Livre de souvenirs à la mémoire de Georges Gumpel

Vous pouvez envoyer vos condoléances ou vos souvenirs à l’adresse contact@ujfp.org.

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Hommage du responsable Cimade de Montpellier à Georges Gumpel

Bonjour,

Je viens d’apprendre le décès de Georges Gumpel. 

Georges né en 1937 était un enfant de Lisieux, caché en Haute Loire dans une famille de paysan. Son père, arrêté à Lyon est mort en déportation au camp de Melk en Autriche. Georges était partie civile au procès de Klaus Barbie.

Georges, était l’un des porte-paroles de l’Union des Juifs Français Pour la Paix, membre de la campagne BDS. Il n’avait de cesse de dénoncer le régime d’apartheid israélien.

Sympathisant actif du Réseau Éducation sans frontières, il dénonçait Dans un « manifeste des enfants cachés » le délit de solidarité imputé à ceux qui en France bravent la loi pour aider les migrants.

C’est avec Georges et Danielle Eldin que nous avions organiser un module de l’Université du CRID à Lyon en 2012 sur la lutte contre l’apartheid.

Ceux qui l’ont connu garderont peut-être comme moi le souvenir de sa jovialité et de son rire tonitruant. Salut Georges !  

Christophe Perrin
Délégué national en région de la Cimade
Languedoc Roussillon (Occitanie

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Avec son fils adoptif et sa compagne

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Son farouche engagement et y compris sa grande gueule vont terriblement nous manquer

Jacqueline

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C’est triste. Il va nous manquer pour la mémoire qu’il portait et diffusait.

Jean-Guy

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Je suis effondré.C’était presque comme un grand frère pour moi. 

Daniel

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Message de Christian Delorme

Décès de Georges Gumpel, survivant de la Shoah
et militant des droits de l’homme

Ce mercredi 21 juin 2023, jour du 80 ème anniversaire de l’arrestation de Jean Moulin, est décédé à Lyon Georges Gumpel, une figure du militantisme en faveur des jeunes migrants africains de la métropole de Lyon, également membre très actif de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP).

Né en 1937 dans une famille juive non-pratiquante, aîné d’une fratrie de trois ( deux sœurs cadettes ), Georges passe ses premières années à Paris. Suite à la remise des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, ses parents décident de se replier sur Lyon, et Georges et les siens arrivent dans cette ville au printemps 1942. Quand, en 1943, la Zone libre est, à son tour, occupée par les Allemands, les parents de Georges confient ce dernier à une institution catholique de Lyon, l’école privée de la paroisse Saint Alban dont le curé était alors l’abbé Laurent Rémillieux, et dont l’un des vicaires était l’abbé Alexandre Glasberg, d’origine juive, qui s’illustra de manière héroïque et efficace dans le secours aux Juifs persécutés. Quelques semaines plus tard, Georges est pris en charge par des métayers de Montfaucon-en-Velay, en Haute-Loire, où il restera jusqu’à la fin de la guerre, tandis que ses deux sœurs sont cachées dans l’Allier. 

Militant socialiste, membre des réseaux proches du Bureau central de renseignements et d’action basé en Angleterre, Alfred Gumpel, le père de Georges, est arrêté en juillet 1944 dans le quartier de Perrache alors qu’il distribue des tracts appelant à la résistance. Incarcéré à la prison Montluc, il fait partie, le 11 août 1944, du dernier convoi vers Auschwitz diligenté par le chef de la Gestapo, Klaus Barbie. Il meurt quelque six mois plus tard, le 10 avril 1945, dans le camp de Melk, en Autriche, camp annexe de celui de Mauthausen. En 1987, Georges se portera partie civile au procès du « boucher de Lyon ». 

A l’issue de la guerre, Georges est confié par sa mère à un orphelinat de Montmorency. Devenu adulte, il retournera en région parisienne, où il exercera notamment le métier de grossiste en fleurs. 

Georges Gumpel, enfant caché et rescapé de la Shoah, gardera jusqu’à son dernier souffle une sensibilité exacerbée en face des situations d’injustice, particulièrement celles touchant des enfants et des jeunes. Durant la Guerre d’Algérie, il s’engage dans le soutien avec le peuple algérien. Quand est créée, en 1994, l’Union Juive Française pour la paix, organisation de Juifs laïcs hostiles à la politique israélienne à l’égard du peuple palestinien, il rejoint cette organisation très singulière dans le paysage juif français, et il en sera, un temps, le porte-parole. En avril 2017, il est, bien entendu, un de premiers signataires du « Manifeste des enfants cachés » lancé par l’UJFP en soutien aux jeunes migrants africains à qui l’Administration française refuse le droit au séjour. Toutes ces dernières années, il sera très présent aux squats de jeunes migrants sub-sahariens de la Métropole de Lyon et dans les collectifs de soutien aux « sans-papier ». 

Christian Delorme

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Un message de Stéphane Salaheddine  Dumouchy

Georges Gumpel, l’auteur et l’initiateur du « Manifeste des enfants cachés » est mort.
Dans ce manifeste on pouvait lire notamment, ces mots saisissants : 
« Sans la solidarité de délinquants nous ne serions pas là ». 
Enfant juif caché par des citoyens français durant la #secondeguerremondiale, il voulait affirmer en 2017, sa solidarité avec ceux et celles qui venaient en aide aux réfugiés et aux Roms.

Stéphane Salaheddine  Dumouchy
Le manifeste : https://blogs.mediapart.fr/olivia-elias/blog/150317/manifeste-des-enfants-caches
L’hommage de l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix) : https://ujfp.org/hommage-de-lujfp-a-georges-gumpel

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Message de Mabrouk Lazreg (Lyon)  

Triste nouvelle 😢💔
il était un ami proche, un frère de lutte. Anticolonialiste de la première heure, il était contre toutes les injustices, défenseur des droits des Palestiniens, solidaire des sans papiers, militant infatigable, Georges Gumpel n’est plus.
Le mouvement de la solidarité avec la Palestine perd un grand Monsieur.
Tu vas nous manquer Georges ! 
Repose en paix camarade
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Mabrouk Lazreg

Message de Abdel Aziz Chaambi

Paix à son âme, on perd un combattant aguerri contre l’injustice et le sionisme et qui était prêt à venir témoigner devant le Conseil d’État pour notre association CRI dissoute par Darmanin.

