes et les nouveau-nés qui sont plus susceptibles de naître avec des complications pour la santé.
  • Avant octobre 2023, Gaza était largement autosuffisante en aliments nutritifs, y compris les œufs, le lait frais, le poisson, la volaille, l’huile d’olive et la viande rouge – un contexte qui a radicalement changé au cours des 22 derniers mois. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 96 % (environ 15 000) des bovins de Gaza, 61 % des chèvres, 64 % des moutons et 98 % des poules pondeuses et des poulets de chair sont morts et presque tous les veaux ont été abattus. De même, les terres agricoles ont été gravement endommagées, avec 86 % des champs de culture permanentes endommagés et seulement 1,5 % des terres cultivées de Gaza étant actuellement accessibles et non endommagées en juillet 2025. Selon l’évaluation provisoire des dommages et des besoins rapides (World Bank’s Interim Rapid Damage and Needs Assessment – IRDNA) de la Banque mondiale, publiée en février 2025, les pertes économiques dans le secteur agricole sont estimées à 1,3 milliard de dollars des États-Unis, et 1,06 milliard de dollars des États-Unis sont nécessaires pour répondre aux besoins en matière d’agriculture et de systèmes alimentaires dans les conditions immédiates et à court terme (jusqu’à trois ans), en mettant l’accent sur la stabilisation des infrastructures et la satisfaction des besoins fondamentaux afin d’atteindre un niveau de fonctionnalité de 70 % des actifs essentiels au cours de la première année et d’augmenter la production alimentaire locale de 40 %.
  • Dans ce contexte de systèmes alimentaires effondrés, l’entrée à grande échelle de denrées alimentaires commerciales à Gaza est essentielle pour améliorer la diversité alimentaire et faire en sorte que la population ait accès à une large gamme d’aliments nutritifs, tels que les fruits, les légumes, la viande, le poisson et les produits laitiers, souligne FSS. À la suite de l’approbation par les autorités israéliennes, le 5 août, d’un mécanisme d’entrée progressive et contrôlée de marchandises commerciales à Gaza, différents types de denrées alimentaires ont commencé à se répandre sur les marchés. Si les partenaires humanitaires ont observé une certaine baisse des prix de certains articles, les prix continuent de fluctuer sur la base de spéculations plutôt que de disponibilités réelles. Par exemple, le prix du sucre, qui a atteint 600 NIS (177 dollars) par kilogramme à un moment au cours des trois dernières semaines, est tombé à 30-40 NIS (9-12 dollars) par kilogramme le 10 août. D’autre part, les prix de l’énergie ont grimpé en flèche, le gaz de cuisson disparaissant du marché il y a déjà cinq mois et le bois de chauffage devenant encore inabordable. Un plus grand nombre de personnes ont été contraintes d’utiliser les déchets et la ferraille comme sources de cuisson alternatives, ce qui entrave la préparation et la prise de nourriture, exacerbe les risques pour la santé et la protection et entraîne des risques pour l’environnement.
  • L’état nutritionnel des enfants à Gaza continue de se détériorer. Selon le cluster Nutrition, près de 13 000 nouvelles admissions d’enfants pour traitement de la malnutrition aiguë ont été enregistrées en juillet. En outre, la gravité des cas continue de croitre; En juillet, plus de 2 800 cas ont été recensés comme souffrant de malnutrition aiguë sévère (severe acute malnutrition – SAM) sur environ 13 000 cas de malnutrition aiguë (22 %). Il existe actuellement 106 sites de soins ambulatoires qui traitent la malnutrition dans la bande de Gaza. Les cas les plus graves d’enfants souffrant de SAM avec complications, qui doivent être hospitalisés et traités dans des centres de stabilisation, ont également augmenté, 129 cas rien qu’en juillet contre 215 entre janvier et juin. Malgré l’augmentation du nombre de cas, il n’y a que cinq centres de stabilisation SAM dans la bande de Gaza, dont deux dans la ville de Gaza, un à Deir al Balah et deux à Khan Younis, avec une capacité combinée de 43 lits, ce qui est insuffisant pour faire face au nombre élevé de cas.
  • Selon le Ministère de la santé à Gaza, au 13 août, 235 décès liés à la malnutrition, dont 106 enfants, ont été recensés depuis octobre 2023. Cela comprend 170 décès depuis le 1er juillet 2025, dont 45 enfants, et 8 personnes décédées au cours des dernières 24 heures.
