Dans une nouvelle scène tragique qui vient s’ajouter au registre des crimes commis contre les civils dans la bande de Gaza, l’occupation israélienne a perpétré ce matin deux massacres simultanés dans deux lieux distincts de distribution d’aide humanitaire, faisant au moins 30 martyrs palestiniens et plus de 130 blessés, dont la majorité sont des personnes affamées.
Des milliers de citoyens épuisés par la faim s’étaient rendus dès l’aube vers deux points de distribution d’aide alimentaire : l’un à l’ouest de Rafah, au sud de la bande de Gaza, et l’autre dans la région de Netzarim, au centre de l’enclave, après la circulation d’informations selon lesquelles l’armée israélienne aurait permis le passage d’une aide limitée.
Les gens se sont rassemblés dans l’espoir d’un morceau de pain, d’un sac de farine, d’une boîte de nourriture… mais c’est la mort qui les attendait. Les forces d’occupation ont ouvert le feu directement sur les foules aux deux endroits, tandis que des drones quadricoptères ciblaient les civils depuis les airs, transformant les lieux de secours en champs de massacre.
Les victimes n’étaient pas armées, et ne se sont approchées d’aucun objectif militaire. C’étaient simplement des pauvres, des affamés, cherchant à survivre et à rester en vie.
Ces crimes ne sont pas une exception, mais font partie d’une politique claire suivie par Israël dans son traitement des affamés, où les scènes de tueries aux portes de l’aide se répètent, transformant les secours en pièges sanglants, où la farine se mêle au sang, et les appels à l’aide aux cris de douleur.
Il s’agit d’une politique systématique fondée sur la famine, puis l’exécution publique, suivie du silence et de la justification.
La famine qui frappe aujourd’hui les habitants de Gaza n’est pas un simple effet collatéral de la guerre, mais bien un crime intentionnel dans toutes ses dimensions, dont l’occupation israélienne porte l’entière responsabilité, en raison du blocus total imposé à la bande de Gaza depuis des années, et qui s’est intensifié depuis le 7 octobre. Les points de passage sont fermés, les camions de nourriture sont empêchés ou bombardés, les aides sont retenues ou détournées de manière à ne pas parvenir aux nécessiteux. Les réserves alimentaires sont complètement épuisées, dans un contexte d’effondrement économique total, de pauvreté extrême et de chômage endémique. La population n’a ni argent, ni denrées à acheter, et quand bien même elle en trouverait, elle n’aurait pas les moyens de les acquérir.
Les usines alimentaires se sont arrêtées, les marchés ont fermé, les fermes ont été rasées, les puits détruits, rendant l’accès à l’eau potable et à une nourriture de base un rêve presque irréalisable.
Des milliers de familles passent des jours entiers sans manger, et des enfants souffrent de malnutrition aiguë, tandis que des mères sont contraintes de faire bouillir des herbes ou de moudre des graines avariées pour offrir ne serait-ce qu’un semblant de nourriture. Les rues sont remplies d’affamés fouillant les ruines, les champs brûlés à la recherche de quelque chose à manger.
Avec l’expansion des opérations militaires et le fait que 75 % de la bande de Gaza est devenue une zone de combat, les habitants n’ont plus aucun lieu où fuir, ni aucun recours pour survivre.
Face à cette famine sans précédent, le chaos s’est emparé de toute la bande de Gaza, et des signes d’effondrement sécuritaire se sont multipliés de manière alarmante. Les rues sont devenues le théâtre d’un vide sécuritaire total, avec des bandes armées qui sillonnent les routes, pillent les camions d’aide et les rares produits restants dans les marchés. Les gens ne se sentent plus en sécurité, ni dans les rues, ni chez eux, ni même sous les tentes qui les abritent.
Un état de panique généralisée s’est propagé, avec des centaines de milliers de personnes affamées et de bandits parcourant les rues jour et nuit, dans une course désespérée à la recherche de quoi manger ou de quoi prendre de force. Ce n’est plus seulement une famine, mais un effondrement total de toutes les formes de vie et du tissu social dans la bande.
Dans cette famine meurtrière, les valeurs et la morale se sont effondrées, tout comme les bâtiments et les institutions. Il ne reste plus à l’être humain que l’instinct de survie. Les principes sont tombés, le voisin est devenu un rival, l’ami un ennemi, et la compassion a disparu. Le pain est devenu une bataille, l’eau une cause de dispute, la nourriture un trésor pour lequel on se bat.
À Gaza aujourd’hui, la faim ne tue pas seulement les corps, elle détruit les consciences et déchire le tissu de la société. C’est un monstre qui dévore tout ce qu’il y a de beau dans l’âme, et qui dépouille les sociétés de leur humanité.
La famine à Gaza n’est pas seulement une crise humanitaire, mais une arme meurtrière utilisée délibérément contre les civils. Ce qui s’est passé à l’ouest de Rafah et à Netzarim, où les lieux de distribution sont devenus des champs d’exécutions massives, n’est rien d’autre que l’illustration claire de cette politique israélienne : affamer, puis tuer, puis nier.
Et le monde regarde, hésite, et bafouille face à ce qui se passe. Mais la vérité est désormais éclatante : Gaza est exterminée par la faim et les bombes. Il n’y a plus d’excuses. Le silence n’est plus de la neutralité, mais une complicité dans le crime. Et si la conscience mondiale ne se réveille pas aujourd’hui, l’Histoire retiendra que l’humanité a trahi Gaza alors qu’elle agonisait.
Photos et vidéos ICI
(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)