Jusqu’à quand ?
Jusqu’à quand les habitants de Gaza seront-ils abandonnés à leur sort ?
Jusqu’à quand la mort restera-t-elle la seule option qui s’offre à eux ?
Jusqu’à quand ce peuple sera-t-il condamné à vivre dans l’obscurité, encerclé par les bombardements, la faim et la trahison ?
Dans la bande de Gaza, rien ne ressemble à la vie. C’est le seul endroit au monde où l’on ne bombarde pas uniquement pendant les guerres, mais aussi pendant les jours ordinaires. Pas d’eau, pas de médicaments, pas d’électricité, pas de nourriture. Non pas parce que la nature est cruelle, mais parce que le monde a choisi de l’être.
La famine, autrefois utilisée comme arme d’extermination à l’époque médiévale, est aujourd’hui utilisée à Gaza sous les yeux d’une communauté internationale qui ne cligne même pas des paupières, mais observe et compte.
Combien d’enfants sont morts ? Combien de mères ont perdu leurs enfants ? Combien de familles ont été anéanties ? Ce ne sont que des chiffres dans les bulletins d’information, traités comme des détails marginaux sans aucun lien avec ce qu’on appelle “l’humanité”.
Jusqu’à quand les habitants de Gaza pourront-ils résister à cette impuissance ?
Jusqu’à quand continueront-ils à survivre, dans la faim, le déplacement et les massacres ?
Jusqu’à quand porteront-ils sur leurs épaules les cercueils de leurs enfants sans trouver
personne pour les soutenir ou, du moins, entendre leur douleur ?
Plus de deux millions de personnes vivent des miettes de l’aide humanitaire, qui est parfois bombardée avant même d’arriver, ou empêchée de passer.
Les maisons sont devenues des tombes, les écoles des abris temporaires pour ceux qui ont survécu aux frappes, et les routes des couloirs vers la mort ou l’exil.
Même l’air à Gaza est pollué par la peur. La peur d’un raid soudain, d’un nouveau massacre, d’une alerte de dernière minute annonçant le nom d’un autre enfant mort avant d’avoir fêté son premier anniversaire.
Et malgré tout cela, personne ne bouge. Le silence international n’est plus une simple honte, c’est un crime de complicité.
Les déclarations de condamnation sont devenues une farce morale, et les expressions d’“inquiétude” ne convainquent même plus ceux qui les prononcent.
Le paradoxe douloureux, c’est que les mêmes pays qui prêchent jour et nuit les droits de l’homme restent impuissants – voire parfois complices – quand il s’agit de Gaza.
En tête de ces pays : les États-Unis d’Amérique. Non contents de fournir une couverture politique à Israël, ils lui ont donné tout ce qu’il fallait pour continuer à tuer : des armes, de l’argent, et le droit de veto. Chaque fois qu’une résolution condamnant les massacres est proposée, Washington accourt pour utiliser son veto, comme pour dire : “Tuez-les, nous sommes derrière vous.”
Ce soutien illimité n’est pas seulement une protection politique, mais une autorisation explicite de tuer, un message au monde disant que le sang palestinien ne mérite ni protection, ni compassion, seulement davantage de silence.
Quant au droit des Palestiniens à vivre – ou même à fuir la mort – il est également confisqué.
À Gaza, il est interdit de rester, comme il est interdit de partir. Les points de passage sont fermés, les frontières verrouillées, comme si Gaza n’existait pas sur la carte de ce monde.
L’être humain y est traité non pas comme un être doté de droits, mais comme un simple chiffre assiégé.
Personne ne leur demande : voulez-vous partir ? Voulez-vous survivre ? On suppose simplement qu’ils doivent mourir.
Et dans ce contexte, on ne peut ignorer le rôle de l’Égypte, censée être un soutien pour Gaza, mais qui a choisi de fermer le poste-frontière de Rafah – la seule porte restante pour plus de deux millions de personnes.
Sous prétexte d’“empêcher le déplacement forcé”, même les cas les plus urgents se voient refuser le droit de sortir.
On dit que l’Égypte protège la cause palestinienne, mais en réalité, elle regarde Gaza être exterminée quotidiennement sans ouvrir une porte, ni élever une voix.
Quelle est donc cette cause qu’on prétend défendre au prix du sang de son propre peuple ?
Et quelle souveraineté mérite le respect lorsqu’elle écrase l’humanité d’un peuple entier à ses frontières ?
Ils n’ont laissé aux habitants de Gaza qu’un seul choix : la mort.
La mort sous les bombes, sous les décombres, dans les tentes de déplacés ou dans les files d’attente pour l’aide humanitaire.
La mort en silence.
Ils ne sont pas autorisés à pleurer à haute voix, ni à crier, ni même à protester.
Le monde veut qu’ils meurent tranquillement, sans bruit, sans questions, sans crime reconnu.
Ils meurent, sont comptés comme des chiffres, puis leur histoire est effacée des bulletins d’informations.
Mais la question demeure…
(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)