Abdel Aziz Chaambi

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Message d’Houria Bouteldja

Je suis bouleversée d’apprendre cette nouvelle.
Georges était plus qu’un frère de lutte. Les mots me manquent pour dire mon respect et mon admiration.
Paix à ton âme l’ami. Que la terre te soit légère.

Houria Bouteldja

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Message de Youssef Boussoumah

Chers amis chapeau bas je vous prie, cet homme qui s’en est allé était la bonté même. Notre tristesse est immense !
Je viens d’apprendre que notre camarade et frère Georges Gumpel de l’UJFP (Union juive française pour la paix) nous a quittés.
Je ne sais que dire. Les gens croyez moi si je vous dis que des gens aussi justes, généreux et courageux politiquement que lui y en avait pas beaucoup. Il m’avait raconté ses années d’après guerre, comment tout jeune au sortir de ces années terribles il avait appris ce métier de fleuriste dans lequel il était devenu un des meilleurs. C’était comme s’il avait retourné en bonté, générosité et justesse politique pour toutes nos causes à commencer par la Palestine, l’anti racisme politique, la lutte contre l’islamophobie bien sûr toute la violence de l’horrible antisémitisme de Vichy qui avait décimé ses proches et auquel comme enfant caché il avait échappé par miracle. C’est une chose d’avoir de bonnes positions, voire facile, c’en est une autre de les mettre en pratique et de prendre les risques afférents. Accueil de migrants sans papiers chez lui, participation à la flottille pour Gaza, intervention personnelle dans des cas d’islamophobie, soutien politique à Houria Bouteldja du PIR. Je me souviens de son domicile Lyonnais si soigné, si rutilant où il ne manquait jamais de nous accueillir à chacun de nos déplacements dans cette ville. Je me souviens de ces excellentes quenelles de brochet à la lyonnaise qu’il nous avait faites la dernière fois. La dernière fois que je l’avais vu c’était au congrès de l’UJFP l’an dernier, toujours aussi gai, chaleureux et vanneur en dépit de ses soucis de santé. Je ne savais pas que je ne le reverrai plus. Vraiment c’est une nouvelle trop triste, dégoûtage total. Nous ferons tout pour continuer à être digne de toi cher Georges où que tu sois repose en paix mon frère.

Youssef Boussoumah

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Message de Dominique Natanson

Je voudrais d’abord me souvenir de moments fabuleux vécus avec Georges. Lui et moi avons en effet rédigé en 2017 le Manifeste des enfants cachés.

« Sans la solidarité de délinquants nous ne serions pas là », proclamions-nous. Nous affirmions que des enfants juifs aujourd’hui sont aujourd’hui en vie parce que des citoyens français les ont cachés, qu’il s’agissait d’affirmer notre solidarité avec ceux et celles qui viennent en aide aux exilés et aux Rroms.

Il en était le premier signataire.

Et Georges s’est fait le diffuseur de ce manifeste. Il le présenta sur le Plateau des Glières, lieu hautement symbolique. Cette diffusion a connu son acmé lorsqu’il est allé dans la vallée de la Roya prendre en charge des mineurs étrangers, affichant sur sa voiture une banderole revendiquant sa qualité d’enfant juif caché sous l’Occupation ce qui rendit perplexe les gendarmes du check-point qui contrôlait la vallée.

Il était très écouté parce qu’il parlait avec une rage venue de ses tripes. Il était incontestablement un être écorché vif, depuis l’enfance. Cela se traduisait parfois par une dureté à l’égard de ses propres camarades.

Vers la fin, lors de notre dernière AG par exemple, il était inquiet de la transmission de son message politique et décolonial. Il a eu sans doute le temps de se réjouir de l’apparition du collectif Tsedek, où de plus jeunes reprennent le flambeau.

Il nous aura tous marqué.

Dominique Natanson

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Un message de Palestine vaincra

Chèr·es camarades,

C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons appris le décès de Georges Gumpel, militant infatigable pour la justice et figure incontournable de l’Union Juive Française pour la Paix. Nous avions eu plaisir de le rencontrer lors de notre venue à Lyon en mars 2021 à l’occasion du procès contre la firme pharmaceutique israélienne TEVA. Depuis, il avait toujours eu à notre égard un sens de la solidarité et de la camaraderie sans faille. Par exemple, il nous avait félicité avec beaucoup d’enthousiasme suite à la suspension par le Conseil d’Etat de notre dissolution. Sa disparition est une grande perde pour l’ensemble du mouvement anticolonialiste et antiraciste et nous perdons aujourd’hui un camarade.

Nous vous adressons, chèr·es camarades de l’Union Juive Française pour la Paix, nos condoléances les plus sincères.

Palestine vaincra

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Message de Myriam Bouregba

Mes pensées émues et fraternelles pour Georges Gumpel, un Homme : Mench – Rajoul, un Juste, qui aura laissé sa trace dans l’Histoire de la fraternité.

Paix à son âme. Et sincères condoléances à tous ses proches.

Myriam Bouregba

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Message de Gus

chère Michèle
c’est une triste nouvelle
Georges a été tellement présent et attentif
avec toute mes pensées à l’UJFP
je t’embrasse

Gus

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Message de François Portefaix

Adieu / au revoir Georges. Je t’ai connu à la fin de ta vie. Je ne faisais pas partie de tes intimes. J’ai toujours apprécié ton franc parler, la façon dont tu prenais la parole en public, toujours au cœur du sujet, toujours incisif. Tu n’aimais pas les faux-semblants, qui faisaient monter en toi un rire de basse inimitable. Tu étais bon. Et tu étais un homme de goût. Merci Georges. Toutes mes condoléances à ta famille.

François Portefaix

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Un message de Monira (Saint-Étienne)

2 jours que j’ai appris la nouvelle et que j’essaie d’en dire qq chose, ce ne sera pas l’hommage que j’aurais voulu écrire mais juste qq mots…

Georges Gumpel n’est plus.
Georges était un militant passionné et sincère. Rien ne lui tenait plus à cœur que la justice. C’était impressionnant et inspirant.
Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai souri en lisant l’un de ses mails énergiques, un coup de gueule salutaire, ça faisait du bien… car il mesurait à quel point la parole des non-blancs est déligitimée même dans nos milieux militants, alors il a dû décider qu’il serait toujours plus d’accord avec nous qu’avec les autres.

