Le 24 | Peter Beaumont | The Guardian | Traduction SF pour l’AURDIP
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L’armée cible un lieu humanitaire-clef qui était relativement épargné par la guerre, après avoir donné l’ordre aux Palestiniens d’en partir.
Israël a lancé des attaques aériennes importantes et une opération terrestre à Gaza, en visant Deir al-Balah, le pôle principal des actions humanitaires sur le territoire palestinien dévasté, alors que des avertissements signalent l’urgence de l’extension de la famine sur la bande côtière.
Le dernier assaut en date se produit un jour après que le plus grand nombre de morts en 21 mois a été infligé par l’armée israélienne à des Palestiniens désespérés à la recherche d’aide alimentaire : 85 personnes au moins ont été tuées dans ce qui est devenu un massacre presque quotidien.
Des témoins ont parlé de frappes aériennes massives de nuit à Deir al-Balah, la dernière zone de Gaza n’ayant pas souffert de dommages significatifs et qui est remplie de Palestiniens déplacés d’autres espaces de Gaza.
Des tirs de chars dans la zone ont touché des maisons et des mosquées, tuant au moins trois Palestiniens et en en blessant plusieurs autres, ont dit des infirmiers locaux, tandis que l’Organisation Mondiale de la Santé a dit que son bâtiment avait été attaqué .
Dans sa mise à jour quotidienne, le ministère de la santé de Gaza a dit qu’au moins 130 Palestiniens avaient été tués et plus de 1 000 blessés par les tirs israéliens et les frappes de l’armée sur le territoire au cours des dernières 24 heures, un des totaux les plus élevés dans les semaines récentes.
Tôt le matin de mardi, les autorités sanitaires ont dit qu’au moins 12 Palestiniens étaient tués et des dizaines blessés lorsque les tanks israéliens ont fait feu sur des tentes abritant des personnes déplacées au camp d’al-Shati dans l’ouest de la ville de Gaza. Israël n’a pas fait de commentaire.
Lundi, le Royaume Uni et 27autres pays ont signé une lettre vivement critique qui condamne le meurtre par l’armée israélienne de centaines de Palestiniens à la recherche de nourriture au cours des dernières semaines et qui appelle à mettre fin au conflit immédiatement.
« C’est horrible : plus de 800 Palestiniens ont été tués alors qu’ils cherchaient de l’aide humanitaire. Le refus par le gouvernement israélien d’une assistance humanitaire essentielle à la population civile est inacceptable. Israël doit se plier à ses obligations dictées par le droit international humanitaire » a exprimé la lettre.
Des sources israéliennes ont dit que la raison pour laquelle l’armée est précédemment restée hors de Deir al-Balah était la suspicion que le Hamas pouvait y détenir des otages. Au moins 20 des 50 otages restant en captivité à Gaza sont supposés encore vivants.
Israël a lancé sa nouvelle attaque en dépit de rapports dans les médias en hébreu selon lesquels des représentants d’Israël pensaient que le Hamas se rapprochait d’un accord de cessez-le feu.
Le dernier assaut israélien a suivi des ordres d’évacuation forcée concernant entre 50 000 et 80 000 personnes à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, plaçant près de 80% du territoire sous ces ordres.
« Avec ce dernier ordre, l’espace de Gaza soumis à des ordres de déplacement ou inclus dans des zones militarisées par Israël a atteint 87,8%, entassant 2,1 millions de civils dans un fragment de 12% de la bande de Gaza, où les services de base se sont effondrés » a dit l’ONU dans une déclaration publiée par OCHA, son Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires.
La menace grandissante de famine généralisée a fait souligner par OCHA l’importance de Deir al-Balah pour ce qu’il restait de l’effort international d’aide humanitaire. Des entrepôts, centres de soins et une usine cruciale de désalinisation d’eau de mer desservant le sud de Gaza y sont localisés. « Tout dommage effectué sur cette infrastructure aura des conséquences mettant la vie en péril » a ajouté l’agence.
Avec l’inquiétude croissante sur l’impact potentiel des dernières attaques, OCHA a dit que le chef de l’antenne locale de l’agence, Jonathan Whittall, avait décidé de rester à Deir al-Balah.
