Témoignage d’Abu Amir, le 25 mai 2025 (1) – Soutien alimentaire et travail éducatif

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La région de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, est considérée comme l’une des zones agricoles les plus importantes sur lesquelles l’économie palestinienne repose en grande partie. Mais alors que l’escalade militaire se poursuit à Gaza, la zone à l’est de Khan Younis a subi des destructions massives, impactant la vie des agriculteurs et de leurs familles. Des maisons et des fermes ont été détruites, des sources d’eau ont été endommagées et les taux de déplacement ont augmenté parmi les résidents qui ont été contraints de quitter leurs zones en quête de sécurité. Ce déplacement a eu un impact catastrophique sur la vie des agriculteurs qui vivaient de leurs terres et dépendaient de leur culture pour leur subsistance quotidienne. Aujourd’hui, nombre de ces agriculteurs et leurs familles vivent dans des camps temporaires et doivent faire face à des difficultés considérables pour répondre aux besoins les plus élémentaires, la nourriture et l’eau.

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Zone Khan Younes/Rafah : les zones « ethniquement nettoyées » par l’armée d’occupation transformées en camp de concentration, entouré de grilles.
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Déplacement des zones à l’est de Khan Younès : le sort des agriculteurs

Au cours de la récente escalade dans les zones à l’est de Khan Younis, qui a donné lieu à des bombardements intensifs, plusieurs zones, comme Abasan, Bani Suhaila, Abu Taima et Khuza’a, ont été soumises à une vague de déplacements sans précédent. Des milliers de familles ont été contraintes de fuir leurs maisons et leurs fermes en raison des bombardements intensifs, les forçant à se diriger vers différentes zones à la recherche d’un abri. Des zones comme Ashkelon, Mawasi et la zone de l’hôpital européen sont devenues un refuge pour ceux qui fuient la mort et se réfugient dans des camps temporaires.

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Plus précisément, dans la région d’Abu Ta’ima, l’une des zones agricoles les plus importantes de l’est de Khan Younès, environ 30 % des agriculteurs étaient concentrés, insistant pour rester dans leur région malgré les conditions difficiles. Ces agriculteurs étaient confrontés au risque de mort au quotidien, mais préféraient mourir plutôt que de quitter leur foyer.

Les familles restantes à Abu Ta’ima sont parties vers des zones plus sûres, comme Ashkelon, à environ deux kilomètres d’Abu Ta’ima. Ils y ont installé leurs tentes, même si la situation n’y était guère meilleure que dans leurs zones d’origine. Le déplacement vers ces zones était temporaire, dans l’espoir que la situation sécuritaire s’améliorerait et qu’ils retourneraient chez eux après une courte période. Cependant, cet espoir s’est rapidement estompé à mesure que les bombardements israéliens s’intensifiaient.

Dans les zones de l’hôpital européen et de Mawasi à Khan Yunis, ces zones ont accueilli de nombreuses familles déplacées des zones à l’est de Khan Yunis, ce qui a entraîné une grave surpopulation dans ces zones. Le quartier de Mawasi à Khan Yunis, qui était un important centre d’accueil de personnes déplacées, est complètement saturé, ne laissant plus de place pour accueillir davantage de familles fuyant la guerre. Les conditions de vie dans ces régions étaient et restent catastrophiques, la plupart des camps manquant même du strict nécessaire à la vie.

La destruction de Khuza’a : la tragique réalité

La région de Khuza’a, autrefois l’une des zones agricoles les plus importantes de l’est de Khan Younès, a subi d’importants dégâts lors de la récente escalade. Environ 85 % de ses habitations et de ses installations agricoles ont été détruites, transformant la zone en une zone complètement dépeuplée. Les agriculteurs de Khuza’a qui vivaient dans des camps dans les régions d’Abasan et de Bani Suhaila traversent une période difficile. Des centaines de familles se sont retrouvées sans refuge, tandis que la plupart d’entre elles ont été déplacées vers des zones telles que l’hôpital européen et Mawasi Khan Yunis.

La situation à Khuza’a est la plus tragique, car la plupart des habitations de la région ont été effacées et il est actuellement impossible d’y retourner. Il est strictement interdit à tout le monde d’entrer, et quiconque tente d’entrer est considéré comme mort.

Conditions de vie dans les zones de déplacement : une crise majeure

Les personnes déplacées des zones à l’est de Khan Yunis, en particulier de Khuza’a et d’Abasan, sont confrontées à des conditions humanitaires catastrophiques. Des zones comme Al Mawasi et Khan Yunis sont devenues plus peuplées que jamais, ce qui rend la vie encore plus difficile. Les zones de déplacement sont remplies de milliers de familles vivant dans des tentes et des abris temporaires, ce qui rend la vie sur place presque impossible. La crise ne se limite pas au logement, mais s’étend aux besoins de base tels que la nourriture et l’eau. Les équipes de l’UJFP travaillent dur pour fournir de la nourriture à ceux qui restent dans la région d’Abu Taima et aux personnes déplacées dans les camps voisins, où la nourriture est préparée et distribuée aux familles, mais ce n’est qu’une solution temporaire face à l’escalade de la crise. Heureusement, la zone d’Abu Taima est l’une des zones dans lesquelles l’armée israélienne est entrée et a quitté après des opérations de ratissage qui ont duré des heures.