Georges ne s’est pas contenté des discours, il en a fait un engagement politique au quotidien.
Quand c’était difficile pour moi d’arriver à me faire entendre, il me poussait. Même si j’écrivais ou faisais des trucs moyens, il trouvait toujours ça super. C’était sa façon d’être un soutien, et il a été un soutien sans faille.
Un jour j’ai appris par Imen (qu’il aimait beaucoup) qu’il était malade, alors je suis allée le voir avec Sami chez lui à Lyon. J’appréhendais de le trouver très mal, mais pas du tout, il avait toujours de l’énergie pour râler contre une injustice ou une autre… Puis une autre fois, je l’ai vu alors que j’avais eu un petit conflit avec quelqu’un d’ultra sioniste, il a ri puis m’a appris que c’était quelqu’un de sa famille. Oups… Il a dissipé le malaise en 3 secondes, la justice en Palestine pour lui, c’était avant la famille. Ce jour-là on a bien ri. Et il avait un sacré rire communicatif, presque pire qu’Imen c’est dire.

Il était très fier de son fils adoptif, et m’en a parlé régulièrement. J’espère que ce dernier le sait.
Il disait beaucoup de bien de BDS Sainté, car il aimait notre dynamisme, et il a souvent fait le chemin depuis Lyon pour passer des manifs ici avec nous…
L’une des dernières fois où je l’ai vu, il m’a donné des tracts BDS, le résumé du rapport d’Amnesty sur l’apartheid qu’il avait imprimé puis un livre sur la colonisation de l’Algérie. Je trouve que cela résume bien ses engagements. Je sais qu’il aurait voulu qu’on fasse beaucoup plus sur l’apartheid, il nous en parlait souvent à Mabrouk et moi…
Georges a apporté beaucoup à l’UJFP et à BDS

Je me souviens d’une autre fois où je suis allée le voir. Nous avions convenu que quand il irait mieux je l’emmènerais en haute-Loire, dans le village où il avait grandi, il me raconterait plus en détail son passé d’enfant juif caché pendant le nazisme. Nous n’irons pas

mais qu’importe nous nous retrouverons bien quelque part… au paradis des Justes, inchaAllah

Repose en paix cher camarade.

Monira

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Message de Monique Crinon

Je ne savais pas. ..Je garde de lui le souvenir de son engagement ferme pour défendre les musulmanes chassées de l école publique.  

Il était là,  nous étions si peu.

Une vraie belle personne. 

Monique Crinon

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Message de Michel Ruff

Triste nouvelle ! Dur ! Respect !  Georges m’impressionnait vraiment: il donnait l’impression de n’avoir peur de rien !

Michel Ruff


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Un message de Fabienne Le Jeannic

Je suis moi aussi très touchée par la mort de Georges Gumpel même si je n’ai pas eu la chance de le connaître.

J’ai retrouvé la belle lettre qu’il m’avait envoyé au moment de la sortie des « trente glorieuses » ?

Un »mensh » oui ! 

Bonjour chère Madame
Je suis un ami et camarade de Daniel Lévyne avec qui, je milite depuis de longues années à l’UJFP …
Nos positions politiques, en général, concordent.
Daniel m’a offert votre superbe livre, communiqué vos coordonnées.
Livre lu d’un seul trait, émouvant, décrivant parfaitement cette période dite glorieuse.
Période et descriptions multiples dans lesquelles je me retrouve parfaitement.
À propos de cette sale guerre d’Algérie qui aura été nôtre et mon école politique.
J’ai eu vingt ans en mars 1957, incorporé en plus ou moins à cette époque, je ne m’en souviens plus.
Mon statut était particulier comme pour de nombreux autres jeunes :
J’étais fils de Déporté politique, mort à Mauthausen et, à ce titre, « mort pour la France » statut qui me et nous a exemptés d’aller en Algérie tout en effectuant le même temps de service militaire que tous les jeunes de ma classe, la même durée.
Je suis, ainsi, resté trois ans dans une caserne à Paris.
Classé rouge par les officiers, parfois même, agent du FLN. ! Ce qui n’était pas le cas bien qu’officiellement connu comme opposant à cette sale guerre…
En 1961, libèré, j’ai ouvert avec un jeune homme rencontré à l’armée, une boutique de fleurs artificielles rapidement devenue à la mode et j’ai travaillé pour cette bourgeoisie parisienne que vous décrivez si bien …
Je ne me souviens pas d’avoir eu un ou des clients avenue Kléber !
Mais partout ailleurs dans ces quartiers et au delà, oui !
Souvent beaucoup plus riches que les exploiteurs de votre mère, employant plus de personnel…
À cette époque, je militais auprès d’un petit journal qui était peut être Vérité et Liberté, étais de toutes les rassemblements / manifestations (généralement interdites) pour l’Algérie…
Naturellement, ce tragique 17 octobre  – dont nous n’avons eu connaissance que le lendemain matin- reste à jamais gravé dans ma mémoire …
Le silence criminel du PCF dont nous n’attendions plus rien depuis longtemps !
Le poids du silence qui pesait sur la ville…
Avec les camarades de Vérité et liberté, nous avons fait « une manifestation » quelques jours plus tard.
Le rendez vous était en bas des Champs Elysées, à droite, au pied de la sculpture des chevaux de Marly vers 18 h peut être.
Nous étions moins de 50 et nous n’avons jamais pu déployer notre banderole dans l’avenue même. Nous avons longé le bord du trottoir en tenant notre banderole face à la circulation jusqu’a la hauteur de la station Clemenceau où les CRS nous ont chargés.
Infime protestation qui reflétait exactement ce qu’étaient les forces du mouvement de solidarité d’extreme gauche alors…
La couleur exacte de cette nuit qui tombait sur Paris, la pluie fine, tout cela reste gravé dans ma mémoire comme si c’était hier…
Puis, je suis devenu fleuriste de luxe et j’ai continué à travailler pour cette même grande bourgeoisie. À la mode, je suis arrivé à imposer un certain respect à mon égard. Par exemple je n’ai jamais accepté d’entrer chez ces gens par la porte de service.   De faire mes bouquets à l’office, etc.
C’était cela ou rien.
Ils ne m’ont jamais impressionné, leurs portes tournées, je retrouvais ma liberté, morale et politique.
La Guerre d’Algérie, la trahison du PCF, ma rencontre avec le PCMLF,  m’ont permis de posséder ma propre boussole, de garder le cap jusqu’a aujourd’hui.
Jusqu’a ma rencontre en 2000 avec l’UJFP.
Ma rencontre avec Daniel, avec votre merveilleux livre aujourd’hui…
Merci, merci beaucoup pour ce précieux témoignage.
Avec toute mon amitié
Georges Gumpel
Partie Civile au procès de Klaus Barbie

et la réponse de Fabienne

Bonjour Monsieur Gumpel

Merci beaucoup pour ce mail si chaleureux. Je suis très touchée de savoir qu’après toutes les épreuves que vous avez traversées, vous et votre famille, vous restiez sensible à d’autres histoires douloureuses. Très touchée aussi que vous ayez apprécié mon livre.

