Comme les deux semaines précédentes, plusieurs dizaines de manifestant-es se sont donné-es rendez-vous Place de la République pour manifester dans des rues passantes de la ville.
Extraits de mon intervention :
Je prends la suite de l’intervention d’Isabelle (intervenante précédente, pour Limousin Palestine) en ajoutant ou précisant certains points. Étant intervenu les deux samedi précédents, je ne vais pas répéter tout ce que j’avais dit, notamment le 2 août : https://ujfp.org/intervention-de-jean-guy-greilsamer-a-limoges-le-2-aout-2025/
Je rappelle d’abord les trois axes de mobilisation de l’UJFP, qui est une association juive antisioniste :
. contre le génocide et l’épuration ethnique en Palestine
. contre tous les racismes sans chercher à privilégier ou minimiser l’antisémitisme et
. pour la défense des libertés publiques face aux risques de fascisation. Sur ce troisième point, notre association est ancrée dans la mémoire du processus ayant conduit au génocide nazi. Nous sommes aujourd’hui mobilisés non seulement contre l’antisémitisme, mais aussi contre le racisme d’État ciblant notamment les populations issues de l’immigration coloniale ou postcoloniale : les musulmans ou supposés tels, les populations noires, arabes …
Les mobilisations contre la politique génocidaire de l’entité israélo-étatsunienne se poursuivent dans le monde, dont en France et notamment à Paris où il y a des manifestations massives presque tous les jours, appelées par diverses associations.
La semaine qui se termine a été marquée par plusieurs événements importants.
Le gouvernement israélien a confirmé sa volonté désastreuse de conquête militaire totale de Gaza.
De plus en plus de Juifs heureusement se mobilisent contre la politique coloniale, d’apartheid, génocidaire et d’épuration ethnique en leur nom, en particulier aux États-Unis, mais en Israël la situation est particulièrement inquiétante.
Les trois quarts des gens y sont indifférents aux massacres perpétrés contre le peuple palestinien, ou l’approuvent, ou y participent, ou même en sont fiers.
Malgré cette situation il faut soutenir les voix solidaires du peuple palestinien, celles des jeunes refuzniks de plus en plus nombreux qui refusent d’être enrôlé-es pour participer aux massacres, et celles des personnalités telles que Gideon Lévy, journaliste au quotidien Haaretz, qui a écrit le 3 août ce point de vue lucide que devraient méditer les supporteurs des décisions du président Macron :
La reconnaissance internationale d’un État palestinien est une récompense pour Israël. Israël devrait remercier chacune des nations qui ont reconnu cet État, car cette reconnaissance sert de substitut trompeur à la seule mesure véritable qui aurait dû être prise maintenant : des sanctions. Cette reconnaissance est une substitution artificielle aux boycotts et aux punitions qui devraient être imposés à un État commettant un génocide. C’est un geste creux, un simulacre, par lequel les gouvernements européens hésitants et pusillanimes essaient de montrer à leur opinion publique en colère qu’ils ne restent pas silencieux. Mais reconnaître un État palestinien qui n’existe pas et n’existera pas dans un avenir proche — probablement jamais — revient en réalité à un silence honteux.
Le 9 août le campement impulsé par l’UJFP Place de la Bastille à Paris a été démantelé. Sarah Katz, militante de l’UJFP et d’ISM (International Solidarity Movement) a été arrêtée par la police puis relâchée le lendemain sans poursuite judiciaire, ce qui s’explique par les mobilisations pendant le campement puis devant le commissariat de Paris dans lequel avait lieu sa garde à vue.
Le campement a réuni 15 organisations, qui demandaient en particulier :
- l’ouverture pleine et entière de la frontière à Gaza et l’entrée de l’aide humanitaire conformément au droit international
- la fin des ventes d’armes à Israël et le boycott de ce pays qui piétine tous les droits
- la fin des relations économiques avec Israël et le rappel de l’ambassadeur français
La banderole de l’UJFP précisait : Assez de mots, Stop au massacre, Sanctions immédiates, Respect du droit international. Ces thèmes étaient véhiculés par les autres banderoles aussi et correspondent encore à la situation d’aujourd’hui.