  • Le 10 août, Save the Children a déclaré que le décès de 100 enfants en raison de la famine à Gaza depuis octobre 2023 était une « étape dévastatrice qui fait honte au monde et exige des mesures urgentes attendues depuis longtemps » et a mis en lumière les répercussions dévastatrices et à long terme de la malnutrition grave sur les enfants. Le directeur régional de Save the Children pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Europe de l’Est, Ahmad Alhendawi, a déclaré que « ces chiffres ne sont que la partie visible de l’iceberg », ajoutant que la malnutrition chez les enfants « peut conduire à des problèmes de santé tout au long de la vie tels que le retard de croissance, l’affaiblissement des systèmes immunitaires et défaillances organiques. Les effets de la malnutrition peuvent s’étendre sur les générations, ses effets sur les enfants rendant l’apprentissage et le développement plus difficiles, créant un cycle de pauvreté pour l’ensemble de la population. » Il a souligné que « Près de deux ans de guerre et le blocage de l’aide humanitaire vitale ont condamné des enfants à une mort massive, à la souffrance et à un avenir brisé – autant de tragédies qui auraient pu être évitées ».

Défis que le système de santé doit relever

  • Depuis le 25 juin 2025, lorsque des fournitures médicales ont été autorisées à pénétrer à Gaza après plus de trois mois et demi de suspension, l’OMS a apporté 80 camions à Gaza avec des fournitures médicales. Pourtant, les processus d’entrée restent difficiles et ne cessent de changer, a rapporté le Dr. Rik Peeperkorn, représentant de l’OMS dans les  territoires palestiniens occupés, qui a demandé l’ouverture de plusieurs points de passage pour permettre l’acheminement des fournitures humanitaires et l’accès pour fournir tous les médicaments essentiels nécessaires à Gaza. Il a expliqué: «Les activités d’inspection des membres du personnel aux points de passage ont été retardées en raison des restrictions. De nombreux articles, tels que les appareils d’assistance, les lits d’unité de soins intensifs, les congélateurs, les médicaments de la chaîne du froid, les machines d’anesthésie, se sont vu refuser l’entrée. Quelque 282 palettes de fournitures étaient entrées par l’aéroport Ben Gourion, mais le processus d’autorisation était beaucoup trop lent. » Parmi les fournitures qui ont été introduites à Gaza, l’OMS a livré 6 000 unités de sang aux hôpitaux Al Shifa et Nasser. Ces montants ne représentent toutefois qu’une fraction de ce qui est nécessaire pour répondre à l’ampleur des besoins, a souligné le Directeur général de l’OMS. Les établissements de santé continuent de lutter pour fournir le traitement requis aux patients alors qu’il est continument confronté à des frappes causant de nombreuses victimes et à un nombre croissant de patients souffrant de maladies infectieuses. La pénurie de carburant nécessaire pour faire fonctionner les groupes électrogènes est également l’un des principaux défis auxquels sont confrontés environ 230 points de santé qui restent partiellement opérationnels dans la bande de Gaza – dont 18 hôpitaux, 10 hôpitaux de campagne, 66 cliniques de soins de santé primaires, 112 points médicaux ou cliniques mobiles et 25 ambulanciers – en plus du manque de pièces de rechange et d’huiles de moteurs nécessaires à la réparation et à l’entretien des générateurs. L’OMS a déclaré qu’elle cherchait à approvisionner les hôpitaux et à constituer ses propres réserves dans le contexte d’une éventuelle opération militaire dans la ville de Gaza, mais qu’elle n’avait pas été en mesure de le faire de manière suffisante.
  • L’UNRWA joue un rôle essentiel en fournissant des services de soins de santé primaires à Gaza, en desservant plus de 100 000 patients enregistrés souffrant de maladies non transmissibles, en fournissant des soins prénatals, postnatals et en matière de planification familiale, en physiothérapie et en administrant des vaccinations de routine. Toutefois, depuis plus de cinq mois, ces services ont été gravement perturbés en raison de l’incapacité de l’UNRWA à apporter des médicaments et des fournitures médicales vitales, des pénuries de carburant et des obstacles à des mouvements sûrs. Cela a laissé les établissements de santé actuellement gérés par l’UNRWA dans toute la bande de Gaza – y compris quatre centres de soins de santé primaires, deux dispensaires temporaires et de nombreux points médicaux (21 au 10 août) – avec des stocks en diminution pour fournir les soins et le traitement nécessaires à des dizaines de milliers de patients. À l’heure actuelle, 59 % des médicaments essentiels (56 sur 95) sont en rupture de stock dans ces établissements de santé, y compris les médicaments antihypertenseurs, les antibiotiques oraux pour adultes, les produits antiparasitaires et les suppléments en fer pour enfants, tandis que 12 % (11 articles) ne sont disponibles que pour couvrir un mois de besoins. En outre, au cours de la semaine dernière, l’insuffisance des approvisionnements en carburant a contraint certains centres de santé de l’Office à fonctionner avec une seule équipe au lieu de deux.