Bravo pour votre engagement auprès des Algériens, en particulier, parce qu’il en fallait du courage pour se démarquer de la haine ou de l’indifférence de la plupart des Parisiens ! J’ai entendu parler récemment d’une manifestation quelques jours après le 17 octobre 61 où Jean-Paul Sartre aurait été présent. Est-ce celle où vous étiez aussi  ? 

Enfin je voulais vous dire toute mon admiration pour votre engagement dans l’UJFP, je le dis souvent à Daniel aussi. Votre organisation est la preuve que l’ intelligence et la fraternité/sororité pourront triompher un jour…

Amitiés

Fabienne Le Jeannic

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Message de Clément Dieulot

Georges était un camarade.

Rencontré il y a quinze ans à Lyon dans les réseaux pro palestiniens et de soutien aux sans papiers, c’est au sein du collectif de vigilance 69 contre le fascisme que j’ai fait plus ample connaissance avec lui. Il a été un soutien de toutes les causes de l’époque.

Son appartement était des plus soignés et a hébergé nombre de camarades et de sans papier, c’était le lieu de la générosité et du goût.

Georges ne se laissait impressionner ni par la répression, ni par ses adversaires politiques. Je me rappelle en particulier d’une action pour la Palestine à Gerland où il ne s’était démonté ni devant les sionistes et les stadiers, ni devant l’antisémitisme de supporters lyonnais sur le chemin du retour.

Son courage était admirable au regard de son âge et le lien entre son histoire personnelle et ses engagements nous donnaient aussi de la force dans nos premiers engagements, en nous inscrivant dans une filiation historique.

C’est de cette dignité et de sa détermination que nous devons nous nourrir pour poursuivre nos combats.

La présence de Georges nous manquera. Que la terre lui soit légère.

« Plus sombre sera la nuit… Plus rare seront les roses.

Mais je poursuivrai le cours du chant, même si plus rare seront mes roses. »

« Soyez l’hymne de celui qui n’a pas d’hymne lorsque vous irez dormir ce soir »

(Mahmoud Darwich)

Clément Dieulot

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Message d’Hasna (AURDIP)

Très attristée par la disparition de George Gumpel un grand militant infatigable.

C’une grande perte pour l’ensemble du mouvement anticolonialiste, antiraciste et pour les Droits de l’Homme.

Un Juste parmi les Justes, un Camarade qui aura marqué l’histoire du Mouvement de Solidarité des peuples.

Nous vous adressons, chèr·es camarades de l’Union Juive Française pour la Paix, nos sincères condoléances les plus attristées. 

Paix à son âme.

Hasna

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Message de Catherine Tourier

J’ai rencontré Georges quand il est venu soutenir des sans papiers au tribunal et dans les manifestations de RESF. J’étais alors très active à RESF. Nous avons sympathisé et défendu ensemble Alae Edine, un jeune scolarisé. Nous ne sommes pas parvenu à empêcher son expulsion.
Nous avions en commun d’avoir des parents résistants et rescapés des camps. Un de mes oncles est mort à Auschwitz, déporté politique en 1941. Un autre a survécu à Mauthausen, et mon père est parvenu à s’enfuir lors d’une marche de la mort partie de Dachau. Gorges m’a fait connaître l’UJFP. Et cela m’a rappelé les amis juifs laïcs de mes parents, avec un incroyable humour sur eux même, sur le génocide, des blagues qu’on ne peut plus raconter aujourd’hui, trop féroces.
Il restera dans nos mémoires avec sa pugnacité, son rire incroyable, sa constance à refuser toutes les injustices.Et aussi son amour des belles choses, des plantes.L’amour de la vie, toujours.

Catherine Tourier

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Message d’Érick

Je n’étais que ton Gardien d’immeuble…tu étais comme un père pour moi….Tu nous manques énormément et tu nous manqueras pour toujours . Fais un bon voyage. Bises de nous quatre. Érick et sa petite famille de Croix Paquet. 

Érick

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Message de Pierre Stambul

Il y aurait tant à raconter.

C’était il y a 6 ans.

Cédric Herrou lance un appel pour une opération d’aide aux Migrant.es à Breil-sur-Roya.

Nous sommes 6 de l’UJFP dans 3 voitures venues de Lyon, Millau et Marseille. C’est Georges qui s’est chargé de la décoration des capots de voiture avec d’immenses affiches collées. Sur sa voiture, c’est « véhicule conduit par Georges, fils d’Alfred Gumpel, déporté et mort à Mauthausen … ». Une autre évoque la disparition d’un membre de la famille de Nicole L pendant l’extermination nazie. La mienne parle mon père, membre du groupe Manouchian, revenu de Buchenwald. Toutes les affiches se terminent par : « Non, la solidarité n’est pas un délit ».

Le soir à Nice, réunion dans l’appartement d’un solidaire. Nos camarades italiens nous demandent de faire franchir la frontière à des migrants en voiture depuis Vintimille. Georges pense que ce serait mettre en danger l’UJFP. Finalement tout le monde se rend le lendemain à Breil-sur-Roya.

Nous partons en manifestation, migrant.es et solidaires jusqu’à la gendarmerie. Là, Cédric Herrou fait constater par un huissier le refus de la gendarmerie d’appliquer la loi, à savoir enregistrer les demandes d’asile des adultes et la prise en charge des mineurs.

Un convoi de voitures part pour Nice. A Sospel, il y a un check-point qui ne dépayse pas ceux qui connaissent la Palestine : les véhicules dans lesquels il y a des Noirs sont contrôlés et fouillés. Les affiches écrites par Georges troublent les gendarmes. On passe et on arrive à Nice.

Il est décidé que les adultes partent dans la nature et que les mineurs partent pour Marseille dans deux voitures, celle Georges et la mienne.

Dans sa voiture, deux jeunes garçons, 16 ans peut-être, venus du Darfour et portant sur la poitrine des traces de torture.

Un comité d’accueil de solidaires nous attend à Marseille.