Situation sécuritaire dans les zones de déplacement : retour des agriculteurs et préoccupations persistantes

Malgré les conditions de sécurité difficiles dans la région orientale de Khan Yunis, de nombreuses familles ont décidé de retourner dans leurs régions d’origine d’Abasan, Bani Suhaila et Abu Taima. Ce retour, malgré les conditions difficiles, reflète la détermination des habitants de la région et leur insistance à rester dans leurs zones. Mais cela est dû au moins en partie à l’idée de revenir, même si ce n’est que temporairement, même si cela n’est pas sans risques importants.

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Selon la dernière évaluation géospatiale réalisée par @FAO et @UNOSAT seulement 4,6 % des terres cultivables de Gaza sont cultivables, 80,8 % sont endommagées et 77,8 % sont inaccessibles en raison des politiques génocidaires d’Israël. Il n’existe aucun moyen de survie dans la bande de Gaza sous blocus.

(Source : compte X Nicola Perugini)

Quant à la région de Khuza’a, les autorités interdisent toujours strictement les retours, car elle est considérée comme une zone dangereuse. Y retourner mettrait les gens en danger immédiat, donc toute tentative d’entrer dans la zone serait considérée comme une condamnation à mort.

Efforts continus de communication et de coordination avec les agriculteurs

Malgré les défis importants auxquels la région est confrontée, nos équipes humanitaires sont en contact permanent avec les agriculteurs dans diverses zones de déplacement. Nous nous efforçons de fournir toute l’aide possible pour alléger leurs souffrances. Les équipes sont en contact avec la plupart des agriculteurs de Bani Suheila, Ashkelon, Al-Mawasi et Abu Taima, et tentent de leur fournir le soutien nécessaire, que ce soit sous forme de nourriture, d’eau, de paniers de légumes ou d’aide au retour sur leurs terres si la situation sécuritaire s’améliore.

Ce que vivent les agriculteurs et les personnes déplacées de l’est de Khan Younès est une tragédie humaine dans tous les sens du terme. Les conditions auxquelles sont confrontés ces agriculteurs et leurs familles dans les zones de déplacement sont extrêmement difficiles, avec des défis quotidiens. Alors que tout le monde s’efforce de surmonter cette crise humanitaire, il subsiste l’espoir que la situation s’améliore et qu’une solution permanente soit trouvée. Cette crise ne prendra fin qu’avec la paix et la sécurité pour les populations qui ont souffert et continuent de souffrir en silence. »

La situation de l’éducation dans la région d’Abu Ta’ima et Nuseirat : entre défis et danger

Dans le contexte des difficiles conditions sécuritaires que connaît la bande de Gaza en général, le secteur de l’éducation traverse une crise sans précédent qui affecte profondément la vie des enfants et de leurs familles. Avec la poursuite de l’escalade militaire et les menaces continues sur les civils, notamment les enfants qui sont parmi les plus vulnérables dans de telles crises, les écoles et les activités éducatives se trouvent dans une situation extrêmement difficile. Les équipes éducatives continuent à tenter de fournir un environnement d’apprentissage sûr pour les enfants malgré les conditions dures, mais la situation sécuritaire pèse lourdement sur ces efforts, plaçant les enfants et leurs familles devant des choix difficiles.

L’absence d’éducation dans la région d’Abu Ta’ima : une peur pour les vies

La semaine dernière, les équipes éducatives de la région d’Abu Ta’ima n’ont pas pu accueillir les enfants dans le centre éducatif affilié à l’UJFP. Cette décision a été prise en raison de la tension sécuritaire intense dans la région, qui a été soumise à de violents bombardements par l’armée israélienne. La région d’Abu Ta’ima s’est retrouvée au cœur de la dernière escalade militaire, ce qui a conduit de nombreux habitants à fuir. La sécurité personnelle des élèves était la priorité dans ces circonstances, car il était devenu impossible de garantir leur sécurité au sein du centre éducatif ou lors de leurs déplacements pour s’y rendre.