Dans une série de posts sur X, Whittall a dit que le territoire était en proie à des « conditions de mort » et que « cette mort et cette souffrance peuvent être évitées. Et si c’est évitable mais que cela se produise tout de même, alors cela me fait penser que c’est intentionnel. »
L’UNWRA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés dédiée aux Palestiniens, a dit sur X recevoir des messages désespérés de Gaza avertissant de la famine, y compris au sein de son personnel, en lien avec la montée en flèche des prix de la nourriture.
« Pendant ce temps, tout juste à l’extérieur de Gaza, l’UNWRA a dans des entrepôts des piles de nourriture suffisant à la totalité de la population pour plus de trois mois. Levez le siège et laissez entrer l’aide humanitaire en toute sécurité et à la hauteur voulue » a-t-il dit.
L’armée israélienne a dit ne pas être entrée dans les districts de Deir al-Balh soumis aux ordres d’évacuation pendant le conflit actuel et qu’elle continuait « à opérer avec de gros moyens pour détruire les capacités de l’ennemi et de l’infrastructure terroriste dans la zone ».
Des rapports de médecins ont souligné une profonde inquiétude quant à la situation humanitaire de Gaza, selon lesquels plus d’une douzaine de Palestiniens étaient morts au cours des dernières 24 heures.
« Neuf personnes, dont des enfants, sont mortes de faim » a dit à la BBC Khalil al-Dagran, un porte-parole de l’hôpital al-Aqsa de Deir al-Balah. « Les hôpitaux ne peuvent plus fournir de la nourriture aux patients ni au personnel, dont beaucoup sont physiquement incapables de continuer à travailler à cause de la faim extrême.
« Les hôpitaux ne peuvent pas procurer ne serait-ce qu’une bouteille de lait à des enfants souffrant de faim, pare que tout le lait maternisé est épuisé sur le marché.
Dans le sud de Gaza, le ministère de la santé a dit qu’une unité israélienne infiltrée avait arrêté lundi Marwan Al-Hams, le chef des hôpitaux de campagne de Gaza, lors d’une attaque qui a tué un journaliste local et en a blessé un autre devant un équipement médical de campagne géré par le Comité International de la Croix Rouge (CICR).
Un porte-parole du CICR a dit que le CICR avait traité des patients blessés dans cet incident, mais n’a pas fait plus de commentaires sur leur situation. Il a dit être « très soucieux de la sécurité et de la sûreté » aux abords de l’hôpital de campagne.
L’armée israélienne n’a pas répondu sur le champ à une demande de commentaires.
Nombre de personnes tuées et blessés lors de leur recherche d’aide humanitaire
(Graphique du Guardian. Source : ministère de la santé de Gaza. Note : il s’agit de données provisoires, sujettes à révision. Les chiffres quotidiens cités sont inférieurs de 24 morts à ceux du ministère, tandis que les blessures les dépassent de 10. Les données des 17-18 juillet sont des moyennes sur deux jours).
Selon le Programme Alimentaire Mondial, l’exécution de dizaines de Palestiniens qui s’étaient rassemblés dimanche pour avoir de la farine, s’est produite après l’arrivée d’un convoi de 25 camions transportant de l’aide alimentaire, qui a traversé Gaza.
« Peu après avoir passé le dernier checkpoint… le convoi s’est trouvé face à des foules compactes de civils attendant anxieusement de pouvoir accéder désespérément aux denrées alimentaires nécessaires » a dit l’agence. « Tandis que le convoi approchait, la foule a été prise sous le feu de tanks, de snipers et d’autres tirs israéliens.
L’armée israélienne a reconnu ces tirs mais a dit que c’étaient « des avertissements tirés pour écarter une men ace immédiate sur ses troupes ». Elle a dit que de premiers éléments ont laissé penser que les nombres de victimes étaient gonflés et qu’ « elle ne vise certainement pas intentionnellement des camions d’aide humanitaire ».
Les dernières attaques israéliennes à Gaza ont eu lieu alors qu’un agent de sécurité du groupe Houthi du Yémen a dit qu’Israël avait frappé le port d’Hodeidah lundi, détruisant un quai qui avait été reconstruit après avoir été endommagé par de précédentes attaques.
« Les bombardements ont détruit ce quai du port, qui avait « été reconstruit à la suite de frappes précédentes », a dit cet agent à l’Agence France Presse, en demandant l’anonymat pour pouvoir s’exprimer sur ces questions sensibles.