L’épilogue est plus triste. Sur les 6 mineurs venus avec nous de Breil-sur-Roya, deux vont s’enfuir, n’ayant aucune confiance dans les autorités françaises.

Trois vont se voir offrir … de dormir dans la rue avec les centaines de Sans Abris marseillais avec juste une adresse pour avoir de temps en temps une douche ou un repas. Un seul (14 ans peut être) partira (clandestinement) à Paris où il sera reçu par un membre lointain de sa famille. C’est cela la difficulté de la solidarité, ça n’a jamais fait reculer Georges.

Pierre Stambul

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Message de Willy Beauvallet-Haddad

A 86 ans, notre cher Georges Gumpel s’en est allé retrouver les siens, retrouver sa mère et son père, lui-même arrêté à l’été 1944 et mort en déportation, retrouver son épouse, sa chère Madeleine partie il y a plus de 25 ans, d’un cancer déjà, retrouver les nôtres…

Enfant caché pendant la guerre, tout comme ses sœurs, parce que juifs, militant infatigable, il a été de tous les combats contre le colonialisme et l’extrême droite, le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie. Il a été de tous les combats pour la Palestine et pour nos frères et sœurs exilés qu’il a accompagnés chaque jour, chaque week-end jusqu’à ses tous derniers jours.

Dans les années 2000, c’est la cause palestinienne, celle du Liban et celle de la solidarité avec les musulmanes et musulmans de France qui ont structuré notre amitié, avec les autres camarades et amis de cette époque.

Nous étions devenus très proches depuis notre installation à Lyon en 2013-2014. Nous étions devenus de la même famille. Nina et moi sommes particulièrement fiers et heureux que nos enfants, Hady et Nassim, aient pu ainsi le côtoyer, profiter ainsi de ses enseignements, de ses engagements sans hésitation ni concession, du rapport au monde et aux autres que son histoire personnelle avait façonné.

C’était une personnalité vraiment exceptionnelle, l’humanisme et la solidarité incarnés. Il laissera un grand vide dans nos vies. J’ai une pensée toute particulière pour son fils Ibrahim, sa petite fille Caroline, sa fille Magali, ses sœurs Michèle et Claudine, sa nièce Cécile et son neveu David. Une pensée émue aussi pour Diabel et Ibrahim, les derniers de tous ceux qu’il a aidé à grandir, à se former, à s’insérer ici et y affronter les difficultés de la vie. Avec le sourire et la détermination. Jusqu’au bout. Adieu mon Georges (même si tu n’y croyais pas…) et merci pour tout.

Willy Beauvallet-Haddad

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Message d’Hélène Bertrand

J’ai un petit peu « milité » avec Georges qui s’est beaucoup investi auprès des jeunes mineurs (et autres exilés). Un café chez lui, au bistrot d’à côté, des échanges sur un livre de Noiriel (au milieu d’une pile d’ouvrages dont il aimait parler), un rendez-vous chez l’avocat pour la défense d’un jeune… des échanges sur « quelle meilleure défense »… la liste est longue.

Parrain républicain d’Alae-Eddine, il y a longtemps ;  il avait adopté un jeune il y a peu de temps et son appart était ouvert à nombre d’entre-eux…

RESF Lyon n’oubliera pas.

Nous n’oublierons pas le franc parler, les colères, l’hospitalité, l’intégrité, l’engagement de tous les jours de Georges ; et il va nous manquer.

Hélène Bertrand

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Georges Gumpel nous manque

26 juin 2023 Ecrit par La rédaction de la Feuille de chou

Passager du bateau français pour Gaza
http://la-feuille-de-chou.fr/wp-content/photos/georges-gumpel.jpg

Sur la flottille pour Gaza bloquée à Athènes
https://la-feuille-de-chou.fr/archives/25765

Témoignage de Georges Yoram Fédermann suivi d’un texte de Georges Gumpel sur le sauvetage des enfants Gumpel en 1942 et le sort des enfants traqués de nos jours

Strasbourg le 24 juin 23.

Chers tous,

Georges nous a quittés.

Certes, nous sommes tous en chemin vers la mort par la vie, et là où nous en sommes, nous pouvons proclamer « dayenou » (1), en reconnaissance douloureuse du don de la vie.

La mort s’impose à nous, insaisissable, insensible, péremptoire et cynique.

Mais aussi, peut-être, comme la marque puissante d’une intemporalité à laquelle chacun aspire.

Intemporalité de l’amour (de la haine parfois aussi) de la mémoire, de l’espérance et de l’enthousiasme.

Au-delà de la douleur.

Au-delà de la stupeur.

Au-delà de l’isolement et de la solitude dans lesquels nous plonge la confrontation à l’absence de celui qui s’en est allé.

Et cette étrange découverte : celle qui rend omniprésent, à notre cœur et à notre esprit, celui que la mort a emporté.

Que la mémoire se mette à l’ouvrage et préserve l’œuvre de l’absent afin de poursuivre inlassablement l’œuvre collective.

Je me souviendrai de Georges venant m’embrasser à la fin de la projection du Divan du Monde (2) à Mâcon en 2016 et plus tard à Villeurbanne où j’ai retrouvé mes amis locaux de Silence (3), Willy, le Dr Luc Perino (4).

Je me souviens de ce personnage un peu rude et froid, d’une certaine manière aux gestes maladroits et si tendre au cœur. Une sorte d’ours.

Je me souviens de son soutien à mes combats et travaux pour la mémoire de la Shoah (5).

Je me souviens de sa révolte contre toutes les injustices et de son texte saisissant, exemplaire, testamentaire publié par la Feuille de Chou (6) de Jean-Claude Meyer, membre de l’UJFP le 13 novembre 2020 (7).

UJFP dont je fais partie depuis des lustres et qui compte à Strasbourg au moins 4 membres pour 5 factions différentes qui peuvent régulièrement s’opposer. Je dis souvent pour blaguer que la paix au Moyen-Orient se fera avant que l’unité soit retrouvée au sein de l’UJFP.

L’UJFP (à Strasbourg comme ailleurs), c’est comme la famille, on ne la choisit pas.
On la supporte souvent et on y est attaché de manière ambivalente.

Je travaille aussi à la question de l’euthanasie volontaire à laquelle je réfléchis
https://pratiques.fr/Euthanasie-volontaire

Chère famille, chers amis, permettez-moi de m’associer à votre peine et à votre deuil mais aussi de me réjouir, avec vous, d’avoir connu un homme de cette trempe (et probablement difficile à vivre) mais exemplaire dans son incarnation et ses engagements.
Il ne va pas me manquer car il est là, présent dans mon cœur et réchauffant mon âme, inspirant la suite de mes travaux et entretenant espérance et confiance.

