Politique coloniale warning !

Tandis que le gouvernement français poursuit son offensive réactionnaire, la justice a suspendu l’interdiction de la marche du 21 avril. Alors que la marche contre le racisme, l’islamophobie et pour la protection des enfants était autorisée, Darmanin a demandé l’annulation de cette décision en référé. Cette marche était initiée par les mères et militantes antiracistes Amal Bentounsi (Urgence notre police assassine) et Yessa Belkhodja (Collectif de défense des jeunes du Mantois) et soutenue par des collectifs antiracistes, de lutte contre les crimes policiers, d’acteur·ices du mouvement social, des artistes et chercheur·ses. Ce dimanche 21 avril, le Conseil d’État a tranché et validé la décision en référé, la justice ayant estimé que l’interdiction de l’événement par la préfecture de police portait « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestation ». Et ce n’est pas peu dire.

Ces derniers jours, plusieurs militant.e.s ayant manifesté leur soutien à la Palestine, dont Rima Hassan, candidate LFI aux élections européennes, Anasse Kazib, militant syndical à SUD Rail depuis 10 ans, porte-parole de Révolution Permanente ou Sihame Assbague, journaliste et militante de l’antiracisme politique ont été convoqués pour « apologie du terrorisme ». Une incrimination pour le moins orientée, quand le gouvernement soutient l’État sioniste dans son entreprise criminelle à l’œuvre, en lui fournissant notamment des munitions pour des armes utilisées contre des civils affamés. Pas besoin de loupe pour voir ce qui est à l’œuvre. La liberté d’expression, comme le droit de manifester, sont gravement remis en question : manifestations interdites, répressions policières, pressions sur les lieux d’accueil des événements, campagnes de diffamation, poursuites judiciaires… Rien n’est épargné à celles et ceux qui s’engagent depuis plusieurs mois pour que cesse la guerre génocidaire menée par l’État d’Israël à Gaza. Jeudi 18 avril, la conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan a été interdite à Lille. L’interdiction de la marche du 21 avril s’inscrit dans un contexte politique déjà saturé par les manœuvres autoritaires du gouvernement.

Sans compter que la préfecture de Police justifiait l’interdiction d’une marche dénonçant le racisme, les violences policières et les conséquences de ces dernières sur les enfants par le prétendu souci de lutter contre l’antisémitisme. Le communiqué, signé par le préfet, affirmait que “porter l’attention sur les enfants de Gaza est de nature […] à porter en son sein des slogans antisémites”. Cette accusation relève d’un déni d’humanité insupportable porté sur les Palestinien·nes gazaoui·es, et notamment les enfants, dont le sort, selon la préfecture de police, aurait dû être tu. La justice en a estimé autrement. Dans son habituelle instrumentalisation de l’antisémitisme, la préfecture de Police en faisait de plus porter la responsabilité à la lutte contre l’antisémitisme ; prêtant nécessairement aux militant.e.s de la cause palestinienne, et implicitement aux personnes d’origine maghrébine assimilées musulmanes des valeurs antisémites. Pourtant, si les militant•e•s de la cause palestinienne font bien la différence entre juifs et sionistes, il semblerait ne pas en être de même au sein du gouvernement, si on en juge les propos d’Aurore Bergé ou Emmanuel Macron en passant par Darmanin. Or, en faisant l’impasse sur les dérives extrêmes du régime sioniste, et en lui déroulant le tapis rouge, ils font le jeu des complotistes et antisémites selon lesquels les juifs tiendraient les ficelles du pouvoir ; ils attisent par là même l’antisémitisme.

Nous appelons les communautés juives à dénoncer cette dangereuse instrumentalisation qui, malgré nous, nous incombe.

Nous, juive.fs affirmons nos valeurs d’humanité et de solidarité qui nous poussent depuis 6 mois à soutenir les enfants et le peuple palestinien qui sont victimes du génocide en cours.

Aujourd’hui, alors que l’État d’Israël, soutenu par les États-Unis, œuvre à la disparition du peuple palestinien occupé, la tentative d’interdiction de la marche contre le racisme, l’islamophobie et pour la protection des enfants fait douloureusement écho, dans notre pays post-colonial. Israël semble représenter un modèle de ce qui ne se fait plus, et n’est surtout plus à faire en matière de colonialité pour nos représentants.

Notre état de droit est menacé.

Nous apportons notre total soutien au peuple palestinien ; nous continuerons inlassablement notre lutte contre le racisme sous toutes ses formes et contre la répression de la liberté d’expression, notamment lorsqu’il s’agit de soutenir le combat des Palestiniens.

La Coordination nationale de l’UJFP, le 21 avril 2024