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La poursuite de l’éducation à l’ouest de Nuseirat : le centre « Premier Pas » affilié à l’UJFP

Alors que l’enseignement est suspendu dans certaines régions en raison de la détérioration de la situation sécuritaire, le processus éducatif se poursuit dans d’autres zones relativement plus sûres. L’une de ces régions est l’ouest de Nuseirat, où les activités éducatives continuent dans l’école « Premier Pas », affiliée à l’UJFP. Malgré les conditions difficiles, les parents d’élèves de l’ouest de Nuseirat ont préférer envoyer leurs enfants au centre « Premier Pas » plutôt que dans les écoles de l’UNRWA. Les raisons de cette préférence sont multiples, les parents mentionnant plusieurs facteurs qui font du centre éducatif un meilleur choix dans ces circonstances.
Premièrement, le centre « Premier Pas » offre un avantage évident par rapport aux écoles de l’UNRWA en termes d’horaires scolaires. Au centre, les élèves bénéficient de plus de quatre heures d’enseignement par jour, ce qui représente le double, voire plus, de la durée de l’enseignement dispensé dans les écoles de l’UNRWA, qui ne dépasse pas une heure à une heure et demie dans le meilleur des cas. Cette différence dans le nombre d’heures d’enseignement est cruciale à une étape aussi importante de l’éducation, les parents cherchant à garantir à leurs enfants une continuité pédagogique pendant ces temps difficiles.

Deuxièmement, l’implication et le sérieux des équipes éducatives du centre sont notables. Les enseignants du centre « Premier Pas » travaillent avec un grand dévouement et s’efforcent d’offrir la meilleure expérience éducative possible aux enfants, ce qui marque clairement la différence entre l’enseignement au centre et dans d’autres écoles. Les enseignants redoublent d’efforts pour s’assurer que les élèves acquièrent les compétences nécessaires.

Troisièmement, le centre propose des activités éducatives et récréatives qui améliorent l’expérience des enfants dans ces conditions difficiles. En plus des matières scolaires de base, le centre organise des activités récréatives comme le dessin et le visionnage de dessins animés, qui sont généralement absentes des écoles de l’UNRWA. Ces activités aident les enfants à atténuer les pressions psychologiques qu’ils subissent à cause de la situation sécuritaire et militaire dans la bande. Elles offrent un moment de répit aux enfants dans un contexte de guerre et de conflits, ce qui contribue à leur bien-être psychologique.

Une des raisons les plus convaincantes de la préférence des parents pour le centre est sa proximité avec leurs domiciles. En raison des grands risques sécuritaires, la proximité de l’école devient essentielle, car elle permet aux enfants de rejoindre rapidement le centre, contrairement aux autres écoles qui peuvent être plus éloignées. Cela réduit les risques auxquels les enfants peuvent être exposés en traversant des zones susceptibles d’être bombardées ou de connaître des affrontements.

Le danger auquel ont été exposées les écoles de l’UNRWA

Le 19 mai 2025, une école de l’UNRWA à l’ouest de Nuseirat a été ciblée par un bombardement de l’armée israélienne. La salle de sécurité de l’école a été frappée, entraînant la mort de sept personnes, dont deux enseignantes de l’UNRWA, et faisant plus de 15 blessés. Cet événement tragique a profondément inquiété de nombreux parents quant à la sécurité de leurs enfants dans les écoles de l’UNRWA, mettant en lumière le fait que ces établissements n’étaient pas à l’abri des attaques militaires.

Depuis lors, de nombreux parents de l’ouest de Nuseirat ont commencé à transférer leurs enfants au centre éducatif « Premier Pas » au lieu de les envoyer dans les écoles de l’UNRWA. Cet incident a conduit à une augmentation du nombre d’enfants inscrits au centre « Premier Pas ».

Ce que vivent les habitants de Gaza reflète un combat pour la survie face à des défis constants, allant des bombardements incessants au blocus et à la destruction qui touche chaque aspect de la vie. Mais au milieu de cette dévastation, l’espoir en l’avenir reste ce qui maintient vivante l’humanité, surtout lorsqu’il s’agit d’une nouvelle génération qui est l’avenir, où les enfants affrontent ces temps difficiles avec leur attachement à l’apprentissage et à l’éducation.

Cette crise humanitaire difficile a révélé la capacité de la société palestinienne à résister, les familles continuant à chercher des moyens d’assurer une vie meilleure à leurs enfants, même dans les pires circonstances. À travers les initiatives éducatives comme le centre « Premier Pas », le centre éducatif d’Abu Ta’ima, et d’autres, nous voyons un rayon d’espoir dans un monde assombri.

Dans ces circonstances catastrophiques, l’engagement de la société palestinienne et des équipes humanitaires à offrir un environnement éducatif sûr pour les enfants reste le seul moyen de garantir la continuité de la vie, et de défendre le droit de vivre avec dignité malgré tous les défis. Ce que vit aujourd’hui la bande de Gaza, en termes de sacrifices et de résilience, restera gravé dans la mémoire de l’histoire comme un témoignage de la volonté inébranlable du peuple palestinien, quelles que soient les difficultés. 

(Voir aussi les chroniques et articles postés par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s quotidiennes sur le site d’ISM France et du Poing, article hebdomadaire sur le site d’Altermidi, et sur l’Instagram du comité Palestine des étudiants de Montpellier..)

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