Comme nous y invite E Mühsam dans le texte joint.

Fraternellement et solidairement.

En adelphité

Georges Yoram Federmann
Strasbourg
Le 24 juin 23

(1) https://en.wikipedia.org/wiki/Dayenu

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Divan_du_monde
(3) https://www.revuesilence.net/
(4) https://lucperino.com/

(5) http://judaisme.sdv.fr/perso/gyfeder/pahor.htm

(6) https://la-feuille-de-chou.fr/

(7) https://la-feuille-de-chou.fr/archives/25765

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Un texte de Georges Gumpel du 11 novembre 2020, à propos de l’arrestation des quatre jeunes mineurs d’Albertville

Pourquoi écrire cette histoire, ce matin où me taraude l’affaire de ces quatre gosses d’Albertville ? Comme eux, en 1943, nous étions des enfants ; comme eux, nous étions le bien le plus précieux de nos parents. Puissent ces modestes mots, cette réflexion sur notre rôle de témoin, de passeurs de mémoire, participer au réveil des consciences. Par Georges Gumpel, ex-enfant juif caché en 1943/1944. 

A la mémoire de mes parents.

À la mémoire de tous les acteurs de ce récit.

Souvent, des personnes bien intentionnées me demandent pourquoi je n’écris pas mes mémoires.

À chaque fois, je réponds que je n’en ai nulle envie, nul besoin surtout.

Et puis, principalement, que nous sommes au XXIe siècle et qu’il est temps de regarder le présent, de l’analyser, de le comprendre si nous voulons agir.

L’arrestation de ces quatre gosses m’interpelle et nous interpelle toutes et tous à plus d’un titre, est un basculement des valeurs jusqu’ici affirmées, le constat que, depuis ce matin fatidique du 5 novembre dernier, l’enfant n’est plus le capital le plus précieux de l’Homme, ici, en France. Qu’il peut être à nouveau arrêté à l’aube, place en garde à vue, loin de ses parents, accusé «d’apologie du terrorisme et de menaces de mort » rien que ça !

Cette énormité m’autorise à m’exprimer, hors des murs habituels des classes où sont réunis des jeunes élèves (confinement oblige) à m’adresser à un auditoire plus large à travers cet outil moderne que sont les réseaux sociaux. À raconter une bribe de mon histoire pour expliquer ma démarche, participer au réveil des consciences.

Je m’appelle Georges, je suis né le 17 mars 1937 au sein d’une famille juive française qui habitait Paris depuis toujours.

Mes parents auront ensuite deux autres enfants :

Ma soeur Claudine née en mai 1938 puis ma soeur Michèle née en novembre 1939.

Au moment de l’épisode que je souhaite évoquer ici, je venais d’avoir 5 ans, ma soeur Claudine allait avoir bientôt 4 ans, ma soeur Michèle avait moins de deux ans et demi. Le cumul de nos trois âges ne dépassait pas l’âge moyen des gosses d’Albertville.

Seuls nos parents étaient encore habités par l’idée que leurs gosses étaient le capital le plus précieux…

Avis que ne partageaient plus les gens de Vichy ni, l’occupant nazi.

Mes parents étaie toujours légalement domiciliés près de la Porte de Saint-Cloud à Paris, à deux pas de Boulogne où mon père avait passé une partie de sa jeunesse.

Dans la nuit du 3 au 4 mars 1942, les forces aériennes britanniques de la Royal Air Force bombardent en deux raids successifs les usines Renault de l’île Seguin, mises complaisamment par Louis Renault – leur propriétaire – au service de l’occupant pour participer à son effort de guerre contre le bolchevisme.

Les dégâts sont considérables, le nombre de morts et de blessés également.

Les moyens de production sont détruits, les ouvriers sont au chômage.

Rapidement, l’entraide s’organise, des enfants des ouvriers sont envoyés à la campagne par les services sociaux de la ville de Boulogne Billancourt.

Comment mon père a-t-il été informé de ce projet ? par qui ? Nous ne l’avons jamais su…

Toujours est-il, qu’un soir de la fin mars 1942, mes parents confient – sur le quai d’une gare parisienne pour moi restée inconnue – leurs trois gosses, sans aucun bagage – aux accompagnatrices et accompagnateurs du groupe d’enfants en partance a la campagne, au delà de la ligne de démarcation…

Plan minutieusement préparé par mes parents, transmis aux accompagnateurs des enfants et surtout, connu par le conducteur de la locomotive, complice de ce projet.

Celui-ci s’était engagé à arrêter son convoi le lendemain matin lorsqu’il apercevrait un couple sur la voie.

Ce qu’il fit.

Les accompagnatrices nous ont alors descendus du wagon de troisième classe ou nous avions passé la nuit, nous ont confiés au couple qui nous attendait et dont elles avaient le nom. Elles sont remontées ensuite dans le wagon et le train est reparti.

Lily et Ernest, les prénoms du couple, nous ont transportés sur le talus de la voie ferrée, nous ont expliqué qu’il fallait nous taire, ne pas parler, ne pas pleurer, ne faire aucun bruit.

Puis, ils nous ont couchés dans une petite carriole, recouverts d’un sac de jute, de branchages secs, d’herbe fraîche préalablement coupée.

Ils ont emprunté ensuite des chemins de traverse, sont entrés dans une ville, puis dans le jardin d’une maison, devant le perron de laquelle, ils nous ont faits sortir de cet amas de branches et d’herbe fraiche.

Ils nous ont fait entrer dans la maison où un petit déjeuner chaud nous attendait.

La ville était Vichy, la maison la leur.

Nous venions – sans le savoir évidemment – de franchir clandestinement la ligne de démarcation. Nous étions dans cette ville où, à la gare, étaient placardées des affiches où il était écrit : interdit aux juifs.

Lily et Ernest Bernays étaient des amis intimes de ma famille, co-organisateurs de cette épopée.

Ernest sera arrêté avec mon père le 31 juillet 1944 à Lyon où ils participaient tous les deux à une action de la Résistance. Internés tous les deux à la prison de Montluc dans la baraque aux juifs, ils sont déportés dans le Convoi 78, dit Convoi du 11 aout 1944, arrivé à Auschwitz au terme de 12 jours de calvaire.