  • Les pénuries de médicaments, de carburant et de matériel de contrôle des infections ont des conséquences dévastatrices pour les soins aux patients; selon l’UNRWA, les patients atteints de maladies non transmissibles, y compris ceux qui souffrent de diabète, d’hypertension et de maladies cardiaques, sont de moins en moins en mesure d’accéder au traitement qui leur est prescrit en raison de l’épuisement des stocks, ce qui aura de graves répercussions sur leur santé. Dans le même temps, le manque d’antibiotiques, de médicaments antiparasitaires et antifongiques entrave le traitement des maladies infectieuses, qui sont en augmentation en raison du surpeuplement, de mauvaises conditions d’assainissement et de l’accès limité à l’eau potable. L’Office signale qu’en moyenne 10 300 cas de maladies infectieuses sont reçus dans ses centres de santé et des points médicaux par semaine, les infections respiratoires aigues et une diarrhée aqueuse étant les maladies les plus signalées dans toutes les régions, et un nombre croissant de cas de diarrhées sanglantes observées, en particulier dans la région d’Al Mawasi, à Khan Younis. L’UNRWA met en garde contre le fait que sans fournitures médicales adéquates, les interventions en matière de soins de santé primaires sont compromises, laissant des milliers de patients atteints de maladies chroniques et de ceux qui souffrent de maladies transmissibles sans aide vitale, augmentant le risque d’une crise sanitaire publique à grande échelle.
  • Selon le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), la famine, la malnutrition et les maladies sont particulièrement catastrophiques pour les femmes enceintes et allaitantes et les nouveau-nés. Les nouvelles mères sont souvent trop mal nourries pour allaiter, et l’eau potable et le lait en poudre sont tous deux rares. Plus de 100 sages-femmes de première ligne s’emploient à atteindre les femmes dans les établissements de santé des abris surpeuplés qui manquent d’électricité et d’eau, souvent sur de longues distances à pied. Face à l’insécurité et aux restrictions à la liberté de circulation, depuis le 1er juillet, les sages-femmes déployées par le Ministère de la santé et 10 partenaires nationaux et internationaux, avec l’appui du FNUAP, ont aidé à l’accouchement d’environ 3 500 bébés dans 13 établissements de soins obstétricaux et néonatals d’urgence complets qui fonctionnent encore partiellement à Gaza. Des accouchements d’urgence en dehors des hôpitaux ont également été signalés, se déroulant à domicile, dans des centres de santé non équipés ou pendant le transport vers les hôpitaux. Ces situations mettent en évidence les graves obstacles à l’accès causés par l’insécurité et les pénuries de carburant.
  • La capacité des partenaires de fournir des soins maternels et néonatals essentiels est encore entravée par la pénurie de fournitures, de services, de nourriture et d’eau, qui touchent aussi bien les patients que les prestataires de services de santé sexuelle et procréative, rapporte le FNUAP. L’épuisement des agents de santé a contraint les prestataires de services de maternité à raccourcir les déplacements, ce qui a réduit l’offre de soins vitaux. Depuis juillet 2025, L’UNFPA n’a pu livrer que six types de kits de santé reproductive prépositionnés pendant le cessez-le-feu à ses partenaires à travers Gaza, desservant environ 5 400 personnes. Depuis le 2 mars, le FNUAP n’a pas été en mesure de livrer d’autres fournitures à la bande de Gaza, tandis que plus de 170 camions chargés de matériel de première nécessité sont encore à Al Arish, en Égypte et en Cisjordanie. Il s’agit notamment de trousses de santé procréative, de trousses de sages-femmes, de trousses post-partum, de médicaments et de consommables de santé maternelle, de matériel médical, de produits de planification familiale, de trousses d’hygiène et de matériaux pour abris suffisants pour desservir environ 470 000 femmes et filles au cours des trois prochains mois.

(Traduction SK pour l’UJFP)

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