La France continue de participer aux largages de produits alimentaires. Ces largages non seulement ne couvrent qu’une très petite partie des besoins, mais sont humiliants et dangereux. Humiliants parce que vu l’emprisonnement et la déshumanisation de la population de Gaza, ils peuvent se comparer à des miettes jetées dans un zoo à des animaux affamés. Dangereux parce qu’ils tuent dans leur chute de nombreux Palestinien. Dans un communiqué, l’UJFP qualifie ces largages de parodie d’aide humanitaire.
Je précise aussi que la France a conditionné la reconnaissance de la Palestine à des clauses inacceptables : une démilitarisation totale de la Palestine face à Israël ultra militarisé, la reconnaissance de l’Autorité Palestinienne, qui est largement discréditée par les Palestiniens du fait de sa collaboration sécuritaire avec Israël, et l’exclusion du Hamas qui en réalité sert d’épouvantail pour exclure les représentants de la résistance palestinienne. Et il n’est jamais question ni de la libération des prisonniers palestiniens ni du droit au retour des réfugiés.
Autre événement : le 10 août, Israël a assassiné le journaliste Anas al-Sharif et les autres membres de l’équipe d’Al Jazeera à Gaza. Ces assassinats ont clairement pour objectif d’empêcher la couverture médiatique du génocide et de mieux pouvoir continuer ce génocide.
Plus de 270 journalistes ont été assassinés depuis le 8 octobre 2023.
Par ailleurs, une mobilisation a lieu par rapport au Crédit Coopératif, banque qui se réclame de principes éthiques et qui était celle de l’UJFP pour les envois de fonds en Palestine. Cette banque a fermé le compte de l’UJFP malgré des rapports minutieux sur l’utilisation des fonds par leurs destinataires. Elle répond, sans autres précisions, qu’elle se conforme aux contraintes en vigueur. Face à cette situation beaucoup de clients fidèles à la cause du peuple palestinien décident ou menacent de décider de quitter cette banque.
Je signale aussi deux initiatives à venir :
1. Du 23 au 26 août il y aura l’Université d’Été des Mouvements Sociaux et des Solidarités à Bordeaux. J’y serai. L’UJFP y participera à deux modules :
Antisémitisme, islamophobie, comment lutter contre le racisme à l’heure du génocide à Gaza ?
Et : Colonialité et (néo)-colonialisme français : quels moyens pour en sortir ?
2. Plusieurs nouvelles flottilles pour Gaza, dont « Wawes of Freedom », que soutient l’UJFP et pour laquelle 40 pays se sont engagés, vont prochainement partir depuis différents ports. Elles constituent, l’expression a été utilisée, une sorte de « brigade internationale ».
Je rappelle les exigences pour une paix juste entre Palestiniens et Israéliens et les mobilisations en cours (se reporter à l’intervention du 2 août), mobilisations qui ont été rappelées dans la manifestation d’aujourd’hui et par Isabelle.
Je veux terminer en soulignant le fait que les personnes soucieuses des droits du peuple palestinien mais qui ont des disponibilités limitées du fait de leur situation professionnelle ou familiale ou de leur santé peuvent néanmoins contribuer aux mobilisations de diverses manières et selon leurs compétences : en signant des pétitions ou en écrivant des lettres qui ont un impact, en participant à des campagnes de boycotts de produits israéliens, en intervenant dans les réseaux sociaux … Bien qu’il ne faille pas faire preuve d’un optimisme excessif, le dicton « les petits ruisseaux font les grandes rivières » reste pertinent.
NE LÂCHONS RIEN !
Le 17 août 2025
Jean-Guy Greilsamer