Ernest est gazé début septembre.

Pourquoi écrire ce matin cette histoire ?

Ce matin où me taraude l’affaire de ces quatre gosses d’Albertville ?

Comme eux, nous étions des enfants, comme eux, nous étions le bien le plus précieux de nos parents, de tous les acteurs de cette histoire qui se sont engagés à nous faire passer clandestinement la ligne de démarcation et ont pris pour nous des risques considérables.

Ce matin où m’apparait plus que jamais l’inanité du discours officiel sur la Mémoire, sur l’usage qui en est fait par les plus hautes autorités politiques de l’État et leurs servants, jusqu’à oser à nouveau arrêter des enfants sortis brusquement de leurs lits, au petit matin, au prétexte énorme qu’ils auraient fait l’apologie du terrorisme et proféré des menaces de mort !

Nous croyons rêver, mais non ! Nous sommes bien au « pays des droits de l’Homme » tant chantés par nos hommes politiques – tous bords confondus – au pays où, il y a quelques jours encore pensions nous, l’enfant était toujours le capital le plus précieux de l’humanité.

Naturellement nous avions des doutes, de nombreux signes nous alertaient :

Le refoulement illégal à nos frontières italiennes des mineurs noirs non accompagnés, les noyades assumées par l’Europe en Méditerranée orientale des migrants venus de l’Afrique sub-saharienne principalement et leurs enfants, les enfermements massifs des demandeurs d’asile – enfants compris – dans les camps de concentration éparpillés sur les îles grecques…

Enfin, les nombreux bidonvilles aux portes de Paris où s’entassent des milliers de personnes, enfants inclus.

Mais nous rêvions néanmoins.

Se pose alors la question de notre rôle de témoin, le sens de nos dépositions, l’usage qui en est fait pour masquer les crimes actuels à nouveau perpétrés à l’encontre des enfants.

Ces jeunes d’un collège de Mantes contraints par la police de rester agenouillés des heures durant dans la cour de leur établissement scolaire hier, les arrestations des 4 gamins d’Albertville aujourd’hui, tous signe d’une barbarie à venir.

Se pose alors pour nous, pour moi, la question de notre place – aujourd’hui – face à ce scandale ; ce que signifie mon devoir de reconnaissance infinie à toutes les personnes anonymes qui ont participé, en connaissance de cause, à cet exploit. La meilleure façon de les honorer.

Mais après cet épisode insoutenable, est-ce suffisant ?

Ne faut-il pas franchir une étape nouvelle si nous ne voulons pas que cette affaire devienne un lieu commun ?

Je ne possède pas de recette magique. Mais je sais à travers ma propre histoire ce que signifient le mot conscience, les mot refus de l’insoutenable, le mot dignité.

Ces mots qui ont sens pour beaucoup d’entre nous dans la société civile aujourd’hui.

Tel est l’objet de mes propos, le sens de ce récit / témoignage pour, à travers lui, dénoncer l’inacceptable.

Puissent ces modestes mots participer au réveil des consciences.

Georges Gumpel
Enfant juif caché en 1943/ 1944,
Fils de Déporté, «  mort pour la France » le 11 avril 1945 à Melk, camp annexe de Mauthausen en Autriche.
Partie civile au procès de Klaus Barbie.
Membre de l’UJFP.
 

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Message de Perrine

Nous pleurons tous-tes ce grand Monsieur qui a traversé les années en lutteur infatigable pour les sans voix, pour la justice et pour un monde meilleur débarrassé des horreurs du fascisme, du racisme et de l’exploitation.  Je ne l’ai pas rencontré très souvent, mais sa voix, ses interventions me manquent !

Nous continuerons son combat !

Perrine

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Message du Collectif 69 de soutien au peuple palestinien

Georges s’en est allé

Georges Gumpel l’infatigable combattant nous a quitté.

Il y a quelques jours, nous étions à la conférence de Salah Hamouri et de Jean Claude Samouiller à la Bourse du travail de Lyon. Nous savions qu’il avait l’intention ferme d’en être, une nouvelle fois. D’être encore et toujours présent dans le combat. Nous avons pu esquisser ce soir-là ce que fût cette personnalité marquante de la vie lyonnaise. Mais, bien sûr, une soirée n’y aurait certainement pas suffit. Que de souvenirs de manifs, de rassemblements, de réunions, de conférences, de débats.

Ecorché vif, l’homme ne « lâchait rien ». Parfois il nous secouait, nous engueulait, car  nous savions l’homme entier. Mais l’émotion affleurait toujours face aux dénis de justice de ce Monde. Le sort des réfugiés entrait en résonance avec le petit Georges « enfant caché » et bien sûr, combat d’une vie, le sort inique réservé au peuple palestinien.

Notre ami ne supportait pas une seule seconde que les crimes commis ne se fasse, manipulation insupportable, au nom des juifs. « Pas en notre nom » était l’étendard de ce membre fondateur de « l’Union Juive Française pour la Paix ». La parole de Georges était précieuse. A l’instar de ses amis anticolonialistes israéliens, elle permis de déconstruire l’équation du discours pro israélien en France. Non, tous les juifs du Monde ne sont pas porte-parole de l’Apartheid israélien, parfois ils se revendiquent même juifs antisionistes.

En cela Georges aura combattu l’antisémitisme mille fois plus surement que les prétentieux affidés de l’Etat d’Israël. Le Georges Gumpel, partie civile au procès du bourreau Barbie, nous rappelait toujours l’imprescriptibilité des crimes contre l’Humanité commis en Palestine occupée. Tous les mots chargés d’histoire avaient une résonance toute particulière pour notre camarade.

Nous n’oublierons pas ces engagements mais nous n’oublierons pas non plus les éclats de rire tonitruants, ces moments de convivialité et de repas partagés avec tel conférencier ou militant de passage. Je n’oublierai pas, cher Georges, cette journée, à la Maison d’Izieu, ou tu te fit guide pour mes filles, qui avaient alors dix ans. Une journée marquante avec le passeur de mémoire, grand père d’un jour.

Adieu l’ami, adieu camarade.

Jérôme FAYNEL

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Message du Secrétaire de la cellule « Marcel Bertone » du PCF de la Croix-Rousse 

Je viens d’apprendre seulement aujourd’hui le décès de Georges Gumpel.

Je le croisais depuis bien longtemps lors des manifestations pour le peuple palestinien mais c’est lors d’une cérémonie à la mémoire de Lucien Sportisse que nous fîmes connaissance véritablement.

J’y représentais alors la cellule « Marcel Bertone » du Parti Communiste Français. Nous avions alors longuement échangé au sujet de Lucien Sportisse et d’un autre résistant des FTP-MOI assassiné, proche de Sportisse et membre de ma famille, Joseph Boukobza.

Depuis, étant quasiment voisins nous nous croisions et échangions fréquemment au retour du marché. 

Je veux aujourd’hui m’incliner devant un Homme dont la culture et le sens de l’humanité paraissaient insondables tant ils étaient profonds. Je tiens également à m’exprimer au nom des communistes de la Croix-Rousse qui souhaitent rendre hommage à un combattant infatigable pour la justice et pour la paix, un farouche anticolonialiste. Sa disparition laisse un vide encore difficilement appréciable pour tous les militants qui poursuivront son combat.

Fraternellement,

Frédéric CHICH

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Message de Gilles Vinçon (Grenoble)

J’apprends avec tristesse le décès de notre ami Georges, infatigable défenseur de la cause palestinienne. Les Palestiniens étaient, en quelque sorte, sa famille ! 

C’était un homme au grand cœur, généreux et accueillant aussi pour les migrants en détresse.

Bien amicalement

Gilles Vinçon

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Message de Réseau Education Sans Frontières 69 (RESF 69)

Nous nous souviendrons du verbe haut et fort de Georges Gumpel !
Depuis la création de RESF à Lyon, Georges Gumpel a été partie prenante de nos combats. La chasse aux sans-papiers, la mise en rétention d’enfants étrangers, les poursuites contre les militants et personnes solidaires, tout cela réveillait en lui son passé d’enfant juif caché. Ses interventions commençaient le plus souvent par « J’ai été un enfant caché ». Nous le rencontrions donc dans beaucoup de nos manifestations, devant les tribunaux, dans les réunions publiques. Il avait été spécialement actif avec l’UJFP dans les actions de soutien à Cedric Herrou et à Pierre Alain Mannoni. Sa présence, devenue si habituelle, va nous manquer.
Dans les premiers temps de notre Collectif Jeunes, Georges a été le parrain d’Alae-Eddine dont nous n’avons malheureusement pas pu empêcher l’expulsion au Maroc. Ensuite, il a hébergé et aidé d’autres jeunes et, il n’y a pas si longtemps, on pouvait encore le croiser au Consulat du Mali où il tentait de débrouiller des problèmes d’état civil ou de carte consulaire.
Pour Georges Gumpel, l’Histoire n’était pas une affaire de commémoration. Il avait horreur de l’hypocrisie des représentants de l’État ou de la société civile qui, aujourd’hui, se rendent eux-mêmes coupables, ou couvrent, des discriminations et persécutions dans la droite ligne de celles d’autrefois contre lesquelles ils font semblant de s’indigner dans leurs cérémonies. Il le faisait savoir, et il ne mâchait pas ses mots. Pour lui, l’Histoire devait servir à éclairer le présent et il avait, à raison, la profonde conviction que la xénophobie de l’État français, à l’œuvre sous le régime de Vichy comme dans les périodes de la colonisation, est encore là aujourd’hui, au coeur de la politique anti-immigrés de nos gouvernements, et par-delà la couleur politique qu’ils déclarent.
Georges appuyait ses convictions sur une connaissance profonde de l’histoire et de la vie politiques. Nous le remercions d’avoir tissé et révélé les liens entre passé et présent, et de nous ainsi mieux fait comprendre la nature de la menace qui pèse toujours sur notre avenir et sur celui des peuples du monde. À nous et aux jeunes générations la responsabilité de garder en lumière les leçons que Georges a tirées de l’Histoire et de son histoire, pour renforcer nos combats !
Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille et à ses proches, à l’UJPP notamment.

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Message d’Odile et Dominique

Tu nous manques déjà Georges, ton Vécu nous imposait le respect, on t’appelait régulièrement, ton avis nous était précieux, ton humanisme exemplaire, repose en Paix

Odile et Dominique

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Georges et sa fille Magali

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Un message de Fabien

À la famille et aux proches de Georges, je voudrais apporter tout mon soutien et exprimer l’intensité de ma peine. Le décès de Georges m’a énormément ému. Pendant des années, Georges a été le partenaire précieux, et souvent l’instigateur, de rencontres en librairie qui, sans son énergie et sa détermination, n’auraient pas eu lieu.

Récemment, j’ai encore eu le plaisir de le croiser sur un rassemblement, tout sourire. Par son exemple, son parcours, sa détermination, sa résilience, il a été et restera pour moi un modèle.

Toutes mes sincères condoléances

Fabien – Librairie Terre des livres

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Message d’Aïcha

Nous étions une poignée de collègues qui voulions traiter de la résistance quand l’Education nationale avait sollicité les enseignants dans le cadre de la journée dédiée à Guy Moquet. C’est ainsi que nous fîmes la connaissance de Georges. Il avait été invité par des collègues intervenant dans le cadre de RESF. Nos étudiants ont été attentifs et respectueux lorsque Georges prit la parole. Ils se sont vite attachés à ce grand Monsieur et ont souhaité le revoir après cette journée. Nous avions organisé alors, un voyage pédagogique au camp du Struthof et Georges avait eu la gentillesse de nous accompagner. Tous, élèves et enseignants, avaient  apprécié sa sagesse et sa gentillesse. Nous ne l’oublierons pas.

Aïcha Sarron

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Un message de Pierrette Thisse

Je ne puis demain assister aux obsèques de Georges et j’en suis désolée. Nous nous sommes connus lors de la création à Lyon de RESF. Il s’ est tout de suite dirigé vers les JEUNES MAJEURS, moi vers les FAMILLES du 7 et 8ème car ancien prof j’ai appris à lire et à écrire à des enfants de migrants qui entraient en 6ème. Notre combat était le même sous la pluie d’OQTF . Georges était la mesure, la discrétion, l’engagement, nous nous sommes rencontrés souvent lors de manifs pour nos « sans-papiers ». Il m’avait raconté son enfance, moi j’avais eu la chance de voir mon père « débarqué comme un paquet » sur un quai de gare lorsque j’avais 5 ans, car mes parents et mon grand-père étaient résistants.

Nous perdons un homme et un profond militant de grande valeur, aussi je présente à sa famille et à ses amis, mes bien sincères condoléances.

Pierrette